Toulouse, Hôtel de Police

Le déjeuner avec Julie avait duré un peu plus longtemps que prévu et il était presque quinze heures lorsque le commissaire fut de retour à son bureau. Dès qu’elle l’aperçut, Samira vint le rejoindre.

« J’ai deux informations, déclara la capitaine en entrant. L’Espagne d’abord, j’ai appelé notre agent de liaison qui a été très efficace. On a retrouvé l’épave calcinée d’une Mercedes à proximité de l’autoroute qui longe la Méditerranée, pas très loin de Tarragone. Il y avait trois corps à l’intérieur, tous tués par balle. Les victimes n’ont pas encore été formellement identifiées, mais la voiture appartenait à un ressortissant russe, un certain Maxim Leonorov. Ça te dit quelque chose ?

— De la famille de notre Russe ?

— On ne peut pas le garantir, mais la coïncidence est troublante, non ?

— Igor Polounin fait partie des morts ?

— Ça, on n’en sait rien.

— On a retrouvé sa voiture ?

— Oui, la police d’Alicante l’a localisée dans le parking d’un hôtel de luxe, sur le port. Il y a bien un client du nom d’Igor Polounin qui a pris une chambre lundi dernier. Il n’a toujours pas réglé sa note. Un de mes gars qui parle bien l’espagnol a appelé la réception de l’hôtel. Ils n’ont pas souvenir d’avoir revu Polounin depuis mercredi, par contre il semblerait qu’une femme soit venue lui rendre visite hier après-midi. Le réceptionniste est certain qu’elle n’était pas Espagnole, ni Russe, plutôt Arabe, selon lui.

— Une femme de l’organisation de Belkacem ? demanda Ange.

— C’est possible, mais ce n’est pas facile de l’identifier. On n’a pas les photos de tous ses employés.

— Il y a des caméras de surveillance dans cet hôtel, je suppose. On peut leur demander de nous envoyer une copie des enregistrements.

— Je ne pense pas que ça puisse se faire aussi simplement, mais le juge pourrait le demander dans le cadre d’une commission rogatoire internationale. Ça va prendre du temps.

— Oui, mais il faut essayer. Avec un peu de chance, la requête peut encore partir aujourd’hui même.

— Je vais m’en occuper tout de suite.

— Et pour Aboubaker ?

— J'allais y venir. Diallo et Morel sont passés à son entrepôt en début d’après midi. Selon un employé, Belkacem est parti tôt, seul en voiture, ce qui semble-t-il, lui arrive rarement, du moins à cette heure là.

— On peut le localiser ?

— On peut essayer de tracer son téléphone, si le juge nous l’autorise, et de visualiser la vidéo-surveillance des péages d’autoroute, il n’y en a que quatre autour de Toulouse !

— Mets quelqu’un là-dessus, ou demande à Juliette si tu es trop chargée. »