VII

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Le gérant tira une bouffée du cigare émoussé et continua de parler, mais l’ancien Navy Seal ne l’écoutait déjà plus. Il savait qu’il allait mourir ici. C’était inévitable. Lui, qui pensait périr l’arme à la main en défendant son pays, en sauvant des innocents ou même de vieillesse dans un chalet qu’il aurait fait construire pour s’éloigner du monde, allait mourir entouré de fous furieux.

Barty Sanders fit un geste de la main et les portes vitrées s’ouvrirent instantanément.

Ils entrèrent en file indienne, escortés par des matons prêts à user de leurs armes à la moindre incartade, au moindre mouvement suspect. Un à un, ils passèrent l’entrée et se retrouvèrent dans un complexe gigantesque à plusieurs étages. L’architecture carcérale était des plus sobres, aucune couleur à part les lampes bleutées installées un peu partout à intervalles réguliers.

Des cellules pullulaient. Un nombre incalculable de prisonniers moisissaient dans des geôles minuscules. Après un rapide état des lieux, sa vision encore ébranlée par une douleur vive lui vrillant les tympans, John estima qu’il devait y avoir la place pour un simple matelas et un bidet.

Un vacarme assourdissant accueillit les nouveaux arrivants. Des insultes plus violentes les unes que les autres leur étaient destinées. Des noms d’oiseaux et des menaces de mort fusaient.

Barty leva la main et prit la parole. Tout le monde se tut immédiatement. John devina que s’il baissait la main, une sorte de décharge électrique irait calmer les prisonniers. Ou pire.

— Nous avons un invité spécial aujourd’hui. John Stones. Un vétéran de la guerre, ancien Navy Seal et j’en passe. Il est ici car il a tapé dans la fourmilière, il a dérangé la haute société. Ce sera lui qui ouvrira le bal.

Un des matons s’approcha et lui enleva son masque-muselière.

— T’as pas intérêt à faire de conneries, tu m’entends ? Sinon, je te le ferai regretter, menaça-t-il d’une voix rauque.

— Enlève-moi les chaînes et tu verras qui va le regretter.

La matraque se leva, mais avant de recevoir le coup, le directeur éleva la voix.

— Allons, allons, calmez-vous. Gardez vos forces monsieur Stones. Vous allez en avoir besoin. Comme je l’ai précédemment annoncé, vous allez être le premier.

— Le premier à quoi ?

— A jouer voyons ! Vous savez, surveiller ces pourritures, ça lasse à la longue. Il nous faut du divertissement. Tous les mois, on organise un tournoi…

— Qu’est-ce que vous racontez ?

Barty leva les yeux au ciel, se gratta la tête et respira un grand coup.

— Un tournoi, disais-je, dans lequel les nouveaux arrivants doivent réussir à atteindre le dernier étage de Tellas. La règle est simple…

— C’est quoi ces conneries ?

Barty s’approcha et lui asséna un violent coup de canne qui lui érafla sa joue déjà bien amochée. Le directeur recula, épousseta son costume et reprit :

— Dernière fois que vous m’interrompez Stones. La règle est simple : vous commencez au premier étage et à chaque victoire, vous montez. Au cinquième étage, si vous remportez l’ultime affrontement, vous gagnez. Tout simplement. Des questions ?

— Je gagne quoi ? cracha-t-il en se massant sa joue endolorie.

— Le droit de vivre.

— Qu’est-ce que…

Il n’eut pas le temps de parler, deux costauds le prirent par les épaules sans ménagement et le firent entrer dans la cage d’escalier. John leva ses mains attachées et effleura les barreaux. Ils semblaient constitués d’un alliage incassable.

— Tenez, vous allez avoir besoin de ça.

Barty lui jeta la clé des chaines qu’il s’empressa d’attraper entre le pouce et l’index. Une clé en bronze. L’ancien de la CIA la mit dans sa bouche et réussit tant bien que mal à se détacher. Il massa ses poignets et ses chevilles meurtris.

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