Au fil de l'eau

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Toulouse, Boulevard Montplaisir – Canal du Midi

Ange arriva au bord du canal en même temps que le substitut Madur. Juliette Delhuine était déjà sur place ainsi que les pompiers et une équipe scientifique.

« Qu’est-ce que nous avons là, Commissaire ? demanda Madur.

— Je n’en sais pas plus que vous, monsieur le Substitut. Allons demander au capitaine Delhuine. »

Juliette avait été appelée un peu plus tôt. Le propriétaire d’une péniche amarrée le long du canal avait cru voir un corps qui flottait à proximité. Il avait appelé le 17. Les policiers avaient eux-mêmes demandé les pompiers pour repécher le corps. Les deux hommes s’approchèrent de la civière sur laquelle reposait le corps d’une jeune femme blonde, entièrement nue.

« Comment est-elle morte ? demanda le magistrat. Noyade ?

— Nous ne vous aurions pas dérangé pour ça. Regardez ! »

Juliette fit un signe à deux hommes qui retournèrent le corps.

« Trois balles dans le dos ! et pas du petit calibre. Ça peut difficilement passer pour un suicide.

— Vous pensez qu’elle est dans l’eau depuis longtemps ?

— C’est le légiste qui le dira, mais selon les pompiers, qui ont une certaine habitude, le corps n’est pas encore dégradé. De plus, il n’y a pratiquement pas de courant dans le canal. Elle ne serait pas passée inaperçue.

— Tu as interrogé le voisinage ? demanda Ange.

— On commence tout juste. Lacaze est allé voir le gars qui a remarqué le cadavre ce matin, il habite sur la péniche en face, mais il n’y a pas grand monde qui vit à proximité.

— Vérifie s’il y a des caméras dans le secteur, elle n’a sûrement pas été tuée ici. On a dû utiliser un véhicule pour l’amener sur la rive et la jeter à l’eau.

— On a identifié le cadavre ? demanda Madur.

— Elle n’avait pas ses papiers sur elle, répondit Juliette avec un ton sarcastique.

— Je vous en prie, Capitaine, c’était une question de procédure.

— Je peux ajouter qu’il s’agit d’une femme, blanche, cheveux blonds, taille entre un mètre soixante-dix et un mètre soixante-quinze. Autre chose ?

— Merci Juliette, déclara Ange pour mettre fin à l’escarmouche. Monsieur le Substitut, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, nous allons faire emmener le corps à l’IML. Nous vous communiquerons les informations au fur et à mesure.

— Deux morts violentes en deux jours, ça fait beaucoup, vous ne trouvez pas ?

— Rien ne nous permet de relier les deux dossiers, Monsieur.

— Espérons-le, Commissaire. Nous ne voulons pas d’une guerre dans cette ville. J’attends vos premières conclusions au plus vite. »

Madur parti, Ange se tourna vers sa jeune subordonnée.

« Il n’a pas tout à fait tort. Le fils d’un caïd est assassiné par un professionnel et deux jours plus tard on retrouve dans le canal une fille nue, abattue de trois balles dans le dos. C’est pas une querelle d’amoureux ou une épouse maltraitée. À quoi tu penses en regardant cette femme ?

— Elle n’a pas vraiment l'allure des femmes de la région. Elle a plutôt le type slave.

— Pose la question au légiste, qu’il cherche des signes qui pourraient nous orienter, les soins dentaires, une intervention chirurgicale, chaque pays a ses spécificités. Vois avec Doumeng pour qu’il pratique l’autopsie au plus vite. Le temps joue contre nous et je sens que la pression va rapidement monter. Tu interroges aussi les services pour savoir si une personne correspondant à la description cette femme a été déclarée disparue ces derniers jours.

— Bien sûr, je m’en charge dès que je rentre au bureau.

— Qu’est-ce qu’on a comme jeunes femmes de l’Est à Toulouse ?

— Des étudiantes, principalement.

— Envoie une équipe sur les campus avec une photo, pas trop moche. Fais passer le mot aux équipes de terrain. Et sinon ?

— Des prostituées !

— Passe chez Fallières, aux Mœurs. Demande-lui ce qu’il a sur une filière d’Europe de l’Est.

— Je dois passer chez Belkacem avec Sam tout à l’heure. Tu crois qu’il peut être derrière ce meurtre ?

— S’il pense que ce sont des Russes qui ont tué son fils, alors oui, ça peut être cohérent, mais allez-y doucement, ce type est dangereux.

— Qu’est-ce qu’on peut lui dire ?

— Ce qu’il apprendra tôt ou tard. Ce qu’il y a dans le rapport d’autopsie et sur les vidéos. À ce propos, vous avez pu exploiter les caméras du métro ?

— On a à peine commencé, c’est un boulot énorme. J’ai envoyé un stagiaire au PC central de Tisséo. On sait que le tueur a remonté la rue d’Alsace-Lorraine, on le voit sur les caméras de plusieurs banques et devant le magasin Zara. Ensuite il disparait. On va voir s’il est descendu sur les quais à la station Capitole.

— Très bien, on fait un point ce soir vers dix-huit heures. »

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