8 — Ce Que Nous Sommes: Ce Qui Résiste
La chambre d'Antonia était baignée par les premiers rayons de l'aube lorsque la fillette ouvrit les yeux. Elle resta immobile quelques instants, écoutant. Quelque chose n'allait pas. La maison était trop silencieuse — pas du silence paisible des matins ordinaires, mais d'un silence tendu, artificiel. Comme si on retenait son souffle.
Elle se redressa dans son lit, ses sens en alerte. Ses cahiers de mathématiques avancées étaient empilés sur son bureau comme d'habitude. Ses vêtements préparés pour la journée étaient posés sur la chaise, comme chaque matin. Pourtant, une sensation persistante lui soufflait que ce jour ne serait pas comme les autres.
Dans l'air flottait cette présence familière — ce froid subtil qu'elle avait d'abord perçu dans son rêve, puis au musée. Mais aujourd'hui, il semblait plus intense, plus défini. Comme si, quelque part dans Paris, le vide avait trouvé une direction.
Antonia se leva et s'approcha de sa fenêtre. Le jardin était normal. Le ciel était normal. Pourtant...
— Tu es réveillée.
La voix d'Irène la fit sursauter. Elle ne l'avait pas entendue entrer, ce qui était inhabituel. Irène se tenait dans l'encadrement de la porte, son expression parfaitement neutre. Trop neutre.
— Il y a eu un changement de programme aujourd'hui, annonça Irène. Monsieur Montalban souhaite que tu passes la journée à Superna Corps pour une série d'évaluations spéciales.
Antonia observa sa gardienne avec attention. La tension dans les épaules d'Irène. Le léger tic à la commissure de ses lèvres. La façon dont son regard évitait de croiser directement le sien.
— Pourquoi aujourd'hui ? demanda simplement Antonia.
Un battement d'hésitation. Imperceptible pour la plupart, mais pas pour elle.
— Des circonstances particulières. Habille-toi rapidement. Nous partons dans vingt minutes.
Lorsque Irène quitta la chambre, Antonia resta immobile, réfléchissant. Une évaluation imprévue. Un comportement inhabituel. Et cette sensation persistante de froid qui s'intensifiait.
Elle s'habilla mécaniquement, son esprit cataloguant les anomalies de ce matin. L'absence de Roxy. Le silence dans la cuisine habituellement animée par la radio. Le fait qu'Irène ait préparé des vêtements différents de ceux choisis la veille.
Dans sa poche, elle glissa discrètement le dessin du masque Dogon qu'elle avait réalisé. Une petite rébellion. Un talisman.
Le trajet vers Superna Corps se déroula dans un silence pesant. Irène conduisait elle-même — une première — et son regard vérifiait fréquemment le rétroviseur, comme si elle s'attendait à être suivie.
— C'est à cause du froid, n'est-ce pas ? demanda soudain Antonia.
Les mains d'Irène se crispèrent sur le volant.
— De quoi parles-tu ?
— Du froid qui n'est pas vraiment froid. De la personne aux yeux bleus du musée. De la raison pour laquelle Monsieur Montalban veut me voir aujourd'hui en particulier.
Le visage d'Irène se ferma complètement, devenant un masque impénétrable.
— Tu poses trop de questions, Antonia.
— C'est dans ma nature, répondit-elle simplement.
Pour la première fois depuis qu'elle la connaissait, Antonia vit une émotion qu'elle n'aurait jamais associée à Irène traverser son visage : le regret.
— Parfois, notre nature est précisément ce contre quoi nous devons lutter, murmura Irène, si bas qu'Antonia faillit ne pas l'entendre.
La voiture s'arrêta devant l'entrée privée de Superna Corps. Contrairement aux visites précédentes, un nombre inhabituel d'agents de sécurité était visible. Leurs regards balayaient constamment les environs, nerveux, vigilants.
Irène posa une main sur l'épaule d'Antonia avant qu'elles ne descendent de voiture.
