Chapitre 3 - Remontée - Partie 8

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 Les habitants de Vitanova n’étaient plus habitués à la violence. Il y avait parfois des querelles ou de tristes disparitions telles que celle de Mirka. Mais l’intervention des Poisseux avait laissé un goût amer à cette population pacifique. Samo Gheki avait mené sans ménagement Louis Troval en direction du rond de soin de Nella. Remarquant son peu d’entrain, le décurion fit signe à deux de ses membres de lui faire presser le pas par quelques poussées bien placées qui firent tituber le centurion.

 Samo Gheki toisait les habitants le fixant à travers leurs masques brouillant le marquage. Il s’arrêta et s’adressa à la foule qui s’amassait sur leur passage.

 « Vous êtes ridicules avec vos artifices. Je m’en fiche de vous. Vous avez quitté la colonie depuis trop longtemps. Écartez-vous ! »

 Au terme d’une marche hasardeuse à travers une foule, de plus en plus compacte, montrant une hostilité croissante. Ils arrivèrent enfin au rond de soin de Nella. Deux autres membres de la décurie de sécurité furent envoyés d’un signe de la main de leur supérieur pour investiguer les lieux.

 « Mon cher Troval, vous devriez plus souvent écouter Kanti Prajit. Il semble être le seul à avoir la tête sur les épaules ici. »

 Le centurion ne répondit pas, feignant de ne pas avoir relevé l’allusion. Les deux membres de la sécurité ressortirent de chez Nella bredouilles. Le regard de Samo Gheki s’assombrit d’un seul coup. Il fixa le centurion.

 « Je partage une chose en commun avec mon père. Je n’aime pas être désappointé. »

 Le coup partit si vite et fort que Louis Troval ne put l’éviter et mit quelques instants à se relever.

 « Je ne voulais pas en arriver là ni avoir à prononcer ces mots. Où est-elle !? »

 Ne pouvant répondre, la mâchoire endolorie, il bougea la tête négativement. Soudain, alors que le décurion allait asséner un nouveau coup, un projectile frappa la tête du Poisseux. Sonné, Samo Gheki chercha du regard son assaillant. Ce fut un membre de la sécurité qui le lui amena. Tout en se massant le haut du crâne, le décurion s’approcha du lanceur fermement maintenu. Il arracha le masque transparent d’un coup sec et le fixa.

 « Inconnu ! Comme vous tous ! » hurla Samo Gheki.

 Il voulut emprunter une arme à un autre membre de la sécurité. Devant l’hésitation de son subordonné, il l’agrippa et lui arracha presque des mains.

 « Vous savez ce qu’il en coûte de s’en prendre aux forces de sécurité de la colonie ? Nous sommes les garants de l’ordre sur Fomalhaut-Ae. Sans nous, vous n’êtes rien. Des bons à rien qui amassent NOS déchets tentant de vivoter. Vous êtes le chaos. »

 Samo Gheki s’approcha d’un pas supplémentaire vers le jeune homme tenu à genoux par une clé de bras efficace.

 « C’est quoi ton petit nom, mon grand inconnu ? », demanda le décurion avec un petit sourire en coin.

 Louis Troval, bataillant avec l’agent de sécurité pour observer la scène, se redressa et reconnut aussitôt l’assaillant du décurion.

 « Laissez-le ! Ce n’est qu’un gamin. »

 Sans se retourner, Samo Gheki réitéra sa question.

 « Chut, chut, chut. Alors, on a perdu sa langue apparemment. »

 Sans prévenir, la décharge d’énergie fila du canon à la cuisse du jeune homme qui hurla de douleur.

 « Non ! Santo ! cria Louis Troval, se lançant en direction du garçon se tordant de douleur. »

 Samo Gheki recula de deux pas, laissant passer Louis, et rendit l’arme à son subordonné d’un geste désinvolte.

 « Santo. Ravi de t’avoir rencontré. Merci de cette indication, Troval. »

 Puis tapant fort dans ses mains afin d’attirer l’attention du public médusé, tourné vers Santo et Louis, le décurion Poisseux ironisa.

 « Tout va bien, le rond de soin est tout prêt. Vous allez faire en sorte de retrouver la fugitive. Nous allons revenir la récupérer, elle et son enfant. Et vous pourrez continuer à vaquer librement à vos pitoyables tâches. Sinon, je ne vous cache pas que nous avons besoin de main-d’œuvre dans les fermes aquatiques. Kanti Prajit sera notre interlocuteur privilégié. »

 Sans plus attendre et sans un mot supplémentaire, la décurie de sécurité Poisseux quitta les lieux en direction du forum. Derrière eux, deux hommes et une femme aidaient Louis Troval à transporter Santo évanoui dans le rond de soin de sa mère.

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