Chapitre 15 : Cap’tain Vaast Van Verhagen
Assouan, Louxor, Le Caire, et maintenant Alexandrie… Toujours pas la moindre trace de mes diamants. J’ai beau avoir usé mon fouet jusqu’à la corde, rien n’y fait. Oh comme il me tarde de faire payer à ces forbans le prix de leur audace.
Allongé sur des coussins d’orient brodés de fil d’or et de soie, le capitaine Vaast Van Verhagen devisait en caressant d’une main le crâne d’une panthère noire qui poussait de doux feulements de plaisirs. Les doigts du capitaines étaient déformés par l’arthrite.
Il avait adopté Chui un an plus tôt, lors de son précédent voyage en Afrique. C’est à ce moment-là qu’il avait découvert le Rivierweg, la route des fleuves, comme il aimait l’appeler. Lors d’une partie de chasse sur les rives du lac Victoria, il avait tué la mère de Chui, et recueilli la jeune panthère, alors à peine sevrée. La cruauté de Van Verhagen n’était pas uniquement dirigée contre les humains, et la malheureuse Chui était justement allongée sur la peau tannée de sa défunte mère. Il l’avait apprivoisée et dressée à coups de fouets forçant l’animal sauvage à lui obéir au doigt et à l’œil. La pauvre bête, peu rancunière, savait craindre son maître, et se satisfaire des rares moments de tendresse qu’il lui adressait. Le capitaine avait découvert avec la panthère, une autre forme de crainte chez ses subordonnés, et il lui suffisait de donner quelques maillons de lest à la chaîne de Chui pour faire disparaître tout sentiment d’adversité chez ses détracteurs.
— Capitaine, votre second souhaite vous parler annonça le valet qui surveillait sa tente.
— Fais-le entrer.
L’adolescent jeta un regard terrifié vers la panthère qui se léchait une patte, découvrant une canine brillante et acérée, puis disparut aussi vite qu’il était entré.
— Bien le bonjour, Capitaine. Comment allez-vous ?
— Trêve de politesses, De Bruyn. Quelles sont les mauvaises nouvelles que vous allez encore m’annoncer ? Les diamants sont introuvables ? Je le sais et je m’en doute.
Le second s’inclina et se releva avec peinte, le poids de son corps étant entrainé par la masse de son ventre proéminent. Il passa la main dans sa barbe de trois jours et se gratta nerveusement.
— En effet, toujours pas de trace des diamants. J’ai été voir le Fancy, qui mouille à Alexandrie, et ils n’ont pas eu vent d’une telle cargaison non plus. Cependant…
— Assez, je n’ai que faire de vos suppliques. Vous me désespérez, De Bruyn. Vous semblez passer plus de temps à vous goinfrer comme un pourceau fétide qu’à m’être utile. Si vous continuez ainsi, vous serez à point pour la pentecôte.
Chui émit un feulement avide et regarda le second avec une lueur gloutonne dans le regard.
— Visiblement, elle est de mon avis. Filez, maintenant ! Et empressez-vous de vous raser. A moins que vous ne préfériez que Chui s’en occupe ? Il parait que ses griffes sont aussi coupantes que la lame d’un rasoir.
Le second ne bougea pas.
— Et bien, qu’y a-t-il ? Ne m’as-tu pas entendu ? Déguerpissez !
— C’est que, capitaine, il y a autre chose.
— Parlez ! Mais faites vite. Je perds patience.
— Et bien, c’est au sujet des têtes des soldats que vous avez fait exposer sur le pont. Elles empestent et ont commencé à pourrir sous le soleil. Certains disent qu’il y ont vu des vers. Ils risquent de nous transmettre toutes sortes de maladies. Sans compter la horde de vautours qui rôde en cercles au-dessus de nous depuis des jours… cela met les hommes à cran.
— Qu’en est-il du Numide que j’avais fait pendre à la proue ?
— Celui-ci ne pose pas de problèmes, les crocodiles ont eu raison de son sort il y a plus d’une semaine.
Le capitaine hésita un instant, puis finit par céder.
— Soit. Laissez ces charognards se repaître de la chair de ces traîtres. Et jetez les restes par-dessus bord. Chui, as-tu envie de manger du vautour ?
La panthère acquiesça et s’étira de tout son long.
— De Bruyn, une dernière chose. Avez-vous vu Annika ? Cette putain est introuvable depuis hier.
— Elle est sous la tente de votre médecin, mon capitaine, elle soigne les brûlures que le soleil a infligé à sa peau laiteuse. C’est-à-dire que vous la forcez à se promener seins nus sous ce soleil de plomb…
— Serais-tu en train de critiquer la manière dont je traite mes esclaves ?
