Silence volés

2 minutes de lecture

(Ginny Weasley x Draco Malfoy – début de 6e année)

Le vieux piano de la salle de musique grinçait légèrement sous ses doigts.

Ginny avait découvert cette pièce par hasard, en fuyant une dispute dans la salle commune des Gryffondor. Elle n’y jouait pas vraiment — elle posait juste ses mains sur les touches, comme pour sentir quelque chose qui ne demandait pas de mot.

Elle appuya doucement sur une note grave. Puis une autre.

— C’est surprenant, Weasley. Je ne t’imaginais pas du genre mélancolique.

Elle sursauta. La voix venait de l’ombre, au fond de la salle.

Draco Malefoy.

Il s’adossait contre le mur, bras croisés, silhouette pâle dans la lumière grise de fin d’après-midi. Il avait les traits tirés, plus maigre que l’année précédente, les cernes plus marqués.

— Et moi je ne t’imaginais pas du genre à traîner loin des cachots, répondit Ginny sèchement.

Il esquissa un sourire sans chaleur.

— Touche juste. Je fuyais un groupe d’admirateurs de Slughorn. Je suppose que ça fait de nous deux des fugitifs.

Elle le fixa, méfiante. Il ne bougeait pas. Il ne la provoquait pas non plus. Et c’était bien ça le plus étrange.

— T’es pas censé être en train de jeter des sorts à des premières années, ou... je sais pas, cracher sur le sol à chaque fois que tu entends “Weasley” ?

Un silence. Long. Et puis, calmement :

— Je suis fatigué d’être ce qu’on attend de moi.

Ginny haussa un sourcil. Ça, c’était nouveau.

— T’as une drôle de façon de le montrer. T’as passé cinq ans à nous faire la guerre.

— Et toi, t’as pas exactement été tendre avec moi non plus, murmura-t-il, un éclat presque amusé dans les yeux.

Ginny détourna les yeux, agacée. Elle aurait dû partir. Lui balancer une pique, ou mieux, un sortilège. Mais quelque chose clochait. Il n’avait pas le regard vide et cruel qu’elle lui connaissait. Il avait l’air... humain.

— Tu joues ? demanda-t-il soudain, désignant le piano.

Elle secoua la tête.
— Pas vraiment. Ça m’aide juste à faire taire les voix.

Il ne répondit pas tout de suite. Puis, s’approchant lentement, il effleura une touche avec un doigt fin. Une note haute résonna, cristalline.

— J’aimerais savoir comment faire ça, murmura-t-il. Faire taire les voix.

Leurs regards se croisèrent, et pour la première fois, il n’y avait ni haine, ni défi, ni mépris. Juste deux élèves qui avaient grandi trop vite, dans un monde en train de s’effondrer.

— T’as pas ta place ici, Malfoy, dit-elle doucement.
— Peut-être. Et toi non plus.

Et il sortit, sans un mot de plus.

Ginny resta là, seule, le cœur un peu plus lourd, et un peu plus curieux.

Annotations

Vous aimez lire Destiny ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0