Chapitre 1

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On ne peut pas rêver mieux comme cadre idyllique pour passer des vacances. Le côté sauvage des plages de Biscarrosse compose un paysage totalement farniente avec l'écho des rouleaux de l'océan qui s'abattent sur le sable fin qui se glisse entre les orteils en éventail.

Une jolie souche à la courbure pleine d'originalité est dréssée au second plan, la main gauche de Serena prend d'ailleurs appuie et ses lèvres bécotent la joue de sa mère, toute aussi rayonnante que sa fille.

Les mains de Serena se mettent à trembler, difficile pour elle de voir la réalité s'abattre comme une giffle en pleine figure. La jeune femme perçoit le brouillement de sa vue, d'un fin voile qui finit par s'épaissir, respirer lui est même compliqué comme si un étau vient à cet instant lui comprimer la poitrine. Tout ce qui lui reste du souvenir de sa mère ce sont les moments imprimés dans sa mémoire et les vieilles photos qui lui rappellent qu'elle appartient au passé.

Bien qu'elle avait eu douze mois pour se préparer à la disparition tragique de sa maman, sa peine et sa souffrance ne s'étaient toujours pas estompés en l'espace de six mois. '' Prêt ? Je crois qu'on ne l'est jamais pour la perte d'un être cher '', pense t-elle intérieurement.

Elle a le sentiment de ne pas avoir assez profité de sa mère lorsqu'elle faisait encore partie de ce monde. Pourtant Serena n'a aucun reproche à se faire, elle a toujours été fusionnelle avec sa maman et a su l'accompagner jusqu'à son dernier souffle, pour ce long voyage que l'on appelle : la mort.

Accepter la proposition de son meilleur ami pour passer les vacances sur la côte Ouest serait de devoir affronter les démons de son passé. Les souvenirs de 2013 qui auparavant étaient heureux sont à présent remplis de tristesse.

La jeune femme a le regard vide, anéanti. Un vécu lourd se fait ressentir lorsque l'on croise ses magnifiques iris vertes comme des émeraudes. Il n'y a plus cet éclat qui pétillait lorsqu'elle était pleine d'engouement, lorsqu'elle croquait la vie à pleines dents.

La vie est une garce avec elle, elle lui a retiré tout ce qui comptait le plus à ses yeux et rien que pour cela elle continuera de ressentir cette rage qui ne cèsse de s'accroître tout au fond de son coeur meurtrit.

Lorsque sa mère est décédée, Serena a pleuré toutes les larmes de son coeur, aujourd'hui elle se l'interdit. C'est un chagrin qui ne s'exprime pas toujours par des larmes mais qui ronge le coeur. La petite étincelle qui sommeillait en elle s'est consumée. C'est plus évident pour la jolie femme de faire mine d'aller bien que d'expliquer à tous le contraire.

Mais son meilleur ami connait sur le bout des ongles le code qui permet de dévérouiller le cadenas de son coeur. Elle voit en Guerric un homme fort et protecteur, le seul en qui elle a confiance.

  • Changer d'air te fera le plus grand bien, affirme t-il. Tu ne vas quand même pas passer l'été à déprimer, ça ne te ressemble pas !

Sa main épouse celle de Serena qui ne répond rien. Parfois un silence dit plus de choses que des paroles, Guerric est dans l'impuissance, il a tout essayé. Même la prendre dans ses bras ne suffit pas à apaiser sa tristesse, à faire office de pansement. Elle a imploré le ciel un paquet de fois, les yeux mouillés pour demander la force de continuer. Serena est mentalement épuisée, errant comme un fantôme.

  • Ecoute, tu réfléchis à ma proposition et on en rediscute plus tard, reprend Guerric.

Il lui fait un clin d'oeil et soutient le menton de son amie pour plonger son regard dans le sien. Sa mèche acajou vient retomber de manière lâche sur son visage, Serena la repousse en arrière. Guerric vient lui rendre visite tous les jours, reste une paire d'heures pour soutenir sa meilleure amie puis s'éclipse lorsque le silence devient trop pesant pour poursuivre une conversation.

  • Je file, j'ai encore les réservoirs à remplir, un peu de temps à passer sous le capot avant les vacances. On se textote, je t'adore Serena et j'espère vraiment que tu apporteras une présence féminine pétillante durant nos vacances !

  • Pétillante n'est pas le mot, Guerric. Tu auras plus l'impression de traîner un boulet, renchérit-elle. On verra, je ne sais pas trop pour ces vacances...

  • Tu as encore quelques jours pour faire mûrir tes réflexions, bisous princesse !

  • Bon courage dans ta mécanique, s'exprime t-elle après avoir enfin décroché un sourire. Je t'adore aussi !

Guerric a déjà tourné les talons, Serena se laisse partir le dos qui s'enfonce dans le matelas et soupire. Il a toujours su la persuader et la convaincre, elle pouffe, ses doigts tiennent la photo juste au dessus de sa tête.

Même si elle a déjà programmé en amont la fermeture du salon de coiffure, elle a du mal à se voir ailleurs qu'au travail. Sa passion est ce qui la maintient en survie.

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