— Ce n’est pas une esclave, juste une prostituée d’Amsterdam…
— Il suffit. Tu auras droit à vingt coups de fouet pour cette insubordination. Et je t’ordonne d’en donner vingt de plus à Annika. Sur son dos nu. Nous verrons alors si la morsure du soleil est plus douce pour sa peau que celle du cuir.
Je suis en train de perdre toute autorité sur ce navire. Il me faut reprendre mes hommes en main au plus vite. Ou je risque la mutinerie. Un châtiment public devrait calmer les velléités des plus téméraires. Je suis décidément entouré d’incapables.
Van Verhagen se leva, Chui sur ses talons. Il contourna le grand tambour en peau de chèvre situé à la proue. Il détestait le silence de l’instrument. Lorsqu’il n’entendait pas son grondement régulier, il avait l’impression que ses hommes restaient oisifs. Et il n’avait pas tort. Les esclaves jouaient aux cartes dans les cales, une poignée de soldats montaient la garde tandis que le reste de la garnison vaquait à des occupations diverses. Cependant, chacun se raidit au passage du capitaine. Ou peut-être était-ce l’effet produit pas la panthère ?
Les têtes des soldats tués par Azimut et Dents-Longues avaient été retirées des piques et disposées sur le pont. Les vautours s’étaient posés et se repaissaient des restes putrides. Chui s’avança, silencieuse comme la mort, dans le dos des volatiles. Ses pattes repliées, prête à bondir, elle frôlait le sol avec une aisance féline. Parvenue à quelques pas des vautours, elle rassembla ses force et s’élança. Ses griffes se refermèrent sur les plumes grises du plus grand des vautours, tandis que les autres s’éparpillèrent en piaillant. Vaast regarda avec fierté son félin.
— Préparez le navire et prévenez les hommes, nous repartons pour Assouan, dit-il au bosco.
— Déjà ? Mais capitaine, les hommes sont éreintés, les esclaves à bout de force, ne pensez-vous pas qu’il soit plus judicieux…
— Qui êtes-vous pour discuter mes ordres ? Vous et De Bruyn n’êtes que des incapables! Vous passez votre temps à contredire mes décisions sans proposer aucune solution. Voilà des semaines que nous poursuivons en vain la vermine qui a osé dérober mes diamants. Je ne rentrerai pas sans les avoir récupérés.
— Le Fancy est prêt à appareiller, et les hommes insistent pour retourner auprès de leurs femmes, quant aux esclaves…
— Entendez-vous ce que je viens de vous dire ? Les hommes rentreront quand JE l’aurais décidé. Et si leurs femmes leurs manquent, qu’ils aillent se saouler et déverser leur humeur dans les bordels d’Alexandrie. Je leur laisse une journée de repos. Quant aux esclaves, emmenez-les au marché de la ville, et échangez les contre une fournée de numides frais, jeunes et musclés. est-ce que c’est clair ? Prévenez le Fancy de garder la sortie du Nil, et de contrôler toute embarcation qui tenterai d’en sortir. Nous trouverons la piste de ces maudits diamants.
Les ordres du Capitaine furent exécutés à la lettre. De Bruyn renouvela les esclaves et une fournée de jeunes Numides dans la force de l’âge fut enchaînée sur les bancs de rames, dans la cale de la trière. Il se chargea ensuite d’administrer les vingt coups de fouets à la pauvre prostituée qui n’avait rien demandé d’autre qu’un peu de répit, et il s’avéra que la morsure du fouet était bien plus douloureuse que celle du Soleil.
Le lendemain, la trière appareilla, fit demi-tour et remonta vers le sud. Le son familier du tambour apaisa les humeurs du capitaine hollandais. Deux Sambouks avaient été réquisitionnés pour escorter la trière, et perquisitionner les navires qu’ils croisaient en sens inverse. A chaque ville, les soldats questionnaient les aubergistes, inspectaient les maisons, les commerces et les marchés. Mais pas la moindre trace des diamants.
Peut-être ont-ils filé par le désert ? Ou alors sont-ils restés à Assouan ? Mais pour quoi faire ? Si seulement un de mes hommes avait survécu suffisamment pour me fournir une description détaillée des voleurs…
Tels des orpailleurs, ils passèrent le Nil dans le tamis de leurs filets, inspectant la moindre embarcation. Il leur fallu plus d’une semaine pour atteindre Louxor.
Là, ils apprirent que la ville était en ébullition à la suite de la fuite du célèbre voleur, Abu Kheldar, la veille de sa pendaison. Les Anglais étaient sur le qui-vive, mais n’avaient pas réussi à identifier les complices du voleur.
Le soir même, alors qu’il écumait les auberges de la ville, De Bruyn trouva enfin une piste. Un marchand d’esclaves anglais, gras et bedonnant, vitupérait en se noyant dans la bière, qu’il avait en sa possession un diamant d’une valeur inestimable. Le Hollandais demanda à deux soldats de se saisir du marchand, et le traînèrent hors de l’auberge. Ils l’aspergèrent d’un grand sceau d’eau glacée, afin de l’aider à désaouler.
