Urgences

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Toulouse, Campus de Rangueil

Samira Saada avait été sollicitée par la police municipale après que deux étudiantes aient appelé les secours. Une jeune femme inanimée, saignant abondamment, allongée entre deux voitures en stationnement avait attiré leur attention. Une équipe d’urgentistes de l’hôpital voisin était arrivée quelques minutes plus tard pour prodiguer les premiers gestes sur la blessée. Lorsque la capitaine et son équipe arrivèrent sur les lieux, le médecin était encore sur place. La blessée était sur un brancard, une perfusion avait été posée. Les infirmiers s’affairaient autour d’une plaie au niveau de l’abdomen. Samira eut juste le temps de dire quelques mots au médecin pendant que le brancard était monté dans l’ambulance.

« Blessure par arme blanche, au niveau de l’abdomen, lui confia le praticien. Je crains une hémorragie interne. Le bloc opératoire est prévenu, ils la prennent en charge tout de suite.

— Je vous suis ! »

Samira s’adressa à son collègue, Ibrahim Diallo.

« Contacte Juliette, elle est au PC de vidéosurveillance de la ville. Demande-lui de vérifier s’il y a des images du parking du Tripode, en face de la fac de pharmacie.

— Qu’est-ce que je lui demande de chercher ?

— Une femme au style punk, coupe de cheveux à l’iroquoise, tenue paramilitaire et des images de l’agression, bien sûr.

— Ok, je m'en occupe.

— Moi, je vais à l’hôpital pour essayer d’en savoir plus sur cette femme. On se retrouve plus tard au bureau.

— Et je rentre comment, moi ?

— Tu as le métro à cent mètres, station Canal du Midi, ligne B. C'est direct. Tu as des tickets ? »

La capitaine reprit son véhicule et se dirigea vers le service des Urgences du CHU voisin. Elle se présenta à la réception et demanda à parler au médecin qui venait d’amener une blessée.

« Il est encore en train d’assurer la transmission à l’équipe chirurgicale, il en a pour quelques minutes, je vous suggère d’aller l’attendre dans la salle de repos du service. »

Sam suivit les instructions données par la réceptionniste. Elle reconnut l’un des infirmiers qu’elle avait vu sur le parking quelques minutes plut tôt.

« Capitaine Saada, de la police judiciaire. Vous avez quelques minutes ?

— Bien sûr, si vous me laissez le temps de prendre un café. Vous en voulez un ?

— Oui, pourquoi pas.

— Je vous préviens, ce n’est pas un grand cru, mais on fait avec ce qu’on a.

— Ce n’est pas mieux chez nous, il n’y a que le commissaire qui a une Nespresso. Il l’a payée lui-même. »

L’homme lui tendit un gobelet fumant.

« Merci. Est-ce que je peux vous demander dans quelles circonstances vous êtes intervenus ?

— On a reçu un appel relayé par le numéro d’appel d’urgence centralisé. Vous pourrez en trouver la trace sans difficulté, tout est enregistré. Il devait être autour de quatorze heures vingt. C’est juste à côté, nous y étions vers quatorze heures trente. Deux étudiantes en pharmacie avaient repéré la blessée entre les voitures en stationnement. Elle avait déjà perdu pas mal de sang. Elles étaient restées sur place et nous ont donné leurs identités. Ensuite, nous avons déroulé la procédure normale. Nous ne nous préoccupons pas de l'origine de blessures.

— Je comprends, ne vous inquiétez pas. Avez-vous remarqué quelque chose de particulier chez cette femme ?

— Mis à part son style, rien de vraiment particulier, non. Le médecin vous en dira peut-être un peu plus, mais nous, vous savez, on a nos routines et on ne se pose pas de questions.

— Avait-elle un sac ou quelque chose de ce genre avec elle ?

— Je n’ai rien remarqué.

— OK, merci. »

Samira patienta quelques minutes avant que le médecin ne soit de retour. Elle en profita pour communiquer les coordonnées des deux témoins à Diallo.

« Capitaine Saada, police judiciaire. Nous nous sommes parlés rapidement sur le parking.

— Oui, je vous reconnais, excusez-moi pour tout à l’heure, mais vous comprenez nos priorités. Docteur Nahoud, comment puis-je vous aider ?

— Premièrement, quelles sont les chances de la blessée ?

— C’est difficile de se prononcer à ce stade. Nous en saurons plus quand elle sera sortie du bloc, mais je pense que si un organe vital avait été touché, elle serait déjà décédée. On peut survivre à ce type de blessure.

— Avez-vous trouvé des éléments d’identification sur la victime ?

— Non, pas de papiers d’identité, ni carte de crédit ou autre. C’est une des choses que nous cherchons en premier, enfin, surtout une carte de groupe sanguin.

— Cette femme m’a semblé caucasienne, vous confirmez ?

— Oui, en effet avec de nombreux piercings, tatouages et autres modifications corporelles.

— Que voulez-vous dire par « modifications corporelles » ?

— Des implants insérés sous la peau, à des fins « esthétiques ».

— OK, je vois. Est-ce que la blessure en elle-même vous inspire des réflexions ?

— Je ne suis pas légiste, vous savez, mais j’ai eu l’occasion d’exercer en humanitaire au début de ma carrière. Je suis né au Liban et j’ai fait une partie de mes études de médecine à Beyrouth. Alors oui, des blessures au couteau, j’en ai vu quelques unes. Je dirais que ce n’était pas un coup destiné à tuer, plutôt le genre de plaie résultant d’une bagarre de voyous.

— Une dernière question Docteur, selon vous, la blessée pourrait-elle être Russe ?

— Je manque d’éléments pour répondre, mais ce n’est pas impossible.

— Je vous remercie, je ne vous dérange pas plus longtemps. Savez-vous à qui je dois m’adresser pour avoir des nouvelles dans les jours à venir ?

— Mon travail se limite à la ramener vivante ici, voyez plutôt avec le secrétariat des Urgences. Ils vont ouvrir un dossier d’admission.

— Encore merci, Docteur. »

La capitaine retourna à l’accueil et s’enquit du nom du responsable du service, puis elle laissa ses coordonnées en demandant qu’on la prévienne dès que la blessée serait en état d’être interrogée.

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