En avant les vacances IX - Avec un grand A

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25 à 31 juillet, Marseille, France, Europe.

La dernière semaine du mois, contrairement aux jours précédents qui se traînaient à la lenteur d'un escargot, fila à la vitesse de l'éclair. Les jours se mêlèrent dans la tête des habitants de la villa et ne formèrent dans leurs souvenirs qu'une masse indistincte d'heures, d'anecdotes, de regards et de soleil.

Pour Maisie et Sun Mei, les deux seules personnes mariées de la maisonnée, ce n'était que des journées passés à deux, qui rattrapaient celles qu'elles avaient passé avec un océan entre elles. Elles dépensaient leurs journées et leurs nuits dans les bras l'une de l'autre si bien qu'on ne les nommait jamais séparément. C'était toujours Sun Mei-et-Maisie ou Maisie-et-Sun Mei. Jamais l'une sans l'autre. Les vagues prémices d'orage qu'elles avaient connus lors de l'anniversaire de Maisie étaient bien loin derrière elle et nul n'aurait pu croire que cette discussion avait réellement exister.

Contre tout attente, alors qu'Ekaterina et Andris persistaient à croire que l'autre n'existait pas tout en souffrant perpétuellement de sa présence, Antonio et Soraya passaient de plus en plus de temps tous les deux. Tout ce qu'ils faisaient ensemble était parfaitement innocent mais ces moments mis bout à bout avaient quelque chose d'étrange, comme si un lourd secret les liait. Bien sûr, Ekaterina avait remarqué qu'ils étaient de plus en plus proches. Antonio ne s'en cachait pas : le soir même, alors qu'il entourait Ekaterina de ses bras dans leur lit, il lui racontait une surprenante d'anecdote que Soraya lui avait conté. Et la jeune ukrainienne était forcée de reconnaître que cela était bien drôle.

Nik, le confident attitré de Kat et Andris, savait trouver en Felicia l'épaule qui lui manquait. Lorsque les confidences de ses deux amis devenaient trop pesantes à porter seul, il se livrait à la jeune femme et à deux, la charge était plus simple. Parfois, ils se réunissaient rien que tous les deux, sur un des bancs du jardin, à l'ombre d'un rosier en fleur, et sans souffler un mot, leurs yeux parlaient à leur place : ils souffraient pour leurs amis comme si chacun connaissaient les battements de cœur des deux ex et qu'ils sentaient se répercuter dans leurs propres émotions chaque fois qu'il se brisait. Bien que ni Felicia ni Nik ne l'eut évoqué à voix haute, tous les deux le savaient.

Par un sourire plaqué sur le visage, Honor essayait de donner le change. Cependant, la plupart du temps, elle errait comme un zombie. Au fond d'elle, tout n'était que tourbillon d'émotions violentes. Regrets, colère, désespoir, manque, passaient tour à tour dans son cœur et aucun ne la ménageait. Seules Felicia et Blake étaient capable de la ramener à la réalité. Toutes deux évoquèrent plusieurs fois l'idée de faire venir Liz et Jack – car elles étaient sûres qu'ils lui feraient oublier Ed – mais Honor refusa catégoriquement et elles n'osèrent pas s'opposer à sa décision.

Après de nombreux messages laissés, Blake eut enfin une conversation téléphonique avec Terence. Un nuit entière, ils parlèrent de tout et de rien, ne s'interrompant que pour bailler ou rire. Bien que le fait que Chris n'ai répondu à aucun de ses messages plombe un peu son moral, elle se sentait heureuse d'avoir retrouvé son meilleur ami à qui elle pouvait tout confier. Le seul sujet qu'elle évita se dénommait Chris. Étrangement, elle pouvait parler de Lem ou de Brook sans que cela ne pose de problème mais le nom de Chris restait bloqué dans sa gorge.

Ainsi se termina le mois de juillet. Le soleil, haut durant la journée, les invitait souvent à se rendre à la plage pour ne rentrer que lorsque leur appétit leur hurlait de le satisfaire. Ils passaient leurs demi-journées sur des transats, à l'abri des regards dans leurs chambres, ou bien sur un banc au milieu des roses. Le cycle des jours, matin, midi, après-midi, soir, nuit, était réglé sur une alliance de joie et de léthargie. Dans la villa des Tkachenko, on se sentait loin du monde, comme dans un bulle d'amitié. Car il n'y avait que cela qui comptait, ce lien fort qui les unissait tous d'une manière ou d'une autre. Les filles de KOBSE formaient un noyau uni autour duquel gravitaient les astres qui les avaient rejoints. Entre les disloqués, les amants et les amants disloqués, une seule chose leur permettait de tenir debout, leur incitait à se lever le matin, leur permettait d'esquisser un sourire, leur ordonnait de manger.

L'amitié avec un grand A.

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