Prologue
Ils étaient six.
Nul ne sait leur nom, ni leur visage. Certains disent qu’ils furent rois, mages ou meurtriers.
D’autres jurent qu’ils n’étaient que des hommes, las de ce que le monde était devenu.
Mais tous s’accordent à dire qu’un jour, dans un lieu que plus personne ne retrouve, ils se sont avancés.
Le ciel s’était voilé. La terre avait cessé de respirer.
Même les astres, dit-on, s’étaient figés.
Alors, sans un mot, les six se sont inclinés.
L’un offrit son âme.
L’autre, sa mémoire.
Le troisième, sa haine.
Le suivant, son amour.
Le cinquième, sa foi.
Et le dernier… offrit son silence.
Le monde les écouta.
Et dans ce geste, dans cette offrande,
quelque chose céda. La terre s’ouvrit, le réel ploya.
Un pacte fut scellé, non par l’encre, mais par la chair.
Non dans un livre, mais dans le cœur du monde.
Non pour l’éternité, mais pour qu’il y ait encore un lendemain.
Les six tombèrent. Leurs corps devinrent cendres.
Mais leurs serments restèrent.
Des cicatrices vivantes, des fragments.
Le monde les enfouit, les garda en lui, comme on garde une douleur qu’on ne peut oublier.
Et le silence reprit sa place.
Pendant un temps, il tint bon, brisé, mais debout. En équilibre, sur un fil d’ombre.
Mais le serment s’effrite, le monde se réveille.
Et quelque part, dans un souffle trop ancien, le Pacte se brise.
Annotations
Versions