Guet-apens

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Toulouse, Campus de Rangueil – Université Paul Sabatier

Depuis la veille, Kamel avait demandé à deux hommes, ainsi qu’une femme, plus discrète, de rester à portée de vue de Yassine. Plutôt que de dissuader l’adversaire par une présence trop visible, Kamel espérait que l’homme blond se montrerait à nouveau. La veille, Rachid lui avait fait part des informations obtenues de la putain russe. Il ne faisait plus de doute qu’une nouvelle bande essayait de s’implanter sur leur territoire. Il était vital d’en savoir plus. Les consignes étaient claires, toute l’équipe avait le signalement de l’intrus, le premier qui le repérerait devait prévenir les autres et ensuite, le groupe interviendrait pour l’immobiliser avant que Kamel ne passe le ramasser pour l’amener à la boutique. Le plan avait certes quelques failles et ne pouvait pas se réaliser en cas de forte affluence d’étudiants, mais Kamel pensait que ce facteur jouerait dans le même sens pour l’ennemi.

À l’heure de la reprise des cours, après la pause méridienne, les téléphones des trois guetteurs vibrèrent en même temps. Yassine venait de reconnaitre la silhouette recherchée. Seul problème, il n’était pas seul. Une jeune femme l’accompagnait, en tenue paramilitaire, des piercings visibles dans les narines et sur le lobe de ses oreilles. Son allure évoquait la brutalité pure. Yassine appela Kamel pour lui demander des instructions.

« Si vous vous sentez de taille à les affronter, tentez votre chance, mais je ne pourrai en prendre qu’un ! Si vous craignez de ne pas avoir le dessus, évitez le contact.

— Par surprise, on a nos chances, mais on va en laisser un sur le carreau !

— Essayez juste de ne pas vous faire repérer. Si tu peux, attire-les vers une zone proche d’un parking.

— Je suis dans le secteur des résidences universitaires, près de la fac de pharmacie.

— Ça marche, il y a plusieurs parkings par là.

— Je crois qu’ils m’ont repéré, je me replie vers le Tripode. »

Yassine s’éloigna doucement, passant à proximité du métro pour se diriger vers le parking de la cité U sur lequel stationnaient de nombreuses voitures. Les trois comparses suivirent le mouvement pour nasser les deux adversaires. Yassine n’était pas fier. Il n’était pas un homme de main, juste un petit dealer, peu habitué au combat. Voyant l’homme et la femme se rapprocher, il s’arrêta et leur fit face, les bras levés.

« On peut dire que tu nous a bien baladés, déclara Youri Mentov. Tu pensais que j’allais t’oublier ? Tu as réfléchi à ma proposition ? Je suis sûr que ma copine adorerait te casser les doigts. Elle fait ça très bien et très vite.

— Non, oui… enfin je veux dire… bredouilla Yassine.

— C’est oui ou c’est non ? Il faut choisir. »

Le jeune dealer vit ses renforts approcher dans son champ de vision périphérique. Il lui fallait garder l’attention de ses tourmenteurs.

« Ce n’est pas si facile, mon grossiste ne veut pas me laisser filer aussi facilement. J’ai des dettes, il faut que je le rembourse.

— Je crois que t'as pas bien compris, connard. Je ne suis pas en train de négocier avec toi ! »

La suite se passa très vite. Yassine vit Selima planter un couteau sous les côtes de la punkette qui s’écroula sur le sol tandis que Youssef enfonçait le canon d’une arme dans le flanc du Russe.

« Vous autres les Russkoffs, vous êtes trop sûrs de vous. Vous ne pensez jamais à surveiller vos arrières, ricana Youssef. »

Yassine aperçut la Dacia noire qui entrait sur le parking. Il lui fit signe. Une minute plus tard, Youssef avait poussé le Russe dans le coffre et le commando s’éloignait du campus vers les zones industrielles de l’autre côté de la Garonne.

Sur le macadam, la blessée se traina péniblement entre les voitures en stationnement. Elle sortit son téléphone pour appeler le numéro préprogrammé en cas d’urgence.

« Ça a merdé sur le campus, je suis blessée, ils ont Youri. C’était un piège…

— Tiens bon, j’arrive !

— … »

Igor n’obtint pas de réponse, la fille avait sombré dans l’inconscience. Il se précipita à sa voiture et se dirigea vers l’université. Même en période calme, il savait qu’il lui faudrait une vingtaine de minutes pour être sur place. Lorsqu’il atteignit la station de métro, il vit les gyrophares et les uniformes. Il arrivait trop tard. Il continua son chemin vers l’avenue de Rangueil et prit la direction de Vieille-Toulouse. Il lui fallait faire le point avec Alexander. L’ennemi se révélait plus coriace que prévu.

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