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2 minutes de lecture

Vous vous posez lourdement à un autre pupitre. Quel désagréable sensation. C'est comme enfiler un autre pantalon, qui semble à votre taille, mais qui correspond juste à celle d'en dessous. C'est comme d'habitude, mais avec des nuances, des inconforts, des étrangetés. Le confort plie alors bagage et laisse place au malaise.

Vous déballez néanmoins vos livres. Ce doctorat ne s'écrira pas tout seul. Bon sang de bon soir !

La couverture reliée s'abat sur le bois, votre signet tranche à l'endroit convenu, la page s'offre à votre vue. Les croisés, ces joyeux drilles, ont parcouru le monde et recueillis tant et tant de secrets. Votre étude vous a amené à vous intéresser à la dernière croisade et les ouvrages liés. Un sujet de plus passionnants. Ces occidentaux à l'assaut de l'Orient, ces Saint-Jean d'Acre, ces mamelouks, ces récits de quêtes impossibles de Jérusalem. Franchement, ça vous flanque presque le tournis. Récemment, vous avez manqué défaillir en découvrant qu'un certain Ludvig Prinn, un savant de l'époque, donc un alchimiste – ayant rassemblé mille et une connaissances depuis les occultes strates égyptiennes, les denses steppes libyennes ou encore les sombres canyons syriens – avait été capturé aux abords de Jérusalem par les croisés du onzième siècle. La dernière croisade avait compté parmi ses trophées la présence de cet homme indéfinissable, sans âge, et capable de parler plusieurs langues.

Ah, les vacances. Ces bienvenues bouffées d'oxygène, ce dépaysement. Le moment d'un petit écart dans votre étude n'est-il pas venu ? Une petite escale hors doctorat vous paraitrait agréable si cela pouvait se faire en compagnie de ce Ludvig Prinn, qu'il fallait bien appeler un sorcier.

— Qu'est-ce que vous lisez ? fit, sur sa gauche, une voix claire.

Elle vous parlait. Ah, terrible, ah, anxiogène, elle s'adressait à vous ! Naïvement, vous vous dites qu'en feignant la concentration elle vous lâcherait, la belle erreur. Vous sentez bel et bien son regard. Il est lourd, impossible à ignorer. D'ailleurs elle se lève !

Que faire, mais que faire ?

Oui, bonne question. Que faites-vous ?

Si vous fuyez, prétextant traitreusement vouloir aller aux toilettes, foncez ventre à terre vers les waters au 10

Si vous répondez, en ravalant votre terreur, en affrontant la tempête, armez-vous et cap au 13

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