I

14 minutes de lecture

Le 27 avril,

 Cher journal,

 J’ai peur. Voilà, c’est dit. Cet après-midi, je discutais avec Stéphanie qui me montrait une photo d’elle qui avait maigri. Ça se voit bien, elle a même un creux au niveau de la clavicule qu’elle n’avait pas il y a quelques semaines. Je me demande si on voit toujours la mienne. J’ai pris quelques kilos avec la grossesse, sur le poids que j’avais déjà, alors j’ai peu d’espoir, mais on ne sait jamais. Je porte ma main à ma clavicule. Je sens mon sang ne faire qu'un tour et me gifler en revenant. Sous mes doigts, un gros œuf d’une dizaine de centimètres. Je le sens mal. Vraiment mal. Je n’arrive plus à me concentrer. J’ai le ventre qui se tord, tu sais, comme quand tu sens une catastrophe arriver ? Voilà, comme ça. Je le sens. C’est une très mauvaise nouvelle. J'ai vu défiler sous mes yeux toutes les fois où j'avais eu mal sous les bras, mais où je préférais penser que c'était une aspérité de mon muscle que je sentais. Et j’étais rassurée à la douche suivante où je ne sentais plus rien. Mais là, comment ignorer un œuf de cette taille ? Cette fois le mot est bien présent à mon esprit, même si j’essaie de ne pas y penser. Il me frappe de toute la force de son horreur. J’ai essayé de faire comme si de rien n'était, de continuer à discuter, de regarder la télé, de câliner les enfants, de savourer les coups de mon Petit Astre dans mon ventre. Impossible de me concentrer et de faire taire cette voix qui me dit « au pire ». J’ai appelé maman, elle me dit que c’est musculaire, que je ne dois pas m’inquiéter, que ça ira. Pourtant, quand je masse, ça fait mal, impossible d’appuyer. La texture ressemble aux ganglions que j’ai dans le cou lorsque j’ai une angine, alors j’avoue que je suis sceptique quant à cette affirmation. Ça confirme mon mauvais pressentiment. Quoi qu’il en soit, nous sommes vendredi soir, j’attendrais lundi pour appeler le médecin et prendre rendez-vous. Qui sait, peut-être que ça disparaîtra ? J’ai toujours réglé mes soucis médicaux comme ça, en laissant passer. Et ça marche, en général. Alors je vais continuer de croiser les doigts.

 Ce qui me mine encore plus le moral ? Il y a (attends, je compte) treize jours, je me suis fait arracher cette fichue dent qui me faisait souffrir le martyre. J’ai passé trois mois à endurer cette douleur et ça avait pris le relais sur les trois mois de nausées (et l’hospitalisation). Je viens enfin d’arrêter mes cachets qui me permettaient de pas passer ma journée la tête dans la cuvette, je n’avais plus cette dent douloureuse à m’en taper la tête contre le mur. Je me souviens d’un soir. J’avais sorti mon ordinateur pour écrire (la première fois depuis le début de la grossesse, je pense). Je me suis assise, j’ai soupiré d’aise. Je venais de coucher les enfants, Mathieu était encore au travail. Je me suis sentie si heureuse. Si comblée. Mon quatrième et dernier enfant était bientôt là, nous n’avions plus de souci d’argent, de couple, d’éducation. La vie était simple, pour la première fois depuis dix ans ensemble. La vie coulait comme un long fleuve tranquille.

 Alors, cette gifle monumentale que j’ai ressentie quand j’ai touché ma clavicule, je ne m’y attendais pas. Pas du tout. J’ai peur. Vraiment peur. Chaque respiration me douche d’angoisse, j’ai une boule qui a envahi mon ventre et ne semble pas vouloir me laisser. Et si ma toute petite fille, cachée au creux de moi pouvait tomber malade ? J’entre dans mon 9e mois dans quelques jours, imaginons que c’est une maladie qui peut l’atteindre ? Elle est plus forte, mais mon corps la protège moins. La toxoplasmose est terrible à ce stade, mais je ne suis pas immunisée. Si je l’avais finalement attrapée ? Et si je ne lui apportais pas la vie et que j’étais incapable de la protéger de ce qui m’arrive ? Et si… Et si je mourais?