— Écoute-moi bien, dit-elle, son ton soudain urgent. Quoi qu'il arrive aujourd'hui, quoi que Maxime te demande... n'oublie jamais que les choix restent possibles, même pour nous.
Antonia fixa Irène, surprise par cette soudaine intensité, par l'utilisation du prénom de Montalban sans le titre révérencieux habituel.
— Que va-t-il se passer, Irène ?
— Ce qui doit se passer, répondit sa gardienne, retrouvant son masque impassible. Viens maintenant. Ils nous attendent.
Le hall principal de Superna Corps était étrangement désert pour un jour de semaine. Leurs pas résonnaient sur le marbre poli tandis qu'Irène la guidait non pas vers les ascenseurs habituels, mais vers un couloir latéral qu'Antonia n'avait jamais emprunté.
Une porte discrète s'ouvrit sur un ascenseur différent — plus petit, sans boutons visibles, nécessitant une carte magnétique et une empreinte digitale d'Irène pour s'activer.
— Où allons-nous ? demanda Antonia, sentant l'inquiétude la gagner malgré elle.
— Niveau -3, répondit simplement Irène alors que l'ascenseur commençait sa descente silencieuse.
À mesure qu'ils s'enfonçaient sous la terre, Antonia sentit cette étrange résonance s'intensifier. Comme si quelque chose répondait à sa présence, s'accordait à sa fréquence. Pas le froid qui hantait ses rêves, mais quelque chose d'autre. Une présence.
Les portes s'ouvrirent sur un couloir blanc, aseptisé, qui ne ressemblait en rien aux espaces luxueux des étages supérieurs. Ici, tout était fonctionnel, clinique.
M. Klein les attendait, ses lunettes reflétant la lumière crue des néons. À côté de lui se tenait Maxime Montalban lui-même, impeccable dans son costume noir, son visage un masque de contrôle parfait.
— Bonjour, Antonia, dit-il avec cette douceur calculée qu'elle connaissait bien. J'espère que ce changement d'emploi du temps ne te perturbe pas trop.
Antonia l'observa attentivement. Comme toujours, son apparence était irréprochable, mais quelque chose dans sa posture trahissait une tension inhabituelle.
— Pourquoi suis-je ici ? demanda-t-elle directement.
Un sourire froid effleura les lèvres de Maxime.
— Toujours aussi directe. C'est ce que j'apprécie chez toi, Antonia.
Il fit un geste vers une porte.
— Nous avons préparé une série d'évaluations spéciales aujourd'hui. Quelque chose de... différent.
M. Klein s'éclaircit la gorge.
— Le Protocole Chrysalide est prêt, Monsieur Montalban.
Antonia perçut le léger raidissement d'Irène à ces mots.
— Qu'est-ce que le Protocole Chrysalide ? demanda-t-elle, sentant instinctivement que la réponse serait cruciale.
Maxime posa une main sur son épaule, un geste qui se voulait rassurant mais qui sembla à Antonia curieusement possessif.
— Une opportunité, Antonia. Un environnement spécialement conçu pour maximiser ton potentiel, sans distractions extérieures.
Une prison, comprit-elle instantanément. Une cage dorée.
— Irène et Roxy resteront avec moi ?
Un échange de regards entre les adultes.
— Pas immédiatement, répondit Maxime. Mais elles te rendront visite régulièrement.
Mensonge, décelait-elle dans le battement de cils, dans la tension de la mâchoire.
Elle sentit une peur glacée l'envahir, non pas pour elle-même, mais pour ce qu'elle commençait à comprendre — sa place dans un ordre qu'elle n'avait pas choisi, un rôle qu'on lui avait assigné sans son consentement.
— J'aimerais un moment pour me préparer, dit-elle, gardant sa voix aussi neutre que possible. Seule, s'il vous plaît.
Une hésitation traversa le visage de Maxime, rapidement maîtrisée.
— Bien sûr, concéda-t-il finalement. Irène te conduira à la salle de préparation. Nous commencerons dans quinze minutes.
