V

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Quatre jours avant de se faire kidnapper, John avait publié un article aux petits oignons sur les Services secrets, les tortures qu’ils usaient et abusaient, les complots qu’ils fomentaient, les essais cliniques pour créer des meilleurs soldats, et plein d’autres choses. Néanmoins, les hautes sphères du pays ne s’en occupaient pas. Jusqu’à ce qu’il mentionne la probable existence d’une « institution regroupant les pires déchets de l’humanité qui œuvrait dans l’ombre, une prison regorgeant de psychopathes et de sociopathes ».

Cette information, il l’avait reçue d’une journaliste avec laquelle il s’était envoyé en l’air quelque jours auparavant. Journaliste d’investigation qui était connue pour ses articles qui appuyaient là où ça faisait mal. Brooke. Une brune électrisante aux yeux hypnotiques et au corps paradisiaque. Une étincelle dans la nuit, dans sa nuit. Il l’avait rencontrée dans un bar et l’avait abordée. Des blagues, des histoires sur son passé et, plusieurs shots plus tard, ils s’étaient retrouvés dans un lit et avait baisé toute la nuit. Alors qu’il revoyait son corps lascif et les coups de reins intenses qu’il lui mettait, John s’efforça de revenir au présent.

— Elle doit être morte à l’heure qu’il est, se dit-il.

Il avait donc évoqué la possibilité d’un établissement morbide sans foi ni loi, dans lequel l’immoralité régnait et où les Droits de l’Homme étaient bafoués ou même n’existaient pas. Dans une société reniant la liberté d’expression mais prétextant faire passer le vivant avant toute chose, cette révélation allait obligatoirement susciter un tollé mondial. Il le savait, mais il se devait d’en parler.

Pour la peine de mort et pour le fait d’infliger les sévices les plus abominables aux monstres humains, John n’aurait rien dit en temps normal. Ce qu’il n’aimait pas, c’était les sempiternelles cachotteries du gouvernement. Des mensonges que les puissants affirmaient comme une vérité pure et dure, le tout avec un aplomb phénoménal. Il avait rédigé cet article, ce réquisitoire bien senti, et s’était endormi juste après, le sourire aux lèvres, la satisfaction d’avoir divulgué quelque chose d’important au grand public.

Et maintenant, il voyageait dans un car, entouré de malades mentaux qui pourraient égorger n’importe qui si l’envie leur prenait, faire sauter un immeuble sur un coup de tête ou encore torturer une famille entière et ensuite violer chaque membre.

John secoua la tête, chassant les pensées morbides qui empoisonnaient son esprit. Dans les méandres sinueux de son esprit, la peur se distillait uniformément. Les horreurs des guerres qu’il avait vécues le hantaient déjà suffisamment. Et voilà que maintenant, il faisait le trajet avec des dingues ivres de violence.

Il tourna la tête et regarda le reflet que la vitre crasseuse renvoyait.

Un énorme bleu recouvrait le côté droit de son visage tuméfié, son arcade sourcilière gauche éclatée et du sang séché maculait ses lèvres fendues. Ses phalanges contusionnées le brûlaient. Perclus de courbatures, son corps tel un temple de douleur, l’ex-Seal gesticulait, essayant de trouver une bonne position pour soulager son dos meurtri. Même somnolant, il avait donné du fil à retordre aux agents chargés de sa capture.

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