L'annonce officielle

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Je sors des cuisines, le plateau contenant le petit déjeuner entre mes mains, en compagnie de ma mère, qui porte quant à elle les assiettes, verres et couverts, qui orneront la table. C'est en arrivant devant l'entrée du donjon que nous croisons les jumeaux, suivis par Fidel. Je les salue aussitôt :

- Bonjour !

- Bonjour ! me répondent-ils en choeur.

- Bonjour, les garçons, leur adresse à son tour ma génitrice. Comment allez-vous ?

- Bien et vous ? s'enquiert Robin.

- Comme tu le vois, nous sommes encore en pleine forme ! Allons, reprenons notre travail, ajoute-t-elle en s'adressant à moi. Le repas ne va pas se servir tout seul.

- Oui, mère.

- Laisse-moi t'aider à porter ce plateau, intervient Robert en tendant les bras vers l'objet en question.

- C'est gentil, mais je peux parfaitement le faire moi-même, rétorqué-je en reculant d'un pas afin de l'empêcher de s'en emparer.

- Allons, laisse-le se rendre utile, tente de me persuader Robin. Si tu lui refuses ce plaisir, il va penser que tu ne l'aimes pas en retour, le pauvre. . . affirme-t-il avec un sourire taquin.

Son jumeau rougit, mais ne rétorque rien, contrairement à ce qu'il faisait avant.

- Rassure-toi, Robin, il sait parfaitement que je l'aime, sans quoi je n'aurais jamais accepté de me plier à la tradition, hier. . . déclaré-je sur un ton mystérieux en m'engageant dans le donjon.

- Attends. . . Est-ce qu'elle vient d'affirmer que tes sentiments pour elle sont réciproques ? s'étonne le jeune rouquin avec des yeux ronds. Et qu'est-ce qu'il s'est passé hier ?

- Oh, oui, j'aimerai bien le savoir. . . dit ma mère en fronçant les sourcils, tout en m'emboîtant le pas.

Je monte l'escalier en bois et entre dans la salle à manger, où je pose le plateau sur la table. La vieille femme à la robe bleue décharge son fardeau à côté du mien, avant d'insister :

- Alors, Calista ? Que s'est-il passé hier ? Tu n'oserais tout de même pas cacher quelque chose à ta mère. . .

Ses sourcils froncés s'affaissent sous l'inquiétude. Je la rassure donc :

- Bien sûr que non, mère !

Je me dirige vers Robert et me met sur la pointe des pieds pour reproduire l'acte auquel nous nous sommes adonnés sous le gui. La mâchoire de notre archer s'ouvre en grand sous l'effet de la surprise, tandis que ma mère met sa main devant sa bouche. Notre nouveau compagnon, quant à lui, se contente d'écarquiller son oeil visible.

Ce n'est que lorsque nous nous séparons que le visage de Robin s'illumine d'un large sourire. Il se précipite en direction de son frère pour lui administrer une chaleureuse tape dans le dos en le félicitant :

- Bien joué, frangin ! Je suis tellement content pour vous !

Il éclate de rire. L'épéiste se contente de sourire et passe un bras autour de ses épaules en lui disant avec une voix affectueuse :

- Merci, Robin.

Il ne voit pas arriver ma mère, qui marche à grands pas vers lui, puis l'attrape soudainement par l'oreille pour le tirer vers elle en le menaçant :

- Écoute-moi bien, petit chenapan : tu as intérêt à prendre bien soin de ma fille ! Si jamais elle se plaint ne serait-ce qu'une seule fois de toi, tu apprendras à tes dépends que les casseroles ont une autre utilité que la cuisine ! Est-ce bien clair ? !

- Aïe ! Oui, je te le promets, Aurélie, mais lâche-moi, s'il te plait, tu me fais mal !

Elle défait aussitôt son emprise sur l'oreille du pauvre Robert, qui est devenue toute rouge. Elle passe ensuite un bras autour de chacun de nous deux pour nous attirer contre elle en déclarant avec un doux sourire :

- Je vous souhaite tout le bonheur du monde !

- Merci, mère, dis-je en lui rendant son étreinte.

- Nous te le souhaitons aussi, affirme mon bien-aimé.

- Qu'est-ce que c'est que tout ce rafut ? demande le duc en entrant dans la salle à manger en compagnie de son épouse.

Ils nous fixent tous deux avec étonnement. C'est alors que Fidel, qui n'a plus prononcé un mot depuis que nous nous sommes salués il y a quelques minutes, annonce tranquillement :

- Robert et Calista s'aiment. Je crois qu'ils sont officiellement ensemble, maintenant.

- Quelle merveilleuse nouvelle ! s'exclame la duchesse en joignant les mains, tandis que son visage arbore une expression radieuse.

- Est-ce que c'est vrai ? s'assure le jeune homme à la chevelure châtain clair en posant ses yeux violets sur les concernés que nous sommes.

J'échange un regard avec le jeune roux, puis confirme :

- C'est bien vrai, mon frère.

Un sourire se dessine aussitôt sur son visage et il marche vers nous pour poser ses mains sur nos épaules en disant :

- Félicitations à vous deux !

- Merci ! lui répondons-nous en choeur.

- Je propose qu'on trinque à leur honneur ! s'écrie Robin.

- Nous n'avons même pas encore mangé ! rétorque ma mère.

- Nous allons justement nous ouvrir l'appétit avec un bon verre, insiste-t-il en s'élançant vers la porte pour aller chercher de quoi trinquer.

- Attention ! s'exclame la duchesse en tendant sa main vers lui pour tenter de l'arrêter.

C'est hélas déjà trop tard : le jeune archer ne regarde pas devant lui, il bouscule donc par mégarde Fidel, qui tombe à la renverse.

- Oh, désolé, mon vieux ! s'excuse-t-il en lui offrant son aide pour le relever. Tu ne t'es pas fait mal, au moins ?

Il se fige lorsque le brun ouvre ses yeux. Oui, cette fois, je suis capable d'affirmer que ses deux yeux s'ouvrent car les cheveux qui couvraient son oeil gauche jusque là se sont relevés durant sa chute, laissant voir un iris rouge. . .

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