Le silence dans la Salle sur Demande s’épaississait, enveloppant les trois figures comme un voile fragile et tendu. La lumière tamisée dessinait des ombres mouvantes sur les murs, ponctuant chaque silence d’une intensité presque palpable. Ginny sentit son cœur battre si fort qu’elle craignait qu’Harry l’entende.

Elle croisa le regard de Harry, ferme, patient, et prit une profonde inspiration.
— Harry… je veux que tu comprennes. Ce que tu as vu… ce n’est qu’une partie de l’histoire.

Sa voix était douce, tremblante, portée par la peur et le courage mêlés.
— Au début, c’était compliqué. Draco et moi, on se détestait presque, tu sais ? Chaque échange, chaque regard était chargé de haine. Mais un jour, en cours de potions, ce simple frôlement de doigt… ça a tout changé.

Elle regarda ses mains, serrées l’une contre l’autre.
— Ce contact a réveillé quelque chose en moi. Je ne pouvais plus le voir comme juste un ennemi. J’ai commencé à découvrir une autre facette de lui, quelqu’un de fragile, de perdu parfois. Et il a découvert moi, Ginny, la fille que personne ne voyait vraiment.

Harry hocha lentement la tête, ses yeux toujours fixés sur elle, emplis de douceur mais aussi d’inquiétude.
— Mais pourquoi ne m’en as-tu jamais parlé ?

Un frisson lui parcourut l’échine.
— Parce que j’avais peur. Peur que tu sois fâché, que Ron explose, que je perde des amis… Et parce que je ne savais pas où ça allait.

Le silence s’installa. Alors qu’Harry ouvrait la bouche pour répondre, la porte s’ouvrit doucement derrière eux, laissant entrer Draco. Son regard glacial balaya la pièce, mais il s’arrêta sur Ginny, qui lui adressa un signe discret.

Draco avança, les épaules droites malgré la tension qui vibrait dans l’air.
— Je suppose que c’est à mon tour, murmura-t-il, la voix rauque, presque étranglée par l’émotion.

Il se planta devant eux, et son regard perçant ne lâcha personne.
— Ginny… ce n’était pas simple pour moi non plus. Tu vois l’image que tout le monde a de moi : le fils Malefoy, arrogant, cruel. Mais il y a plus que ça.

Il prit une inspiration profonde.
— Quand je t’ai vue pour la première fois, je pensais que tu étais juste une Weasley parmi tant d’autres. Je ne voulais pas te connaître. Mais en te regardant, j’ai vu autre chose. Une force que je ne comprenais pas, une lumière dans ta façon d’être.

Draco se pinça les lèvres.
— Ce contact en potions… c’était un moment où j’ai voulu briser tous les murs que j’avais autour de moi. Parce que, pour la première fois, j’ai eu peur de te perdre, pas à cause de toi, mais à cause de ce que je suis.

Son regard s’adoucit lorsqu’il se posa sur Ginny.
— Je sais que ce que je porte est lourd. Je sais que je te mets en danger, même sans le vouloir. Mais malgré tout ça, je ne peux pas t’éloigner. Pas quand je ressens que tu es la seule personne qui voit vraiment qui je suis.

Harry écoutait, silencieux, les yeux brillants d’une émotion contenue. Ginny sentit un souffle de compassion et de compréhension s’installer entre eux.

— Je sais que vous êtes tous les deux différents, murmura Harry, la voix basse. Mais je veux juste que vous sachiez… que je serai là. Pour vous deux.

Ginny posa une main sur celle de Draco, les doigts s’entrelacèrent, scellant un pacte silencieux.

Dans cette nuit d’incertitudes et de révélations, trois cœurs battaient à l’unisson, prêts à affronter l’avenir.