*

 Elena soupira. Elle posa son stylo, passa la main sur son visage, tentant de faire taire l’angoisse qui s’éternisait dans son estomac. Elle rangea son carnet, joliment décoré de motifs découpés dans du papier coloré. Ce cahier, elle l’avait inauguré lorsqu’elle était tombée enceinte afin de documenter cette dernière grossesse inespérée, après plusieurs fausses couches. En voyant le test virer au positif, elle avait décidé qu'elle ne tomberait plus enceinte, quoi qu'il arrive. Elle s’était préparée à perdre encore une fois cette petite graine qui grandissait en elle. Mais ce bébé, ce petit astre brillant s’était accroché. Et avec joie et soulagement, la jeune femme avait décidé d’immortaliser cette dernière fois en écrivant dans un carnet, aussi souvent que sa vie trépidante de maman le lui permettait. Cependant, ce soir-là, elle le rangeait dans son tiroir comme si c’était lui qui était porteur d’une mauvaise nouvelle. Comme si refermer le bois au-dessus de lui emprisonnait avec lui l’angoisse, la peur et surtout la masse qu’elle avait senti. Sa main monta machinalement à son cou et elle appuya délicatement sur la masse, pour éviter de se faire mal. Elle était toujours là, malheureusement.

 Elena repoussa sa chaise et se leva pesamment. Elle devait aller voir si ça se voyait. Elle n’avait pas encore osé regarder. Elle espérait que ça serait invisible, que ça avait déjà diminué det que lundi, on en parlerait plus. La jeune femme entra dans la pièce envahie par l’obscurité et hésita à enclencher l’interrupteur. Elle avait l’impression qu’en découvrant son reflet dans le miroir, elle scellerait son destin. Avec une grande inspiration, elle appuya et fit face au miroir au-dessus du lavabo. Elle détailla son visage, rond et d’ordinaire jovial, que mangeaient deux grands yeux d’un vert profond. Ses longs cheveux noirs cascadaient jusqu’à sa poitrine en de lourdes boucles, qui dissimulaient ses clavicules. Elle fut soulagée de ne pas voir la masse lui sauter aux yeux directement, que sa chevelure lui épargne le choc immédiat. Pour le moment, elle ne voyait que son long cou trop fin pour elle. Avec courage, la jeune femme dégagea ses cheveux et tendit le cou. Oui. Elle était là. Rebondie, proéminente. Et surtout, terrifiante.

 Elle se détourna et sortit de la salle de bain aussi vite que lui permettait son gros ventre. Ne plus voir ça. Ne plus toucher. Ne plus ressentir cette désagréable sensation dans ses joues de sang qui reflue, comme pour rejoindre la boule qui envahissait son estomac.

 Son téléphone tinta pour attirer son attention. Elena sauta sur l’occasion pour arrêter de penser à sa peur. C’était Mathieu. Il était enfin sur le chemin du retour. Son travail était prenant, responsable dans une épicerie. Ce soir-là, elle n’avait qu’une envie, se blottir contre lui, qu’il la rassure.

22h.

 Mathieu poussa la porte. C’était un jeune homme dont les traits juvéniles cachaient le début de sa trentaine. Une lourde mèche blonde ombrageait son regard émeraude et fatigué.

– Coucou, fit-il d’une voix lasse. Ta journée s’est bien passée ?

– Oh, comme d’habitude, souffla la jeune femme, la gorge serrée. Devait-elle lui dire au risque de l’inquiéter ou ne rien lui dire, mais être seule à ressasser ?

– Tu es sûre que tu vas bien ? demanda le jeune homme, inquiet.

 Mince. Il a vu qu’elle allait mal. Evidemment, il la connaissait par cœur. Ils étaient ensemble depuis si longtemps maintenant ! Presque quinze ans d’amour, qui avaient débutés sur les bancs du lycée, lorsqu’Elena portait encore des jupes par-dessus ses pantalons et du khôl bien trop voyant, et que lui s'habillait de pantalons trop larges et qu’il passait son temps debout sur une planche ou la jambe dans le plâtre. Bien sûr que son compagnon connaissait la moindre expression de son visage, la moindre contrariété dans son regard. La boule dans sa gorge était forcément aussi audible pour lui que si elle s’était effondrée en larme.