— Montre ton diamant.
— Comment ?
— Fouillez-le.
Les soldats s’exécutèrent, ignorant les vives protestations de l’homme. Ils trouvèrent dans la poche de son veston un minuscule diamant dont la provenance ne faisait aucun doute.
— Où l’as-tu trouvé ? Je te conseille de me répondre le plus vite et le plus honnêtement possible, car l’homme que je sers n’est pas aussi clément que moi.
— Clément ? c’est un euphémisme, raillèrent les soldats.
Le marchand hésita, avant de vider son sac.
— Je l’ai échangé à un marchand Berbère. Il m’a demandé de lui vendre ma felouque contre ce cailloux. J’ai accepté, ma femme raffolant de ce genre de fantaisies. Il m’a même abandonné sa pirogue en échange.
— Comment était-il ? Avait-il des hommes ? un équipage ?
— Comme tous les Berbères, enturbanné dans un châle de couleur bleu nuit. Oui, il était à la tête d’une douzaine d’hommes.
— Montre-nous la pirogue, pour nous prouver que tu ne mens pas.
L’homme les conduisit jusqu’au port, où des dizaines d’embarcations identiques étaient amarrées aux pontons de bois.
— C’est celle-ci, dit-il en désignant une pirogue quelconque.
— Inspectez-la, ordonna De Bruyn.
Les soldats firent le tour du bateau, et ressortirent de la cabine, portant à deux mains le coffre de Nuremberg qui avait causé tant de nuits blanches à Dents-Longues.
— Il n’a pas menti, dit l’un d’eux, c’est bien le coffre qui nous a été volé.
— Comment s’appelle ta felouque ? demanda le second. Quand la leur as-tu vendue ?
— Le Ginger Harlot, répondit-il. Ils me l’ont achetée il y a une semaine environs.
— Et sais-tu dans quelle direction ils sont partis ? De quel endroit ils venaient ?
— Les Berbères sont des nomades. Ils sont ici et là-bas. Difficile de prévoir où le vent les mènera. Mais j’ai cru comprendre qu’ils comptaient remonter vers Assouan.
— Bien. Ramenez le coffre à la trière. J’espère que Van Verhagen sera satisfait de nos progrès.
— Et mon diamant ? réclama le marchand.
— Le diamant est à nous. Bien mal acquis ne profite jamais. Va, rentre chez toi, prends soin de ta femme et de la vie qui t’a été épargnée, aujourd’hui.
Ils laissèrent sur place le malheureux, coi, trempé jusqu’aux os.
— Capitaine, voici enfin une bonne nouvelle… Oh ! Pardonnez-moi !
Vaast se redressa et se rhabilla. Gisant sur la peau de panthère, Annika portait les marques de l’assaut du capitaine.
— Ce n’est rien, j’en avait terminé. Quelles sont ces nouvelles que vous m’annoncez ?
De Bruyn s’écarta, révélant le coffre de Nuremberg. Le visage de Van Verhagen s’éclaira, il sortit la clef qui pendait à son cou et l’inséra dans la serrure. Le mécanisme grinça et le coffre s’ouvrit. Vide. Le capitaine se rembrunit. De Bruyn lui tendit le diamant qu’il avait pris au marchand d’esclaves.
— Nous avons trouvé le premier des diamants volés. Et nous avons une piste. Nous retrouverons le Ginger Harlot et les inconscients qui ont osé vous voler.
Vaast prit le diamant entre son pouce et son index et regarda le soleil à travers la pierre étincelante. Puis il la fit tomber dans le coffre. Elle rebondit avec un tintement aigu.
— Le vent a tourné, dit-il. Voici la première pierre d’une longue série. Nous ne trouverons de repos tant que ce coffre ne sera à nouveau plein à craquer !
— Hourra ! crièrent les soldats, que la découverte du diamant avec égaillé de nouveau.
Ils ne mirent que trois jours à retrouver le Ginger Harlot, une trentaine de milles en amont. Grisés par les diamants, les hommes du capitaine berbère refusaient de ramer, et le vent de face ne les aidait guère. En outre, ils passaient le plus clair de leur temps à se saouler de vin et de chair dans les bordels des villages qu’ils croisaient. Le retour à Assouan, qui devait les voir arriver en héros triomphants, s’était transformé en une longue croisière de débauche et de honte. Ils ne virent même pas la trière fondre sur eux, et furent bien obligés de se rendre à l’évidence, leur idylle n’avait été que de courte durée.
Le capitaine berbère fut traîné devant le Hollandais. A son côté, Chui, affamée, se léchait les babines et ne cessait de grogner en le regardant. De Bruyn fit son rapport.
