Rien dire, tout sentir

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Il ne la suivait pas. Il se le répétait comme un mantra.

Ce n’était pas du voyeurisme, ni de la jalousie. C’était… de la précaution. Voilà. Il voulait juste vérifier que rien ne lui arriverait. Parce que Ginny Weasley attirait les ennuis comme les mouches la potion de ratatinage.

Il l’avait vue sortir de la salle commune de Gryffondor, cape sur les épaules, ses cheveux rouges flamboyant même dans la pénombre du couloir. Il avait accéléré le pas, gardant ses distances.

Et c’est là qu’il les avait vus.

Elle. Lui. Ensemble.

Michael Corner, l’imbécile au sourire trop facile. Il l’attendait près de la verrière du couloir est, là où les torches créaient des jeux d’ombres trop parfaits.

Draco s’était arrêté, juste assez près pour entendre les voix étouffées. Assez près pour voir les mains se frôler, puis se rejoindre.
Et puis — ça.

Le baiser.

Long. Lent. Pas passionné, non. Mais intime. Complice.

Le genre de baiser qu’on donne quand on croit que personne ne regarde.
Le genre de baiser qu’on ne mérite pas de voir… surtout quand on n’est rien.

Draco ne bougea pas. Il ne détourna pas le regard.

Il se força à regarder. À encaisser.

Et quelque chose en lui se fissura.

Pas de rage. Pas encore. Mais une douleur sourde, brutale, comme un sort interdit qu’on se jette à soi-même.

Il la connaissait à peine. Ils n’avaient rien partagé, pas vraiment. Et pourtant…

Il y avait ce flacon.
Ce mot.
Ce contact.
Ce silence qu’elle n’avait pas fui.

Et maintenant, elle embrassait un autre.

Il avait envie de rire. De se traiter de naïf. D’idiot. De dire qu’il s’en fichait, que c’était prévisible. Que ce n’était qu’une Weasley, après tout.

Mais rien de tout ça ne venait.
Seulement cette brûlure, dans la gorge, derrière les yeux.

Il recula dans l’ombre. Doucement. Sans bruit.

Il ne dirait rien.

Parce que s’il ouvrait la bouche maintenant, il risquait de dire la vérité.

Et la vérité, c’était qu’il avait envie de l’embrasser lui aussi.
Pas par vengeance. Pas pour jouer.
Parce que ce contact, ce maudit frôlement de main… c’était la première fois depuis longtemps qu’il avait senti quelque chose de vivant.

Et maintenant, il n’avait plus que le vide.

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