balade intrigante

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Je me promène tranquillement dans la forêt. Le soleil tout comme une brise vivifiante m’accompagne. Les oiseaux chantent, les écureuils sautent de branche en branche sous mon regard amusé. Bono, mon chien, fait des allers-retours en aboyant contre les rares marcheurs du coin.

À son zénith, l’astre d’or cogne et sonne l’heure du déjeuner.

Je me pose sur un tronc étendu, près d’un ruisseau, où j’écoute la douce mélodie du clapotement de l’onde pure.

Je rappelle Bono qui vient se coucher à mes pieds. Il lorgne le saucisson qui dépasse de mon sandwich. J’en attrape un morceau et lui lance. Il s’en saisit en plein vol avant de reprendre sa position. Sous la symphonie printanière des rouges gorges, je m'évade.

Après le déjeuner, nous poursuivons notre balade, Bono et moi. Je ramasse des branches et les jette pour qu'il me les ramène. Parfois, le labrador oublie de les prendre dans sa gueule, mais ce n'est pas grave, l'objectif étant qu'il se maintienne en forme !

Alors que nous nous apprêtons à sortir des bois, des nuages assombrissent l'azur. Nous rencontrons des randonneurs qui se dirigent, eux, vers la forêt.

« Le temps se couvre

— La météo n'avait pourtant pas prévu de pluie, dis-je en souriant

— Si on pouvait se fier à la météo, ça se saurait, renchérit un des promeneurs

— Bonne balade tout de même, conclus-je.

— Bonne balade, me répond le groupe. »

Au loin, se dessine un essaim d'abeilles près d'une ferme isolée. Plus nous nous rapprochons de la bâtisse, plus mon labrador devient nerveux et furète les alentours, le sens en éveil. Je décide alors de rebrousser chemin.

Cependant, pour revenir à la maison, nous n'avons guère de choix : nous devons repasser par les bois.

Cela ne m'enchante pas car le ciel devient de plus en plus menaçant.

J’accélère la cadence, un mauvais pressentiment m’envahit. j’ai l’impression que le danger peut surgir de partout, bien que je sois incapable d’en déterminer la nature.

Mécaniquement, je me retourne et il me semble que l'essaim s'est un peu rapproché. Je me dis que c'est une illusion d'optique car les insectes sont loin de nous. Et puis ce ne sont que des abeilles, elles ne vont pas nous attaquer !

Nous rentrons, de nouveau dans la forêt, qui semble plus sinistre que tout à l'heure avec ces gros nuages. Les oiseaux ne chantent plus et les lièvres se sont terrés dans leur terrier. L'air se charge d'électricité. Des picotements s'emparent de mes bras, de mes jambes. Bono lui se gratte énergiquement ses pattes, ses oreilles, son poitrail comme s'il cherchait à chasser une présence. De la voix, je nous motive à avancer, même si les arbres nous protègeront de la pluie, en cas d'orage, ce n'est pas conseillé de s'abriter sous.

Soudain, Bono grogne furieusement. Je me retourne et aperçoit une spirale venteuse non loin de la ferme ! Qui se dirige droit vers nous !

J'appelle mon chien car nous devons à tout prix quitter les bois avant que la tornade ne s'y engouffre ; elle pourrait balayer les arbres les moins robustes qui au mieux nous barrerait le passage et au pire... Mieux vaut ne pas y penser.

Je presse le pas mais les racines, les ronces et les branches me ralentissent. Elles me fouettent le visage, m'écorchent les jambes, me font trébucher. Bono peine également. Le grondement du tourbillon se rapproche ainsi qu'un autre bruit que je n'avais pas remarqué jusqu'à présent : un bourdonnement qui ne cesse de s'amplifier !

Je ne peux m'empêcher de regarder et reste ébahi : la tornade semble cracher les abeilles vers moi ! Je reste figé quelques secondes puis réagis enfin. J'enfile la laisse au labrador et coure tant que je peux. Le bruit de l'essaim résonne dans la forêt, il se rapproche dangereusement de nous. C'est impossible ! Il avale des centaines de mètres en seulement quelques secondes ! Pour le retarder, je zigzague entre les arbres et mon regard se porte accidentellement sur certains insectes s'écrasant contre les troncs. Mais les autres continuent de nous poursuivre. Le souffle commence à me manquer et je me colle derrière un chêne pour reprendre ma respiration. Bono halète également.

Alors que nous sommes sur le point de repartir, un nuage prend la forme hideuse d'une femme atrocèment ridée et couverte de pustules. Il englobe l'horizon et en crache un rire démoniaque qui me tétanise. Je suis obligé de couvrir mes oreilles pour l'atténuer tandis que mon chien lui aboie dessus de toutes ses forces.

C'est alors que les abeilles attaquent ! En masse ! Certaines me piquent les jambes, d’autres enfoncent leur dard dans mes avant-bras, mes coudes, mes doigts. J’hurle de douleur et d’autres se précipitent dans ma bouche. Tandis que Bono essaie de s’en débarrasser par tous les moyens dont il dispose, il grogne, tente de les croquer, de les écraser lorsqu’elles foncent sur ses pattes. Cependant, les abeilles sont trop nombreuses et les dégâts sont irrémédiables pour lui. Le ballet d’insectes pique simultanément l’entièreté de son corps. Le labrador hurle à l’agonie jusquà son dernier souffle.

Ce qui me donne un sursaut de rage et je réussi à m’extraire de ce piège. Le coeur lourd, j'adresse un dernier salut à mon fidèle compagnon et j'écrase mes larmes contre mon sweat tout en fonçant comme un dératé à travers les bois, avalant les mètres malgré les ronces qui, à nouveau, me fouettent le visage et m’écorchent les jambes. Parfois, je trébuche, mais parviens à rester debout. Je m’essouffle en sautant les troncs couché par les bûcherons ; on se croirait dans un cimetière par endroits tellement ils sont légions.

Les insectes me rattrapent, une nouvelle fois. Ainsi que ce bourdonnement sifflant dans mes oreilles. Je dois accélérer si je ne veux pas terminer comme mon fidèle ami.

Une branche que je n’avais pas remarquée me prend par traîtrise. Ma joue heurte un silex tranchant, de l’estafilade s’écoule du sang qui brunit le sol.

Les abeilles en ont profité pour m’encercler en un rond qui grossit à vue d’œil, se tenant prêt pour l’ultime attaque commandée par leur reine.

Je souhaite fermer les yeux mais une force invisible m’en empêche, je lutte désespérément, cependant rien n’y fait : je vais devoir affronter mon supplice.

L’essaim descend en piqué… lorsqu’une bouche immense le happe !

Un cerf gigantesque se tient devant moi, je pensais être sorti d’affaire, toutefois il me fixe d’une manière haineuse. Il se recule de quelques mètres avant de me charger !

Ses bois transpercent mes mollets, l’hémoglobine jaillit puis colore l’humus. De nouveau il abaisse son regard, à l’intérieur, un mélange de malice et de folie dansent dans ses iris vert-noisette.

Mon regard ne peut soutenir le sien et se braque sur mes pieds, qui… disparaissent ! Ils ne sont pas les seuls membres à s’effacer, mes chevilles, mes genoux, mes mollets, mon bassin, mon torse ! Bientôt il ne reste plus que ma bouche d’où provient mon ultime hurlement.

C’est alors que je me réveille. Tremblant et en sueur. Il me faut quelques minutes pour récupérer de cet affreux cauchemar. Je tente de ne plus y penser mais une vague sensation de déjà-vu m'envahit.

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