– Tu as raison, Mathieu. Non, ça ne va pas, lâcha la jeune femme, tandis qu’ils se dirigeaient vers le salon. Regarde.

 Elle tourna la tête vers la gauche, tout en faisant face au jeune homme. Ainsi, le monstre était bien visible, bombant la peau dorée de la jeune femme.

– Mais qu’est-ce que c’est ? demanda Mathieu, en tâtant délicatement la chose.

– Je n’en sais rien. J’ai peur, avoua Elena d’une petite voix.

– Ta mère en dit quoi ?

 La mère d’Elena, c’était toujours la première personne que toute la famille appelait dès qu’il y avait un souci médical. Elle était guérisseuse et jouissait de la réputation de viser juste quasiment tout le temps, même si souvent, Elena levait les yeux au ciel quand elle lui parlait.

– Elle dit que c’est musculaire, répondit la jeune femme. Mais honnêtement, je pense qu’elle se trompe.

– Je suis pas certain qu’on ait un muscle à cet endroit-là, fit Mathieu avec une moue dubitative.

– Et puis, je trouve que ça « sent » le ganglion. Je sais pas toi, mais je trouve que c’en a la texture.

– Si ta mère dit que c’est musculaire, elle a peut-être raison, non ?

– Moi j’ai touché, pas elle, se buta la Elena, la terreur au ventre. Lundi, je vois Myriem, je lui demanderai si elle peut m’emmener chez le médecin. Je préfère être sûre. Tu sais, depuis que Samuel a eu la rougeole, je préfère faire attention. J’ai eu tellement peur pour lui. La santé c’est trop précieux pour qu’on passe à côté de quelque chose !

– Tu as raison, voir le médecin est le plus sage. On sait jamais, surtout avec cette toute petite, ajouta le jeune homme en caressant le ventre rebondit de sa compagne.

Elana déposa un baiser sur les lèvres de Mathieu et se blottit dans ses bras.

– J’ai fait à manger, si tu as faim, annonça-t-elle.

– Je vais grignoter un peu, oui. La journée a été longue, comme d'habitude. J'ai couru partout sans me reposer. Je crois même que j’ai si faim que ça m’en a coupé l’appétit !

 Elena explosa de rire. Il disait des choses tellement incongrues parfois !

 Mathieu se dirigea vers la cuisine, laissant la jeune femme seule dans le salon. Elle soupira et s’installa dans le canapé, face au téléviseur. Elle se cala avec les coussins, tentant de trouver une position assez confortable pour son ventre rond comme la lune. Avec la télécommande, elle alluma l’appareil et plongea dans le premier programme un tant soit peu intéressant. Les images défilaient devant ses yeux, sans qu’elle ne s’y attarde, abreuvant son cerveau inquiet de la bouillasse télévisuelle. Son compagnon la rejoignit bientôt. Il lui saisit la main. Ils restèrent à regarder le petit écran jusqu’à la fin du téléfilm, une aventure sur les templiers, ou bien des archéologues, Elena ne savait pas très bien. Pesamment, elle se leva lorsque Mathieu trouva qu’il était plus raisonnable d’aller se coucher. Elle traîna son ventre, ses pieds, sa tête jusqu’à son lit. Elle enfila son pyjama trop juste pour elle et se glissa dans les draps froids.

– Bonne nuit, ma chérie, murmura Mathieu à son oreille. Je t’aime.

– Je t’aime, répondit la jeune femme dans un souffle en répondant à son baiser.

 L’interrupteur cliqueta et il fit noir.

 Les yeux d’Elena, eux, restaient obstinément ouverts, fixant l’endroit où elle avait déjà préparé le lit de sa toute petite fille, sa petite étoile, sa petite Astrée. À tâtons, elle chercha le doudou qu’elle lui avait choisi avec attention, une petite souris vieux rose au corps plat. Elle tritura le nœud qui faisait d’elle un doudou, selon Aiko, sa toute petite de pas encore deux ans.

