Chapitre 9

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Aujourd’hui,

Lilly,

Le café est magnifique. La décoration est dans un style jungle, chaque place se trouve dans un coin reculé, offrant de l'intimité à chaque table. Des petits arbres, des séparations en bois ornés de fleurs rouges, roses et violette se confondent avec le bar où se trouve un homme d’une quarantaine d’année qui semble aussi gros que l’arbre central. Une partie chauffée est réservée aux oiseaux en libertés, ainsi qu’aux insectes, que j’affectionne bien moins. Des grains de cafés trainent un peu partout. Je pense qu’il doit y avoir un petit cours d’eau, car j’entends un petit clapotis lointain.

Peter me guide jusqu’au fond de la salle où se trouve une toute petite table pour deux. Un bougeoir en bambou se trouve au centre de la table. La bougie n’est pas allumée car le soleil remplie cette partie de la pièce. En levant le ciel, je remarque que le plafond est également orné. L’arbre central est presque centenaire, et dévoile ses branches aux énormes feuilles protégeant de la pluie. Ses merveilleuses branches s’étalent sur l’ensemble du plafond, mais débouchent surtout sur la cour intérieure pour s’y épanouir.

Ce lieu réserve un millions de surprises, car je décèle entre ses différentes feuilles, des décorations. Un bateau semble naviguer sur le tronc de l’arbre, des photos jaunissantes tombent depuis des lianes de couleurs, comme celle que l’on retrouve sur les sites d’alpinisme.

Des banquettes sont placées contre les murs et des chaises fabriquées à partir d’ébènes blancs sont installés en face. Ces dernières sont atypiques car la chaise possède assez de place pour deux. Peter prend place sur la chaise tout en emportant un coussin de la banquette. Je lui souris. De notre place, nous ne voyons que l’ilot central, l’énorme monsieur, dont j’apprendrais plus tard le nom - Elias, et la porte d’entrée.

J’ai l'impression que Peter me connait mieux que quiconque, car en m’emmenant ici, il me fait découvrir un lieu féérique. Comment la nature peut-elle s’adapter aussi facilement à l’urbanisme humain, tout en restant aussi belle. Depuis ma place, je suis également capable de fuir mais d’observer le monde qui va et viens. Personne ne prends de café à emporter car tout le monde veut profiter de son quart d’heure de zénitude.

- Merci, parviens-je finalement et uniquement à dire,

Je crois que Peter ne peut pas comprendre l’entière signification de ce mot. Moi-même je me perds dans toute la gratitude que je ressens. J’ai pourtant le sentiment que ce seul mot lui semble suffisant.

  • Alors Lil, allons-nous faire semblant encore aujourd’hui de ne pas nous connaître ?
  • Nous ne faisions pas semblant jusqu’à présent, nous nous connaissions vraiment pas Peter.

Il rigole car je suis tombée encore une fois dans son piège. Il est le seul à me faire perdre mes moyens et la face si facilement. Un trop grand pouvoir entre ses mains.

  • Peter Partney, seriez-vous en train de vous moquer de moi ?
  • Comment oserais-je face à une jolie fille comme vous Lilly Rosbow ?

J’éclate de rire au moment où le silence se fait dans la pièce, je sens le regarde d’une quinzaine de personne se poser sur moi, même s’ils ne peuvent pas réellement me voir.

  • Peter, honnêtement, je voulais te dire que j’ai passé une super soirée, mais que nous n’irons pas plus loin d’accord ?
  • Si, tu oses me sortir le terme « comme ton frère » je te jure de réduire à néant cette endroit, me demande pas pourquoi je me vengerais sur Elias plutôt que sur toi, mais ce serait vraiment le pire affront que tu pourrais me faire, me dit-il.
  • Parce qu’aucune femme n’a osé dire non à monsieur Partney ?
  • J’adore quand tu dis mon nom de cette façon, dit-il en me caressant la joue, mais non. Je ne le supporterais pas venant de toi. Tu m'as complètement bourleversé. Je préfère m’arrêter là sur les déclarations donc ne me pousse pas à dire des choses qui te ferait fuir.
  • Rien ne me ferait fuir, sache-le. Je suis du genre téméraire.

Ce n’est pas tant le bruit de vaisselle qui tombe ou les protestations d’un homme dont le café s’est renversé sur lui, qui m’a fait réaliser que l’homme que j’ai vu par la fenêtre était encore là. Non, c’est mon estomac qui m’a prévenu, à travers cette sensation d’abeilles dans le ventre qui voltige partout et qui piquent de l’intérieur.

J’ai croisé son regard pile au moment où les mots « je suis désolé » sortaient de sa bouche. Bien qu’ils ne m’étaient pas directement destiné, j’eu le sentiment qu’il me parlait à moi. Mais pourquoi ai-je cette drôle d’impression de le reconnaitre ? De savoir qui il est ?

L’homme s’empresse de quitter les lieux, mais je ne parviens pas à détacher mon regard de son dos.

  • Lil ça va ? On dirait que tu as vu un fantôme ?

Peter se retourne, pour suivre mon regard. Il est inquiet, je le sens bien. Je n’ai pas la force de le rassurer. Mon esprit est ailleurs. Je sors de ma place en ignorant les appels de Peter pour me faire revenir à la surface. J’ai besoin de savoir qui il est, j’espère avoir le temps de le rattraper, même si je panique à l’idée d’avoir les réponses à toutes ces questions qui voltigent dans ma tête.

La porte du café se referme derrière moi. Le soleil m’aveugle un instant, mais je parviens à le voir. De l’autre coté de la rue, face à moi, des écouteurs sans fil dans les oreilles. Ayant le sentiment qu’il m’attend, je traverse lentement la rue sans qu’il ne bouge. Tel un aimant, il m’est impossible d’ignorer l’attraction physique qui me guide vers lui.

Lorsque je me retrouve face à lui, toutes les questions se sont envolées. Nos regards se lient et ne se quittent pas une seconde. Je suis certaine de le connaitre. De le reconnaitre ? Son visage, son odeur, son corps, ce tatouage d’aile entre le pouce et l’index. Tout. Tout est là quelque part dans mon esprit mais je ne parviens pas à faire remonter le souvenir à la surface. Est-ce que c’est à ça que ressemble un coup de foudre ? Est-ce que c’est la traduction du « je viens de le rencontrer mais j’ai le sentiment de l’avoir toujours connu ? » Est-ce que nous n’avons pas l’air de deux idiots au milieu de ce trottoir à nous dévisager ? Je réalise que mes mains tremblent tandis que je tente de déchiffrer son expression.

Il ne semble même pas étonné. Comme si cette rencontre était une évidence. Il semble me connaitre. Il ressemble à un animal capté par les feux d’une voiture qui roule droit sur lui, ne sachant que faire. Pris sur le fait. Pris dans un filet. Les gens nous évitent tout en nous dévisageant, mais peu m'importe, j'ai à peine conscience de leur présence. Les secondes m’ont parues durer des heures, mais ce face à face n’aura duré pas plus longtemps qu’il n’en faut à Peter pour me rejoindre. Mais il est déjà trop tard. Il est parti. Je sais c'était Peter, car Il a relevé les yeux derrière moi, brisant le lien qui se tissait entre nous, pour revenir sur Terre.

Aucun mot ne sortira de ma bouche jusqu’à ce qu’il se mette à courir, à me fuir à nouveau. Tandis que je le regarderais s’éloigner, le coeur prêt à sortir de ma cage thoracique, une phrase en tête apparait comme une évidence : La réponse à toutes mes questions était devant moi.

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