Écoute-moi Ron

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Elle le trouva seul, dans une salle d’étude déserte du troisième étage, affalé sur une table, une plume entre les doigts mais aucune encre sur le parchemin. Ron ne l’avait pas entendue entrer. Elle referma doucement la porte derrière elle.

Il leva les yeux et la vit. Son visage se ferma immédiatement.

— Je ne veux pas parler, dit-il.

Ginny s’avança malgré tout.

— Je sais. Mais moi, j’en ai besoin.

Il soupira bruyamment, la regardant comme s’il était au bord de l’explosion.

— Pourquoi lui, Ginny ? Pourquoi lui ?

Elle resta debout devant lui, droite comme un pilier.

— Parce que je le vois. Parce que je vois qui il est, au-delà de son nom, au-delà de ce que tu crois savoir de lui.

— Et qu’est-ce que tu crois voir, toi ?! Un cœur brisé ? Un garçon perdu ?! Il vous a tous manipulés pendant des années !

Ginny s’approcha encore, son regard planté dans celui de son frère.

— Tu crois que je suis idiote ? Que je me laisse avoir par un joli visage et quelques mots doux ? J’ai vécu la guerre, Ron. J’ai souffert. J’ai été brisée. Et Draco aussi. Il ne m’a pas menti. Il m’a regardée comme personne ne m’a jamais regardée.

— Tu n’as pas besoin de ça, murmura Ron, presque suppliant. Tu n’as pas besoin de lui.

Ginny s’assit lentement sur la chaise en face de lui. Sa voix trembla légèrement, mais elle n’en détourna pas les yeux.

— Et si j’en ai envie, Ron ? Si c’est ce que je veux ? Tu ne peux pas choisir à ma place. Tu n’as pas ce droit.

Ron baissa enfin le regard. Elle vit ses doigts trembler autour de la plume, son dos tendu comme une corde sur le point de rompre.

— Je veux juste te protéger, souffla-t-il.

— Alors fais-le vraiment. Protège-moi de ceux qui me veulent du mal. Pas de ceux qui m’aiment.

Il releva la tête, ses yeux rougis par la fatigue et la lutte intérieure.
Le silence tomba entre eux, mais un silence différent cette fois. Moins hostile. Moins coupant.

— Est-ce qu’il t’aime vraiment ? demanda-t-il dans un murmure rauque.

— Oui. Et je l’aime aussi.

Ron ferma les yeux, comme si cette phrase avait été un coup porté en plein ventre.

— Je vais jamais pouvoir lui faire confiance.

— Je te demande pas de lui serrer la main demain. Je te demande juste… de ne pas me tourner le dos.

Il resta longtemps sans rien dire. Puis, dans un souffle :

— Tu lui diras que si un jour, il te fait pleurer, je le transforme en paillasson.

Un petit rire échappa à Ginny, tremblant, mais sincère. Elle se leva, fit le tour de la table, et passa ses bras autour de lui. Il hésita, puis répondit à l’étreinte.

— Je t’aime, idiot, murmura-t-elle contre son épaule.

— Moi aussi, crétine, répondit-il, la voix étouffée.

Et dans cette étreinte, il comprit que grandir, c’était parfois accepter l’inacceptable… par amour.

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