Un nouveau frère

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Nous arrêtons nos montures et Robert déclare :

- Tous les environs m'ont l'air sûr. Nous n'avons rien trouvé qui puisse indiquer la présence d'un danger imminent. Rentrons.

Nous faisons demi-tour et chevauchons tranquillement dans la forêt, en direction du château, lorsque je demande au brun qui nous suit :

- Dis-nous, Fidel. Est-ce que tu es capable d'entrer dans un endroit et de te déplacer dans le noir sans te faire repérer ?

- Et bien, je pourrais le faire, oui, mais pourquoi cette question ?

- C'est parfait ! s'exclame Robert. Tu es l'homme qui nous manquait.

- Comment ça ?

- Voilà longtemps que nous préparons un plan qui nous permettrait de vivre la belle vie sans plus dépendre de personne, mais il nous manquait quelqu'un et on dirait bien que nous l'avons trouvé en toi, lui expliqué-je.

- Quel est ce plan ? nous demande-t-il.

- C'est simple : nous allons enlever la duchesse et exiger une rançon à son époux en échange de sa libération. La somme que nous gagnerons nous permettra de couler des jours heureux et paisibles pendant de longues années.

- Tu auras ta part du butin si tu nous aides, bien entendu, lui prometté-je.

- Tout ce que tu auras à faire est de rentrer dans leur chambre et de l'enlever pendant son sommeil.

- Nous te fournirons le matériel nécessaire, notamment de quoi droguer la dame afin qu'elle ne se réveille pas quand tu la prendras dans tes bras.

- Ensuite, nous filerons d'ici et nous cacherons en attendant de recevoir la rançon, puis, une fois l'argent en poche, nous nous installerons dans un endroit où ils ne pourront jamais nous retrouver.

- Nous avons tout prévu, tu n'auras qu'à suivre le plan et tout se passera bien, lui assuré-je.

- Pourquoi faîtes-vous cela ? N'êtes-vous pas bien traités par vos maîtres ?

- Voilà le souci ! lui crié-je. Nous sommes bien traités, mais privés de notre liberté ! Pourquoi devrions-nous avoir des "maîtres" ? Pourquoi devrions-nous leur obéir seulement parce qu'ils sont mieux nés que nous ? ! C'est injuste, tu ne trouves pas ?

- Ce que je trouve injuste, c'est votre comportement. Ils vous logent, vous nourrissent et vous font confiance et vous êtes prêts à les trahir alors que la duchesse était prête à mourir au combat pour vous protéger ? Je ne comprends, ni n'approuve vos agissements et leurs raisons.

- Si je comprends bien, intervient Robert d'une voix froide, tu veux leur rester loyal. . .

- Oui.

- Tu es conscient que nous serons obligés de te tuer maintenant afin d'éviter que tu ne nous dénonces et que personne ne se doutera de rien, puisque comme tu l'as dit, le duc et la duchesse nous font totalement confiance. Nous ferons passer ta mort pour un accident.

- J'ai bien conscience que mes chances de réussite sont minces car vous êtes plus doués au combat que moi, mais je ne me laisserai pas faire aussi facilement. Je vais faire tout mon possible pour survivre afin d'empêcher votre plan de se réaliser !

Je ris :

- Ha ha ha ! Fort bien, mais explique-moi : pourquoi tiens-tu tant à protéger ceux qui ont massacré tes camarades ?

- Tout d'abord, je ne leur en veux pas car je sais qu'ils n'ont fait que se défendre face à nous. Ensuite, ils m'ont donné une seconde chance. Ils auraient pu m'exécuter dans d'atroces souffrances pour se venger, me punir et donner l'exemple aux autres, mais ils m'ont compris et pardonné. Ils croient en ma bonne volonté. Ils m'offrent l'occasion dont je rêvais toute ma vie, mais que personne n'a voulu m'accorder : celle de mener une existence honnête et heureuse. Je ne la laisserai m'échapper et, surtout, je suis tout sauf un traître ! Quand je jure allégeance à quelqu'un, c'est jusqu'à la mort !

Pendant qu'il déclame ces mots, des larmes perlent au coin de son oeil visible. Nous observons ce jeune homme avec admiration, puis laissons tomber nos mines mençantes pour lui sourire chaleureusement. L'étonnement se lit sur son visage, pendant que j'éclate de rire :

- Ha ha ha ! Bien dit, mon vieux ! Fais pas cette tête ! Tu ne croyais tout de même pas qu'on avait l'intention de trahir nos maîtres adorés. . .

- Nous voulions tester la loyauté et ta détermination et tu as réussi cette épreuve haut la main, le félicite Robert.

- Tu fais officiellement partie de la famille, maintenant, ajouté-je en passant mon bras autour de ses épaules pour le serrer fraternellement contre moi.

- La famille ? nous demande-t-il avec étonnement.

- Oui, ça peut sembler étrange dit comme ça, mais nous considérons plus le duc comme un frère que comme un maître. Il veille sur nous comme le ferait notre aîné. Tu verras, tu vas te plaire avec nous.

- Si je comprends bien, vous êtes en train de me dire que je suis comme un frère, à vos yeux ?

- Oui, mais toi, en revanche, tu es le benjamin, comme tu es le dernier à être entré dans la famille, lui lancé-je sur un ton taquin. En plus, tu m'as l'air plus jeune que nous.

- Est-ce que je peux te poser une question, Fidel ? l'interroge Robert sur un ton plus sérieux.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Pardonne ma curiosité, mais. . . Pourquoi caches-tu ton oeil gauche de la sorte ? Ce ne doit pas être pratique, pour voir.

- C'est un choix personnel. J'aime mieux ne pas en parler, si ça ne vous dérange pas, dit-il en tirant sur ses cheveux comme pour mieux cacher son oeil.

- Comme tu veux, lui répond simplement mon frangin. Bon, nous devons vraiment rentrer, maintenant.

- En route ! m'exclamé-je en lançant mon cheval au galop, bientôt imité par Robert et Fidel, notre nouveau frère.

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