Ni ennemie, ni amie

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Depuis cette première nuit dans la Salle sur Demande, ils s’étaient revus.
Toujours au même endroit. Toujours à des heures improbables.

Jamais un mot échangé dans les couloirs. Jamais un regard, même quand ils se croisaient en Potions. Rien qui puisse trahir ce qu’ils partageaient là-bas, dans leur monde suspendu.

Et pourtant, dans la salle secrète, quelque chose se construisait. Lentement. Fragilement.

Ce soir-là, la pièce ressemblait à une serre chaude. Des plantes grimpantes couvraient les murs, de grandes fenêtres sans cadre laissaient entrer une lumière lunaire irréelle. Ginny était assise par terre, adossée à un vieux fauteuil. Drago, en face, les jambes repliées, roulait distraitement un parchemin entre ses doigts.

— Pourquoi moi ? demanda-t-elle, sans le regarder.

Drago ne répondit pas tout de suite.
Il haussa une épaule.

— Peut-être parce que tu ne me regardes pas comme eux.

— Comme qui ?

— Comme si j’étais déjà condamné.

Ginny le fixa un instant. Il ne mentait pas. Il n’essayait pas de la manipuler. Il disait juste… ce qu’il pensait.

— T’es pas le seul à te sentir coincé, tu sais, murmura-t-elle.
— Peut-être. Mais t’as toujours l’air de savoir où tu vas.

— C’est faux. J’avance. C’est tout. Parfois je fonce. Parfois je tombe. Mais je refuse de rester immobile.

Un silence.

— Moi, j’ai été immobile toute ma vie.

Il releva les yeux vers elle. Ils étaient plus ternes que d’habitude. Moins brillants, moins acérés. Il avait l’air… humain.

— Tu crois qu’on peut changer, Ginny ?

Elle inspira, surprise par la sincérité dans sa voix.

— Je crois qu’on peut essayer. Et que certaines personnes valent qu’on le fasse.

Il la regarda longtemps. Mais ne dit rien.

À la place, il se leva, fit quelques pas dans la pièce, comme s’il cherchait à fuir un poids trop grand.

— Tu sais, dit-il sans se retourner, mon père veut que je prouve ma loyauté cette année.

— À qui ? À lui, ou à quelqu’un d’encore plus dangereux ?

Il se figea.

Ginny se leva à son tour, croisa les bras.
— Je suis pas idiote, Malefoy. Je sais ce que la guerre prépare. Et je sais que tu y es mêlé.

Il se retourna lentement, les mâchoires serrées.

— Alors pourquoi tu viens ici ?

— Parce que je pense que tu détestes ça autant que moi.

Il s’approcha, pas à pas. S’arrêta à un mètre d’elle.

— Et si je deviens un monstre ? Si je fais ce qu’ils me demandent ?

Ginny le regarda droit dans les yeux.

— Alors je serai là pour te le rappeler. Et t’en empêcher.

Un silence. Bouillant. Pas de contact physique. Juste cette proximité électrique.

— T’as pas peur de moi, hein ? murmura-t-il.

— Si.
Elle marqua une pause.
— Mais j’ai plus peur que tu oublies qui tu es.

Et à ce moment précis, quelque chose changea. Ce n’était pas encore de l’amour. Ce n’était pas encore un baiser. C’était une promesse silencieuse : Je te vois. Je reste.

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