La salle où Irène la conduisit était petite, fonctionnelle. Un canapé, une table basse, un verre d'eau. Une caméra de surveillance dans un coin, son voyant rouge clignotant régulièrement.
Dès que la porte se referma, Antonia se tourna vers Irène.
— Tu savais, accusa-t-elle doucement. Tu savais qu'il prévoyait de m'enfermer ici.
Irène ne nia pas, son visage devenant soudain las.
— Le Protocole Chrysalide a été développé il y a des années. Pour ta protection, Antonia.
— Protection contre quoi ?
— Contre ce qui s'approche, répondit Irène, son regard se dirigeant brièvement vers la fenêtre. Contre ce qui pourrait te détruire... ou être détruit par toi.
Une image s'imposa à l'esprit d'Antonia — des yeux bleus dans un visage pâle, une main effleurant un masque africain.
— La personne du musée, murmura-t-elle. Celle qui laisse le froid derrière elle. Qui est-elle?
Le regard d'Irène se durcit.
— Je dois te laisser maintenant. Reste ici, Antonia. S'il te plaît. Pour ta propre sécurité.
Avant qu'Antonia puisse protester, Irène sortit, la porte se verrouillant automatiquement derrière elle.
Restée seule, Antonia observa la pièce plus attentivement. La caméra. La porte verrouillée. La fenêtre qui donnait sur un couloir désert.
Elle sortit lentement son dessin du masque Dogon de sa poche, le contemplant pensivement. Yurugu, l'être incomplet, éternellement en quête de sa moitié perdue. L'être qui erre dans le vide.
Une décision se forma en elle — pas une décision de la Gourmandise, avide et dévorante, mais celle d'Antonia, l'enfant qui commençait à comprendre sa propre nature, ses propres choix.
Elle s'approcha de la caméra et leva son dessin, comme pour le montrer à quiconque surveillait. Puis, délibérément, elle le posa sur la table, bien en évidence.
Ce n'était pas un geste anodin. C'était un signal.
Se dirigeant vers la fenêtre, elle pressa son front contre le verre froid, fermant les yeux. Si le froid pouvait la sentir comme elle sentait le froid, peut-être...
Antonia se concentra, non pas pour absorber ou dévorer comme elle le faisait habituellement, mais pour projeter — un appel, une invitation, une reconnaissance.
Je te sens. Je sais que tu es là, quelque part. Je t'attends.
Dans la salle de contrôle plusieurs étages au-dessus, Maxime observait les écrans de surveillance, son visage impassible. L'image d'Antonia, front pressé contre la vitre, semblait le narguer.
— Elle résiste, nota M. Klein, ajustant ses lunettes.
— Non, corrigea Maxime, ses yeux ne quittant pas l'écran. Elle appelle.
Un instant plus tard, une alarme silencieuse s'activa sur un moniteur périphérique.
— Intrusion détectée, entrée principale, annonça une voix désincarnée.
Sur l'écran, une silhouette pâle franchissait les portes de Superna Corps, les gardes s'écroulant sur son passage comme des marionnettes dont on aurait coupé les fils.
— Ace, murmura Maxime, un mélange de résignation et de détermination durcissant ses traits. Activez immédiatement la phase deux du Protocole Chrysalide. Transférez Antonia dans la chambre de confinement.
Dans sa petite salle d'attente, Antonia sentit soudain la porte s'ouvrir. Deux hommes en uniforme de sécurité entrèrent, leurs visages soigneusement neutres.
— Mademoiselle Valois, veuillez nous suivre, s'il vous plaît, dit le premier, sa voix professionnelle mais tendue.
Antonia se leva lentement, saisissant son dessin du masque Dogon. Une légère vibration parcourait maintenant le bâtiment — subtile, presque imperceptible, mais bien réelle. Les lumières vacillèrent un instant, puis se stabilisèrent.
— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle, bien qu'elle commençât à le deviner.
— Simple mesure de précaution, mademoiselle. Par ici, s'il vous plaît.
