Journal de mission
Journal de Mission – 2189
— Daphné..., tu as la prévision météo du jour ?
Si tu pouvais me faire voir toutes les stats,
ce serait super !
Laurence voulait de suite se mettre au travail,
il me regardait en biais pour voir si je réagissais.
— Tiens, voilà ! Je t’ai mis les recommandations horodatées avec...
— Sérieux... ! Il pleuvra pas aujourd’hui !
— Laure... ce que tu vois, qu’il ne pleuvra pas, ça se passe toujours autrement. Bon,
on connaît les stats. Le robot est disponible ?
— Oui Mahdi, les batteries sont pleines, il est à l’extérieur.
Je l’allume... voilà, caméras opérationnelles !
— Ok, prenons de l’altitude et allons en capturer...
Laurence s’exécute et parvient à manœuvrer le drone assez haut dans la stratosphère
pour saisir, à différentes altitudes, de la vapeur ainsi qu’une quantité d’air nécessaire.
— Voilà, qu’il pleuve ou pas, c’est réglé !
Ramène tout ça au labo, on épluchera.
Daphné sourit à Mahdi, ils avaient déjà travaillé ensemble dans le passé, sur Mars.
Les scientifiques présents en ce moment là-bas sont ses collègues du Minnesota.
Laurence récupère les échantillons et se met au travail.
Pour la vapeur, il en extrait l’eau en la refroidissant ; pour l’air, il en extrait le dioxyde de carbone en utilisant des amines.
— Mahdi, viens voir, c’est fait. Faudrait pouvoir les séquencer et les passer au grill.
— Bien, je vois, merci. Daphné..., tu m’aides ?
— Tu sais bien que oui, allez...
Ils font les échantillonnages et les mettent dans le microscope à impulsion laser :
— Voilà les résultats.
Daphné n’a pas pu s’empêcher d’y jeter un coup d’œil avant de les tendre à Mahdi,
inquiète, éprise d’un sentiment évasif lui procurant un vertige, caressant la chaleur de ses oreilles.
— Alors :
0,5 % atmosphère
8 heures d’exposition
0,4 % stratosphère
10 heures d’exposition
— On sait que 1 %, c’est mortel. À 0,5, avec le pourcentage de l’auto-alimentation, il reste 10 ans...
Le silence se regardait dans leur stupeur...
— Dix... On a pris dix ans !!!
— Tu veux dire : ...il nous reste !
— Putain, de bordel de merde...
Mahdi compulsait, il envoya valser les documents
qui commencèrent à flotter, puis comme des planeurs entamèrent leur descente.
La nuit intense éclaira les doutes dans leur sommeil :
comment, dans un tel désespoir, pouvaient-ils trouver le sommeil réparateur ?
Comment la nature ne pouvait-elle pas s’endormir et se réparer...
Laurence, ce soir-là, s’était recroquevillé pour dormir,
son état d’analyse lui procurait des spasmes, incapable de les contrôler.
Daphné, elle... ne se facilitait pas le repos, elle travaillait la nuit pour éteindre toute anxiété.
— 2189, Journal personnel
Les résultats sont pas engageants, j’ai même failli péter un plomb...
À première vue, on s’embarque sur un désert de CO₂...
J’ai jamais compris pourquoi on dit "un désert de sable" alors qu’il n’y a que ça, du sable, dans le désert !
Pour l’instant on voit les combinaisons s’accentuer.
Par chance, Daphné et Laurence sont mes meilleurs atouts.
Je devrais pouvoir simuler un espace d’expérimentation,
ça apportera plus de réalisme et de possibilités d’exposition des scénarios.
Les ressources épuisent l’atmosphère,
il faudrait commencer par diminuer l’auto-alimentation.
Puis miser sur l’oxygénation par différentes voies.
J’hallucine...
Faudrait mettre en place le parasol.
Il faut réduire la température, et balancer dans l’atmosphère du dioxyde de soufre...
...pour ne pas souffrir de la chaleur.
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