En avant les vacances VIII - Appels

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24 juillet, Marseille, France, Europe.

Il fallut trois journée entières à Honor pour réussir à prononcer une phrase sans éclater en sanglots. Depuis longtemps, Felicia avait décidé qu'elle ne lui poserait aucune question. Tout ce qui c'était passé entre elle et Edward, resterait entre eux. Mais il fallait quand même qu'elle revienne à la vie. Elle ne pouvait pas continuer à errer dans la villa et ses alentours comme un zombie.

Assis sur la terrasse, Felicia, Blake, Andris et Nik conversaient à voix basse.

— Vous pensez que c'est définitif ou juste une passade ? demanda Blake, en se penchant en avant.

— Sincèrement, j'espère pas qu'ils se remettront ensemble. Vu le mal qu'il lui a fait, il ne vaudrait pas qu'il puisse encore la faire souffrir.

Nik se tourna violemment vers Andris. Il ne s'attendait pas à ce que lui même ai prononcé ces mots. Parlait-il d'Honor et Edward ou plutôt de lui et Ekaterina ? Il n'arrivait pas à lire son regard. Ses yeux étaient masqués derrière une paire de verres teintés qu'il semblait particulièrement affectionner ces derniers temps.

Le téléphone de Blake se mit à vibrer. Elle le sortit de la poche et regarda l'écran.

— Qui est-ce ? interrogea Felicia en se penchant sur son épaule.

— Terrence. Il veut savoir comment je vais.

— Et tu ne lui réponds pas ?

Blake avait reposé son téléphone sur la table basse, écran tourné vers le ciel. Elle haussa les épaules.

— Je le ferais plus tard, répondit-elle simplement avant de se tourner vers les garçons pour reprendre la conversation.

Une seconde plus tard, le téléphone vibra de nouveau sur la table. Blake ne l'avait pas entendu, cette fois-ci, trop absorbée dans sa discussion. Felicia se pencha en avant et lu le nom de l'expéditeur.

— C'est qui, Chris ?

À la mention de ce nom, Blake se tourna vers elle.

— Comment tu connais... commença-t-elle à toute vitesse avant de repérer le téléphone dans les mains de son amie.

Elle l'arracha sans douceur et se leva d'un bond. Felicia entendit le glissement de la porte coulissante suivi d'un claquement signalant qu'elle avait été refermée. Chris. Elle n'avait jamais entendu ce nom dans la bouche de l'australienne. Un nouvel admirateur secret, peut-être ? Ou seulement un canular ? Est-ce qu'il y avait un lien avec le CO de la soirée pyjama ? Mais alors pourquoi avait-elle réagit de cette façon ?

Blake, enfin à l'abri des oreilles et des yeux indiscrets dans sa chambre, lut le message de Chris. Un simple « Je peux t'appeler ? ». Elle ne prit même pas la peine de rédiger une réponse et appuya sur le téléphone vert. Il décrocha presque immédiatement.

— Allô ?

— Chris, salut !

— Blake ! Comment vas-tu depuis la dernière fois ?

— Super bien... Dis : tu voulais m'appeler à quel sujet ?

24 juillet, NYC, New York, Usa, Amérique.

Elle rentre direct dans le vif du sujet, pensa Chris en se frottant la tempe. Un silence nerveux s'installa. Il souffla un coup : ce qu'il s'apprêtait à dire n'était pas vraiment dans ses habitudes. Il ne faisait jamais ça. Mais ses amis l'avaient convaincu.

Il se lança enfin, sans reprendre son souffle, comme un coureur s'élançant de la ligne de départ.

— Je me demandais si tu étais dispo la semaine prochaine pour venir à New York. On pourrait bosser sur la chanson.

Il retint sa respiration. La ligne d'arrivée n'était plus très loin. Tout dépendait d'elle.

— Je... Écoute, Chris, c'est super gentil. Mais je ne suis pas libre la semaine prochaine.

Non. Elle avait dit non. Son cerveau se déconnecta quelques secondes. Ses oreilles bourdonnaient et ses yeux se perdirent dans le vague.

Il revint enfin au présent.

— Je trouve que c'est une très bonne idée. Est-ce que le quatorze août te convient, à la place ?

Il n'était pas sûr d'avoir bien entendu. Il ouvrit les lèvres mais aucun son ne sortit. À sa deuxième tentative, il réussit à prononcer une phrase.

— Fantastique !

Il avait retrouvé un éclatant sourire.

Lorsqu'ils raccrochèrent, leur future semaine ensemble était totalement planifiée. Blake logerait chez lui et il lui servirait de guide durant son séjour. Il pouvait faire ça, c'était dans ses cordes.

Brusquement, il ressortit le téléphone qu'il avait déjà glissé dans sa poche. Il composa un numéro qu'il avait du apprendre par cœur il y a longtemps, à force de le composer. Landy était son meilleur ami, depuis toujours. Il l'appelait chaque fois qu'il doutait, chaque fois qu'une question tourmentait son esprit. Landy avait toujours une réponse à tout et, même si elle n'était pas parfaite, elle l'aidait à y voir clair. C'était lui, en grande partie, qui l'avait convaincu d'inviter Blake. Il devait lui apprendre la nouvelle.

La ligne sonna. Encore et encore. Jusqu'à ce qu'il tombe sur la messagerie. Chris ne laissa pas de messages. Landy ne les écoutait que tous les trois mois. La dernière fois était l'avant-veille. Autant dire que s'il laissait un message maintenant, il ne servirait à absolument rien, mis à part à remplir la boîte vocale de Landy. Il réessaya une seconde fois. Même résultat.

Il tenta le numéro de sa sœur. Diahann était en couple avec le frère aîné de Landy et elle passait plus de temps chez eux que dans son appartement. Si Chris n'avait aucune idée d'où se trouvait Landy, Diahann ou Shawn le savaient sûrement.

Elle décrocha rapidement. C'était comme si elle attendait son appel, juste à côté de son téléphone. Avant qu'il n'ait pu dire un mot, elle se mit à balbutier, d'une voix tremblante :

— Chris, s'il-te-plaît... ne t'énerve pas... (Sanglot.) Je préférerais que tu sois là mais sa mère ne veut surtout pas te déranger. (Nouveau sanglot.)

La suite n'était qu'une enfilade de murmures et reniflements incompréhensibles.

— Diahann, calme-toi. Je ne comprends rien de ce que tu racontes. Respire et réexplique-moi lentement.

Bien qu'il tentait de rassurer sa sœur, il commençait lui-même à paniquer. Pour que sa sœur, qui était à sa connaissance une des personnes les plus solides existantes, puisse se mettre dans un état pareil, il fallait qu'il se passe quelque chose de grave. De très grave, même.

24 juillet, Marseille, France, Europe.

Lorsqu’elle raccrocha, Blake resta un instant les yeux dans le vide. Bien qu'elle n'avait qu'une envie, sourire et ne jamais relâcher ses zygomatiques, elle n'osait pas le faire, de peur que quelqu'un dans la villa ne lui pose des questions qu'elle ne voulait pas entendre.

Son regard se posa par hasard sur le dernier message de Terence, qu'elle avait ouvert une demi-heure plus tôt sans lui répondre. Un bref instant, elle se sentit coupable de ne pas lui avoir répondu. Il était pourtant son meilleur ami et elle s'en voulait de le négliger.

Elle appuya sur l'item du téléphone vert et porta l'appareil à son oreille. Elle tomba sur la messagerie. Bien sûr, elle aurait du s'en douter. Avec un soupir, elle fourra l'appareil dans sa poche, sans laisser de message, et rejoignit ses amis.

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