Le couloir
Il est tard, je suis dans un couloir de l’immeuble de la résidence. Une lumière sur deux fonctionne, les autres grésillent ou clignotent. Les murs sont délabrés et des flaques d’eau recouvrent le sol. Les paillassons sont trempés, et imprègnent la puanteur des lieux. Je me rappelle que je ne sais toujours pas à qui appartient celui qui s’est retrouvé devant ma porte. Est-ce quelqu’un du service de nettoyage qui l’a mis là, ou un de ces étranges vendeurs de journaux faisant du porte-à-porte ?
Je me rends compte que je marche depuis un moment dans le couloir désert, mais que je suis encore loin de ma chambre d’étudiant. Trop loin. Les numéros sur les portes défilent très lentement à mesure que je progresse dans ce couloir lugubre. Je sens que tout ça n’est pas réel, et que je suis coincé dans un de mes songes. Je n’ai aucune idée de ce que je dois faire pour me dépêtrer de cette situation.
Au bout d’un moment, le couloir que j’arpentais s’élargit et fusionne avec un autre qui lui était parallèle. Je me retourne et plonge mon regard dans les ténèbres qui s’y trouvent. Si le mien n’était pas très rassurant, celui-là est carrément flippant. Des câbles sortent et pendent du plafond, comme des lianes d’une jungle infranchissable. Les parois sont trouées et offrent un aperçu horrifique du monde extérieur, où se mêlent chaos et obscurité. Des créatures volantes dotées de griffes et de dents acérées volent et craillent dans ce ciel désolé.
Une sueur froide dans la nuque, je me retourne et continue ma progression jusqu’à la chambre. J’ai très envie de m’éloigner de cet embranchement. Je n’ai surtout pas envie de faire un cauchemar et qu’elle arrive. Pourtant, je semble ne pas avoir le choix, car les parois du couloir se dégradent à mesure que j’avance. Bientôt, j’entends le crissement des griffes derrière ces murs. Je décide de faire demi-tour à tout rompre.
Courant en sens inverse, je suis terrifié à l’idée de retrouver l’embranchement. J’ai envie de retrouver le vrai monde, de me réveiller, mais le couloir semble continuellement s’allonger devant moi. Suis-moi, m’interpelle un jeune homme sur le palier d’une porte. Le cœur tambourinant dans ma poitrine, j’entre sans hésiter dans son appartement.
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