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Vous ne vous sentez plus. Vous êtes dans un autre monde. L'aventure n'est plus dans les jungles, les fonds marins, les temples enfouis ou les tribus cannibales, non : elle réside au cœur des bibliothèques.

Si cette assertion, auparavant, était une manière commode de vous convaincre et aussi persuader votre entourage du bien fondé de votre vie d'intellectuel rivé aux bouquins, elle prend soudain un tout autre sens. Les dangers mortels, les menaces existentielles ; les créatures dont il faut se cacher parce qu'elles rodent dans l'ombre, à votre recherche ; les manuscrits impies, à voler dans quelques sarcophages anciens ; tout cela, et bien plus encore – la proximité, l'amour, les passions dévorantes –, se retrouve encaqué dans la glorieuse bibliothèque du Miskatonic !

Vous êtes verni.

Et vous risquez l'infarctus.

Mais deux coups répétés sur votre poitrine de bélier (à vos yeux) et vous sentez votre système repartir.

Vous êtes près. Probablement... Non ! Surement ! Oui, Marika Petruskova, cet homme-là est près. Pour vos beaux yeux, pour l'archéologie et sans doute pour l'Amérique (même si elle ne le sait pas encore) ! Cet homme est devenu capable d'enfreindre le règlement !

Vos nouveaux airs de conspirateur patenté avuent chaque coin de cette cathédrale livresque en quête d'un lieu propice à votre tendre dissimulation. Vous sentez bien que l'immigrée vous accompagnant suit chacun de vos coups d'œil. Elle compte sur vous. Elle en aura pour ses roubles.

Vous avez plusieurs options.

Les toilettes. Elles puent, mais c'est leur force. La bibliothécaire ne s'y rendra pas, déjà à cause du splendide GENTLEMEN qu’arbore la porte où vous irez, mais aussi à cause de ladite odeur. Par contre, la romance que vous guettez risque de s'en trouver heurtée. À vérifier au 45

L'étage. Ce n'est pas à proprement parler une planque, comme vous le savez. Mais, en revanche, vous connaissez les habitudes de la gardienne des lieux qui, fumeuse invétérée, arrive souvent à l'étage, suffocante, à demi mourante, vous laissant penser qu'elle n'irait jamais, au grand jamais –même pour vérifier – à l'étage, pour inspecter. Du reste, il suffit de se placer derrière deux socles invisibles depuis le rez-de-chaussée et l'affaire est dans le sac. Le sac numéro 46

L'interstice. Ce lieu de légende, qui s'ouvre sur l'enfer ! Non, vous plaisantez, bien sûr. Une bonne farce entre rats. Vous et vos « amis » – en tout cas ce qui s’en rapproche le plus en ce monde – avez découvert cet espace insensé, situé entre deux étagères, d'environ quarante centimètres, qui ne sert strictement à rien. Nul n'a jamais saisi pourquoi ces deux meubles n'ont jamais été adossés et les hypothèses ont toujours été bon train. L'affaire est maintenant réglée : pour se cacher (et se bécoter ? Non, bien sûr que non. C'est une chose qu'un bibliophile ne fait pas !). Pour donner sens à l'existence d'un pauvre vide délaissé, enfoncez-vous dans le 47

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