IV

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John Stones déversait sa haine du gouvernement, son dégoût pour « ces grands cons en costard » qui les envoient se faire cribler de balles dans des pays dits « dangereux », « ces mêmes connards » qui leur disaient qu’ils servaient leur pays, qu’ils combattaient pour la cause des « Justes ». Depuis le début de son service, il avait été manipulé par les gens au-dessus de lui. Fier de défendre son pays face aux ennemis estampillés engeances démoniaques, John n’avait pas essayé d’en savoir plus.

Jusqu’à un événement terrible qui le changea du tout au tout. Lors d’une énième mission, dans les confins désertiques de l’Afghanistan, son bataillon avait pour ordre de tuer un des chefs d’une organisation terroriste. Retranchés dans un village pauvre et innocent, sa milice et lui attendaient patiemment l’arrivée des soldats. John l’apprit avant d’intervenir. Il alla voir son supérieur hiérarchique pour savoir comment procéder.

La réponse fut brève et si surprenante qu’il en était resté bouche-bée quelques secondes. « Rasez le village ». Les villageois portaient une arme malgré eux – il ne le sut que plus tard – mais son mal-être grandissait. L’apothéose de sa prise de conscience et de son aversion pour ce qu’il faisait survint lorsqu’il dû tirer sur un enfant d’une dizaine d’années.

L’arme à la main, le gamin avait visé – c’est ce que John comprit sur le moment – et il avait été obligé de riposter. Aucun tir de sommation. Dans ses cauchemars les plus obsédants et effrayants, il revoyait la balle dorée de son fusil M16A4 jaillir et fuser. Il se souvenait du bruit de l’impact lorsque le projectile avait défoncé la boîte crânienne du malheureux petit afghan.

Depuis lors, il ne cessait de vouloir tout savoir et tout comprendre avant d’accepter une mission. Ce qui le fit renvoyer des forces spéciales. Il avait alors cravaché pour réussir à rentrer dans la CIA. L’agence l’appelait lorsque les missions nécessitaient quelqu’un d’expérience et rompu aux horreurs de la guerre.

Le soir, après une journée passée au travail à collecter des informations sur telle ou telle menace, John rentrait chez lui, une petite maison à l’écart de la ville. Son rituel quotidien l’aidait également à tenir. A son retour, il prenait soin de son jardin et récoltait les fruits goûteux de son potager. Ensuite il prenait une douche bouillante et mangeait un bon plat. Le soir couchant, l’ex-Seal sortait l’un de ses nombreux disques durs externes sur lesquels un nombre incalculable de séries et de films y avait été téléchargés.

Enfin, John allumait son ordinateur portable et se connectait à son site pour écrire ou simplement parler. Et il s’endormait, paisiblement.

Sa réputation légendaire de soldat multiplement décoré lui donnait du crédit quant à ses paroles. Son passé lui permettait de ne pas être vu comme un illuminé adepte des complots. Chaque article faisait le buzz et était relayé sur d’autres sites plus renommés. Le nombre de ses lecteurs fidèles ne cessait de croître.

John avait à cœur de répondre à chacun des commentaires laissés sur ses écrits. Il conversait quotidiennement avec plusieurs fans, des personnes admiratives de sa sincérité et de son expérience. Des individus de tous bords. Des animateurs de télévision, des acteurs, des sportifs… tout le monde le lisait et l’écoutait. Ses idées touchaient et ses mots chamboulaient les âmes. Il cherchait la vérité et la trouvait, tel un sourcier mettant en lumière l’obscurité inhérente à l’espèce humaine.

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