Ils la conduisirent dans un couloir, puis un autre, descendant encore d'un niveau. Antonia notait mentalement chaque tournant, chaque porte. La vibration s'intensifiait à mesure qu'ils s'enfonçaient dans les entrailles du bâtiment. Le froid aussi — pas un froid désagréable, mais cette sensation particulière qu'elle connaissait maintenant.
Il — ou elle — était là. Dans le bâtiment.
Ils arrivèrent finalement devant une porte blindée portant la mention « Chrysalide : Environnement Primaire ». L'un des gardes passa sa carte sur le lecteur, puis composa un code.
La porte s'ouvrit, révélant...
Sa chambre. Ou du moins, une réplique parfaite de sa chambre. Chaque détail était reproduit avec une précision troublante — sa coiffeuse verte, ses livres, même la petite égratignure sur le bord de son bureau. Mais quelque chose sonnait faux. La lumière, peut-être, trop uniforme. L'air, trop filtré. L'absence totale de bruits extérieurs.
— Nous vous laissons vous installer, dit le garde. M. Klein viendra vous voir sous peu pour la première évaluation.
Avant qu'elle puisse répondre, ils ressortirent, la porte se refermant avec un chuintement pneumatique.
Antonia s'approcha lentement de la fenêtre. Le paysage parisien s'étendait au-delà du verre, baigné dans la lumière dorée du matin. Exactement comme ce matin, réalisa-t-elle. Pas un nuage n'avait bougé.
Elle tendit la main vers le verre, puis s'immobilisa. La lumière du jour n'avait pas changé depuis son réveil. Elle posa un doigt sur la vitre. Froide, mais pas comme du verre. Comme un écran.
Une simulation. Une prison parfaite, conçue pour la garder occupée, contenue, pendant que quelque chose d'important se déroulait à l'extérieur.
Antonia recula jusqu'à s'asseoir sur le bord du lit parfaitement fait — trop parfaitement fait. Ses doigts se crispèrent sur son dessin du masque Dogon, la seule chose réelle dans cette réplique parfaite.
Les lumières vacillèrent à nouveau, plus longuement cette fois. Dans les murs, elle sentit une vibration plus forte, comme si le bâtiment lui-même frissonnait.
Quelqu'un — ou quelque chose — se rapprochait.
La porte s'ouvrit à nouveau. M. Klein entra, son visage plus tendu qu'elle ne l'avait jamais vu.
— Nous devons commencer immédiatement, Antonia, annonça-t-il, déposant une liasse de documents sur le bureau. Monsieur Montalban attend les résultats rapidement.
Elle s'approcha lentement du bureau. Cinq séries d'équations différentielles s'étalaient devant elle, plus complexes que tout ce qu'on lui avait jamais présenté.
— Concentre-toi, Antonia, insista M. Klein, ses lunettes reflétant la lumière artificielle. Monsieur Montalban attend les résultats dans vingt minutes.
Antonia fixa les symboles mathématiques qui, habituellement, éveillaient en elle une faim dévorante. Aujourd'hui, ils semblaient ternes, sans saveur. Car à la périphérie de ses sens, elle percevait autre chose. Une absence qui approchait. Un froid qui appelait.
— Je ne peux pas me concentrer, dit-elle simplement.
Le visage de M. Klein se contracta d'inquiétude.
— Tu dois essayer, Antonia. C'est important. Plus important que tu ne peux l'imaginer.
— Pourquoi ? demanda-t-elle, levant les yeux vers lui. Qu'est-ce que la Gourmandise craint tant de l'Absence ?
La stupéfaction se peignit sur le visage de M. Klein, rapidement remplacée par une méfiance aiguë.
— Qui t'a parlé de ça ? demanda-t-il, sa voix perdant son calme professionnel.
Antonia ne répondit pas directement.
— Elle s'appelle Ace, n'est-ce pas ? La personne qui vient. Celle dont Monsieur Montalban a peur.