— Capitaine, nous avons fouillé le Ginger Harlot ainsi que tous les hommes. Nous n’avons trouvé qu’une poignée de diamants. Il y a là un peu plus d’un septième du trésor initial.
— Où sont mes diamants ?
— Pas nous. Diamants tous là.
CLAC ! Le fouet du Hollandais cingla le visage du prisonnier, gratifiant sa face d’une balafre écarlate.
Menteur. Où as-tu caché les diamants ?
— Pas moi, monsieur, pas moi.
CLAC ! CLAC ! CLAC ! le torse du Berbère rougit à son tour. Excitée par l’odeur du sang, Chui tirait sur ses chaines, les babines relevées révélant ses canines acérées.
— Tu ferais mieux de parler.
Il laissa du mou dans la chaîne et les crocs de la panthère se refermèrent à un pouce du visage de l’homme à genoux. Il s’effondra en pleurant.
— Je promettre, je promettre. Moi pas menteur. Nous partager diamants. Avec pirates. Nous simples pêcheurs. Eux voler coffre. Eux libérer Abu Kheldar. Pas nous. Pitié, seigneur ! Pitié.
— Des pirates ? interrogea-t-il. Quels pirates ? Dis m’en plus sinon…
CLAC ! Le fouet s’abattit sur le dos du prisonnier agenouillé.
— Des pirates. Rencontrés à Assouan. Eux nous demander de les conduite sur le Nil. Deux femmes. Une complètement folle. Azimut. Avec boussole cassée. La Chef, Zélia. Corset de cuir. Cheveux de feu. Très belle. Et deux hommes. Longue-Dents… Non.. Dents-Longues. Lui toujours se battre avec Zélia. A l’épée. Très fort. Toujours se battre avec elle. Et le dernier. Nid-de-Pie. Peau noire. Vue perçante. Parle peu. Eux volé diamants sur bateau à toi. Et ami à toi les rejoindre. Adherbal. Guerrier numide. Peau de panthère, comme elle. Grand, fort !
Adherbal. Ce Nègre a osé se donner un nom. Je l’ai formé, équipé, libéré de ses chaînes, et voilà qu’à la première occasion, il me trahit. Mais j’aurais sa tête, ainsi que celle de tous les autres.
— Mais trésor fermé. Impossible ouvrir les diamants. Alors eux libérer voleur Abu Kheldar. Voleur sans mains a ouvert le coffre. Et nous partagés les diamants. Ensuite nous séparer.
— Où sont-ils allés ?
— Je ne sais pas. Je ne sais pas, noooooon !
CLAC ! un nouvelle balafre lui fendit l’oreille en deux.
— Ils ont quitté Nil. Ils recherchaient caravansérail à Louxor. Traverser le désert. Nous quittés eux ensuite. Je pas savoir. Promis. Promis.
— Bien. Il nous a tous dit. Soldats. Tuez les rameurs.
— Non, pitié, maître. Pas tuer nous. Simples pêcheurs. Pitié. Nous avoir tout dit. Nous pas amis des pirates. Laissez-nous chance.
— Une chance ? Tu veux une chance ? Une chance de quoi, vermine ? Une chance de vivre ? Tu penses vraiment que ta condition misérable mérite la vie ?
— Capitaine…
— Quoi encore, De Bruyn ? Vous venez encore contredire mes ordres ?
— Ce pauvre homme nous a tout dit. Laissez-lui une chance.
— Tu as raison. Je vais lui laisser une chance. Chui ! viens ici ma belle.
Il retira la chaîne qui retenait la panthère. Elle émit un feulement docile alors qu’il lui grattait le menton.
— Cet homme pense qu’il mérite de vivre. Qu’en penses-tu ?
La panthère se retourna vers le Berbère et sortit ses griffes qu’elle planta dans les planches du pont de la trière. Le grondement sourd qu’elle adressa à son vis-vis ne présageait rien de bon. Il tremblait de tout son corps.
— Tout doux. Gentil Miaou, gentil Miaou !
— Doden ! ordonna Vaast, et la panthère se jeta sur le pauvre capitaine.
Les diamants des Berbères sonnèrent comme un carillon en tombant dans le coffre.
Bienvenue mes chéris, voilà que vous retrouvez vos frères et sœurs dans le ventre de papa. Mais ne vous inquiétez pas, papa ne laissera plus jamais personne vous approcher, je vous le garanti. Maintenant, direction Louxor. Tentons de retrouver ce fameux caravansérail, et avec lui, les pirates qui ont osé tenter de me dérober.
— De Bruyn. Dites aux rameurs de faire demi-tour, nous allons à Louxor. Et faites mander un message au Fancy. Qu’ils se renseignent sur les pirates du nom de Zélia, Azimut, Nid-de-Pie et Dents-Longues. Je veux tous savoir de ces quatre salopards.
Ou plutôt devrais-je dire, ces quatre morts-vivants.
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