Une quête d'affection

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J'ouvre les yeux et regarde autour de moi. Je constate que je suis dans le lit que je partage avec mon époux, mais que ce dernier n'est pas là. Il serait déjà debout ? Je tente de me redresser, mais je sens des mains se poser sur mes épaules pour m'en empêcher et la douce voix d'Aurélie me recommander :

- Restez tranquille, madame. Il ne faut surtout pas vous agiter.

Elle touche ensuite mon front et déclare en souriant :

- On dirait bien que vous êtes sortie d'affaire, mais il vous faudra garder le lit pendant encore quelques heures, au moins, afin d'être totalement rétablie.

- Que s'est-il passé ? lui demandé-je. Où est Mathieu ?

- Vous êtes tombée dans l'inconscience pendant le trajet du retour à cause de la fatigue et de la maladie. Monsieur le duc voulait rester à vos côtés jusqu'à votre rétablissement, mais je l'ai convaincu d'aller passer la nuit dans une autre chambre.

- Je vous remercie d'avoir raisonné mon époux, Aurélie.

- C'est vous que je dois raisonner, maintenant. Il ne faut pas vous surmener de la sorte, votre corps ne le supporte pas ! Je comprends votre volonté d'aider ces villageois, mais il ne faut pas mettre votre santé en danger. Je ne dis pas que vous devez cesser de les aider, seulement que vous devez vous ménager un peu.

- C'est vrai que je n'ai pas été raisonnable avec moi-même, admetté-je. Je vous promets de faire plus attention à l'avenir.

La vieille femme approuve mes dires d'un hochement de tête, puis se dirige vers un plateau, sur lequel repose une tasse de thé, qu'elle m'apporte en disant :

- Il faut la boire tant qu'elle est encore chaude.

Je m'empare du récipient et avale quelques gorgées du liquide, qui réchauffe tout mon corps en descendant dans ma gorge.

- Est-ce qu'elle vous fait du bien ? s'enquiert la dévouée servante.

Je réponds par un hochement de tête accompagné d'un sourire.

- Tant mieux, déclare-t-elle. Bon, maintenant que vous êtes réveillée, je vais vous laisser un instant pour préparer le petit-déjeuner.

Sur ces mots, elle tourne les talons et fais quelques pas en direction de la porte, avant que je ne l'interrompts :

- Aurélie !

- Oui ? demande-t-elle en se retournant.

- Il y a une question que je veux vous poser depuis un petit moment déjà. Elle concerne le duc de Westforest. J'ai remarqué qu'il a parfois une attitude qui ne convient pas à son rang et à son âge. Il lui arrive en effet de se comporter comme. . . comme un enfant à la recherche d'affection. . .

- C'est tout simplement parce qu'il en a longtemps manqué. . .

- Comment cela ?

- Il y a vingt ans, la reine Marianne a donné naissance à son second fils, qu'elle a nommé Mathieu. Hélas, cet heureux événement lui a coûté la vie. Le petit prince a grandi entouré de courtisans et de courtisanes qui ne le fréquentaient que par intérêt. Le souverain du royaume, quant à lui, était si pris par ses devoirs politiques qu'il n'accordait pas de temps à son fils. Hormis ce dernier, le jeune garçon n'avait qu'une seule famille : son grand frère Éric. Malheureusement pour lui, l'héritier du trône ne pensait qu'à se surpasser dans toutes les disciplines dans le but de devenir le plus grand des rois. Il se sentait donc bien seul, malgré les centaines d'habitants que comptait le palais. La seule affection à laquelle il avait droit était la mienne et je lui en procurais autant que je le pouvais, mais c'était compliqué : les convenances interdisent une familiarité étroite entre un prince et une simple servante. Si j'avais été surprise en train d'enfreindre l'étiquette, j'aurais été punie, voir même virée et je ne voulais surtout pas être séparée de ce malheureux enfant. Ce dernier a donc grandi dans la solitude. Voilà pourquoi, maintenant, il recherche à tout prix l'affection dont il a tant manqué !

Je sens mon coeur se serrer pour mon époux. Pauvre Mathieu ! Je comprends mieux son attitude à présent : il veut juste qu'on lui offre la tendresse et la douceur qu'il n'a presque jamais connu et j'ai bien l'intention de lui donner toutes les miennes.

C'est la réflexion que je me fais lorsque la porte en bois de la chambre s'ouvre à la volée dans un bruit fracassant, nous faisant sursauter !

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