 Et jusqu’à ce que les premier rayons du soleil se fraient un chemin à travers les volets, elle tenta de se convaincre qu’elle était en bonne santé et que sa fille irait bien. Elle promit à son bébé de tout faire pour qu’elle soit en sécurité et de l’amener sur terre saine et sauve. Elle pria pour tenir cette promesse, la peur au ventre de perdre cette petite vie si fragile.

*

 Le weekend passa lentement. Elena avait préféré laisser de côté cette histoire de masse, qu’elle triturait sans même y penser. Chaque fois, elle grimaçait de douleur et la pensée fugace que les massages étaient exclus traversait son esprit avant d’être chassée d’un revers de main. Son épuisement lié à son insomnie anesthésiait sa réflexion. Elle lutta contre elle-même pour ne pas aller sur internet trouver une réponse qui lui prédirait sûrement sa mort à venir dans les prochains jours. Elle se garda bien d’en parler sur les réseaux sociaux également. Et d’ailleurs, à part sa mère, personne n’était au courant de la peur qui pointait son nez régulièrement. Elle avait hâte d’arriver au moment où elle rirait avec les autres de cette satanée frousse qu’elle avait eue !

 Les nuits de samedi et dimanche la laissèrent suante et épuisée. Les cauchemars se succédaient, allant de la mort de son bébé à la sienne, en passant par tous les malheurs possibles et imaginables. Elle se réveilla maintes fois, demandant à Mathieu de la serrer fort dans ses bras.

 Lundi matin arriva, comme la lumière au bout du tunnel de l’angoisse infinie d’Elena. Enfin, elle allait sortir de l’attente et allait pouvoir agir pour être rassurée. Elle détestait l’inaction, surtout lorsqu’elle y était forcée. La jeune femme repoussa ses couvertures, se découvrant moite de sueur, une fois encore. L’empreinte de son corps humide était visible sur le drap. Décidément, la grossesse ne lui épargnait aucun désagrément, entre remontées acides, nausées, odorat trop développé et suées ! Elle grimaça et défit rapidement son pyjama trop juste aux entournures pour en enfiler un sec avant de rejoindre les autres dans la cuisine.

– Eh ben moi, cette nuit, j’ai rêvé que j’avais de la poussière de fée et que je m’envolais dans le ciel, comme dans Peter Pan !

– C’est même pas vrai, d’abord ! C’est moi la fée, pas toi !

– Oh, mangez au lieu de vous battre !

 Elle était encore dans le couloir qu’elle entendait déjà les disputes matinales de Maël et Garance, ses enfants de 7 et 5 ans. Garance était en pleine période d’affirmation. Et les fées, c’était son domaine. Elle avait décrété qu’étant « pour les filles » son frère n’avait pas droit au chapitre. Lui, c’était voiture et superhéros.

– Bonjour les enfants, fit la jeune femme en entrant dans la cuisine. Déjà en train de vous battre ?

– Mais c’est lui ! geignit la petite fille à la chevelure châtain tout emmêlée de la nuit. Il dit qu’il rêve de voler comme une fée alors que c’est pour les filles !

– C’est même pas vrai ! Peter c’est même pas une fille ! se défendit le petit garçon. Et même que Michel et Georges non plus !

– Oui, mais Clochette…

– Mange Garance, tu n’as rien avalé, l’interrompit son père.

 La petite fille lança une œillade noisette à sa mère, contrariée.

– Oh non, ma chérie, tu n’auras pas le fin mot avec moi, la prévint sa mère. Je t’ai déjà dit qu’il n’existait pas de jeu et de dessin animé spécial fille ou garçon. Ils sont faits pour les humains et ton frère en est un. Et s’il te dit qu’il a rêvé qu’il volait comme Peter Pan, alors il volait !

 La petite fille baissa la tête vers son bol de lait au chocolat, la moue boudeuse, tandis que son frère continuait de raconter son rêve farfelu. Elena fit le tour de la table et embrassa chacun de ses enfants. Seule Aiko, la plus petite, les yeux encore embués de sommeil, ne pipait mot, trop occupée à dévorer son petit déjeuner.

– Ils sont en forme, dis donc, glissa la jeune femme à son compagnon, tout en se servant un grand bol de café.

– Ne m’en parle pas !