M. Klein recula d'un pas, visiblement ébranlé.
— Comment sais-tu—
Les lumières s'éteignirent complètement, plongeant la pièce dans une obscurité absolue. Puis elles revinrent, plus faibles, comme alimentées par un générateur de secours.
— Elle est proche, murmura Antonia, à la fois effrayée et étrangement excitée. Elle me cherche, n'est-ce pas ?
M. Klein se précipita vers la porte, la déverrouillant avec des gestes frénétiques.
— Reste ici ! ordonna-t-il. Quoi qu'il arrive, ne quitte pas cette pièce !
Il disparut dans le couloir, la porte se refermant automatiquement derrière lui. Mais dans sa hâte, il avait commis une erreur — la porte n'avait pas cliqué, signe qu'elle ne s'était pas complètement verrouillée.
Antonia resta immobile un long moment, écoutant. Les vibrations dans le mur s'intensifiaient. Quelque part au-dessus d'elle, elle percevait des mouvements, des voix alarmées, le son distinct d'une alarme lointaine.
Sa décision fut prise en un instant. Pas celle d'une enfant de six ans effrayée, mais celle d'un être qui commençait à comprendre sa véritable nature, son véritable pouvoir.
Elle se dirigea vers la porte et la poussa doucement. Elle s'ouvrit sans résistance.
Le couloir était faiblement éclairé par des lumières d'urgence. Désert. Dans un sens, elle percevait une agitation — des voix, des pas précipités. Dans l'autre, un silence parfait et cette sensation de froid de plus en plus intense.
Antonia n'hésita pas. Elle tourna le dos à l'agitation et marcha vers le silence, vers le froid.
À chaque pas, la sensation s'intensifiait. Ce n'était plus simplement un froid — c'était une présence, une entité aussi réelle que les murs qui l'entouraient. Elle savait désormais qu'elle marchait vers quelque chose d'essentiel, un point de convergence vers lequel toute sa vie semblait l'avoir menée.
Les couloirs se succédaient, tous identiques dans leur blancheur clinique. Les lumières d'urgence projetaient des ombres rougeâtres qui dansaient sur les murs. Par moments, elle entendait des bruits de pas au loin, mais personne ne croisait son chemin. Comme si le bâtiment lui-même s'était vidé, anticipant une rencontre qui ne souffrait aucun témoin.
Antonia s'arrêta devant une dernière porte. Le froid était presque tangible maintenant, pas désagréable mais intense, comme une présence qui attendait juste de l'autre côté. Sur la porte, une plaque discrète indiquait : « Protocole Chrysalide - Accès Restreint ».
Elle tendit la main vers la poignée, sentant une étrange chaleur monter en elle — non pas la faim habituelle, mais quelque chose de plus profond, de plus fondamental. Comme si une partie d'elle-même qu'elle ignorait jusque-là s'éveillait enfin.
La porte s'ouvrit avant même qu'elle ne la touche.
Et là, au centre d'une pièce aux murs couverts d'écrans, se tenait une femme aux cheveux noirs et aux yeux d'un bleu presque phosphorescent. Grande, pâle, avec cette aura d'absence qui avait hanté ses rêves.
Leurs regards se croisèrent, et le monde sembla s'arrêter de tourner.
Le vide rencontra la faim.
L'absence trouva son écho.
— Je t'ai vue dans mes rêves, dit simplement Antonia, sans peur, sans surprise, comme si elle avait attendu ce moment toute sa vie. Tu es celle qui a froid.
La femme la regardait avec une intensité troublante, comme si elle découvrait quelque chose d'infiniment précieux et incompréhensible à la fois.
— Et tu es celle qui a faim, répondit-elle doucement.
Avant qu'elles ne puissent échanger un mot de plus, une voix tranchante brisa le moment.
— Éloigne-toi d'elle, Ace.
Maxime se tenait dans l'embrasure d'une autre porte, son costume noir impeccable contrastant avec la pâleur de son visage. Dans ses yeux brillait une émotion qu'Antonia n'avait jamais vue chez lui auparavant.
La peur.

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