Chapitre 3 - Remontée - Partie 7

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 Necko ne transpirait presque jamais. Mais cette fois, des perles d’eau salée lui couraient sur le front. Par le passé, la désactivation des pimplants se déroulait dans des conditions moins stressantes. Mais cette fois, la petite balise Poisseux avait changé la donne. Le petit ingénieur en avait récupéré quelques éléments pour en tirer des informations supplémentaires. En effet, plus récent que son matériel actuel, il pouvait y trouver de quoi communiquer avec le pimplant de Sunita plus efficacement.

 Avec une grande précaution, il régla l’ensemble pour favoriser son observation et son intervention dans les routines internes de l’extension cérébrale de la jeune Poisseux. Nella se rapprocha de lui en faisant glisser son tabouret tout en serrant la main de Sunita.

 « Alors ? s’enquit-elle.

 — Elle semble y être. Ces lignes le montrent », répondit Necko en indiquant les tracés qui n’auraient rien voulu dire sans l’interprétation de l’ingénieur.

 Nella se retourna vers la jeune femme dont la tête reposait sur l’appuie-tête du siège entouré des connecteurs de Necko.

 Sunita marchait contre le courant qui lui parvenait à mi-cuisses. Le flux de symboles ne lui donnait aucune autre sensation à part celle d’être retenue. Elle sentait derrière elle, une masse plus importante qui l’observait, la scrutait dans ses intentions. Elle l’avait vu surgir, dans une immense gerbe de symboles, le bâtiment. Il se dressait désormais devant elle. D’autres, semblables, l’entouraient, mais elle sentait que celui-ci différait. D’ailleurs, le flux de symboles s’intensifiait à mesure qu’elle s’en approchait comme pour l’en repousser. Elle avala la distance qui la séparait avec la plus grande peine pour enfin y pénétrer.

 Elle retrouvait de nouveau la même disposition de salles et de couloirs, alternant à tour de rôle dès que l’on traversait une ouverture. Cette fois, un son cadencé, faible, mais présent, se faisait entendre. Cela attira son attention. En effet, le son était totalement absent les dernières fois. Elle glissa dans une salle, s’approcha des visages recouvrant le dôme, toujours guidée par son ouïe. Une ouverture apparut, le son s’amplifiait légèrement, elle glissa dans un nouveau couloir. Elle traversa d’autres salles et couloirs emplis de symboles et d’images diverses et variées, toujours guidée par la cadence du son incessant. Bientôt, des dégradés de couleurs firent leur apparition sur l’ensemble des surfaces. L’effet était saisissant. Elle se sentait happée, le niveau sonore du son augmenta d’un cran. Soudain, la terrible sensation d’être observée s’effaça, la lumière inondait son proche entourage. Plus aucune trace de symbole. Elle regarda sa main, une douce chaleur inondait sa paume. Elle plia la main, une fois, deux fois. Le signal sonore disparut. Elle crut entendre des voix. Elle était si bien, libérée.

 Santo déboula littéralement chez Necko, le souffle court. « Les Poisseux… Les Poisseux, ils arrivent. »

 Nella et Necko regardèrent le jeune homme.

 « Ils sont où exactement ? demanda Nella.

 — Je ne sais pas trop, au niveau du forum Flat m’a dit.

 — Bien. Necko, c’est bon de ton côté ?

 — Oui, ce coup-ci, son pimplant est HS, répondit l’ingénieur dont le visage irradiait la satisfaction du travail accompli.

 — Parfait. Santo, Sunita n’est pas en mesure de se déplacer seule. J’avais prévu le cas et emmené un siège roulant. Aidez-moi à la relever, vous deux. »

 Santo s’exécuta aussitôt. Nella sentit plus de fébrilité de la part de Necko qui donna le meilleur de lui-même.

 « Merci Necko. Tu es sûr que son pimplant est bien désactivé pour de bon ?

 — Avec le traitement que je lui ai administré, oui.

 — Très bien. Santo, pars devant et va préparer Abi et Rama pour partir », ordonna Nella.

 La grande dame ajusta un masque sur son visage et un autre sur celui de Sunita, déverrouilla le frein et sortit du rond de l’ingénieur. Elle emprunta les petites ruelles sans presser le pas. L’annonce de l’arrivée des Poisseux s’était répandue dans l’ensemble de la bulle de vie. Pour éviter le « marquage », la plupart des habitants revêtaient un masque transparent brouillant leurs traits.

 Elle arriva bientôt au rond de soin où Abi, Rama et Santo l’attendaient. Elle remit le frein du siège roulant en place et récupéra rapidement quelques affaires qu’Abi avait préparées. Elle courut vers la salle de soin avant d’en ressortir, après quelques secondes, une besace sur le dos. Nella s’approcha de son fils et d’Abi.

 « Allons-y. Ne perdons pas plus de temps. Santo, mon garçon. Prends soin de toi. Reste près de Louis, entendu ? Dis-lui que nous serons là où il sait. Et surtout…

 — Oui, Maman, répondit Santo.

 — … Surtout, ne joue pas aux héros », lui dit-elle, la voix pleine d’émotion en lui passant la main dans les cheveux.

 Après avoir salué son amie, Santo s’éloigna sans se retourner. Abi plaça Rama dans les bras de Nella. La jeune femme empoigna le siège roulant et faillit basculer au-dessus.

 « Le frein, Abi. Le frein », entendit-elle.

 Une fois Rama bien calé contre elle, Nella soupira, sortit du rond de soin et prit la direction d’un des sas de sortie annexe de la bulle de vie. Elle avait l’impression de parcourir le temps à rebours.

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