 Rapidement, ils durent finir de déjeuner, puis Elena habilla les enfants tant bien que mal. Aucun des deux n’était volontaire pour aller à l’école. C’était tellement mieux de rester à la maison ! Mais à 8h30 pétantes, après des cris de la part de la petite Garance qui refusait de se laisser coiffer et de Maël qui refusait de mettre ses chaussures, tout le monde était prêt pour le départ.

– À ce soir, tous les trois ! leur glissa Elena tout en les embrassant tour à tour. Amusez-vous bien et travaillez bien, les enfants ! Je vous aime ! Et toi aussi, je t’aime, ajouta-t-elle en déposant un baiser sur les lèvres de son compagnon. Allez, filez, vous allez être en retard !

Et comme chaque matin, au moment où la lourde porte de bois se refermait, la sirène Aiko se mit en route.

– Ze veux l’école ! criait-elle, se jetant si soudainement en arrière qu’Elena la rattrapa in extremis avant que sa tête ne heurte durement le carrelage.

 La jeune mère s’agenouilla près de sa fille après l’avoir relevée. Elle sécha les larmes qui roulaient sur ses joues rebondies, plongeant dans son regard d’un vert pétillant, reflet parfait du sien.

– Allons, ma chérie, susurra-t-elle. Tu sais bien que tu es trop petite pour aller à l’école. Tu veux regarder ton dessin animé préféré ?

 La petite rouquine opina du chef tandis que sa mère se relevait avec peine et glissa sa petite main dans la sienne et l’entraîna de son petit pas décidé vers le salon. Elena la cala avec des coussins, lui mit une petite couverture, lui donna son doudou et alluma le téléviseur.

 Tandis que sa fille regardait son dessin animé, la jeune femme s’affaira en fredonnant la chanson du générique sans y penser. Débarrasser la table, nettoyer les miettes et les taches de lait et enfin vider le lave-vaisselle avant de le remplir des bols sales.

 9h.

 Elena soupira. Elle avait un peu honte de laisser sa toute petite devant la télé, mais elle avait vraiment besoin d’une douche. D’ordinaire elle la prenait le soir, mais elle après son insomnie, elle avait besoin de se délasser sous l’eau chaude et ruisselante. Elle laissa la porte ouverte, afin d’être sûre d’entendre Aiko si elle avait besoin d’elle, ôta ses vêtements et se prépara à entrer dans la cabine de douche, quand son regard tomba sur son profil dont elle apprécia la rondeur. Son nombril était déjà plat, signe que la puce à l’intérieur n’avait plus énormément de place pour s’étirer. Elle prit un coup si rude qu’il la fit sursauter et qu’elle l’avait vu dans le reflet du miroir. La femme enceinte sourit. Oh, oui, elle continuait de porter la vie !

 Elena ne sortit de la salle de bain qu’une vingtaine de minutes plus tard, rassérénée et délassée par le filet d’eau chaude qu’elle avait laissé cascader sur ses épaules.

– Tu viens ma chérie, on éteint la télé ? On va jouer un petit peu ? demanda-t-elle à Aiko.

– Non.

 La jeune femme soupira en souriant. Quelle question ! Evidemment que la petite fille ne voulait pas éteindre l’écran. Mais Elena avait un atout dans sa manche, qu’elle ne tarda pas à dégainer.

– J’ai des chaussettes avec des lapins, tu sais !

 Le visage d’Aiko s’illumina, ses yeux pétillèrent. Elle adorait les lapins et ne vivait que pour eux ces dernières semaines. Alors, la maman victorieuse entraîna l’enfant jusque sa chambre.

 La journée s’écoula lentement pour Elena, dont la vie était très routinière. Elle se força à s’occuper afin de ne pas ruminer. Le linge, jouer avec sa fille, dessiner avec elle, rire, faire à manger et enfin, pendant la sieste de 13h11 exactement, s’allonger dans le canapé avec un plaid pour lire pour la centième fois au moins, un livre rassurant qu’elle connaissait par cœur. Elle se plongea dans les aventures du petit sorcier à lunettes sans une hésitation, n’émergeant qu’à la sonnerie de son téléphone lui rappelant qu’elle devait aller réveiller Aiko pour aller chercher les grands.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 9 versions.

Vous aimez lire Maëva Nourry ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0