Toulouse, Quartier du Busca

Igor dormait profondément quand la sonnerie de son téléphone le tira du lit. Comme il attrapait l’appareil et allumait la lumière, il jeta un coup d’œil à sa montre. Une heure du matin. Il fallait que la situation soit grave pour qu’on le réveille à cette heure. De sa vie militaire, il avait gardé la capacité de passer en un instant du sommeil à la pleine conscience.

« Sacha ? Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi me réveilles-tu en pleine nuit ?

— Igor, je suis désolé de te déranger, mais Irina vient d’être enlevée.

— Comment ça, enlevée ?

— Elle travaillait sur le boulevard Matabiau avec Tatiana, un peu après minuit. Un fourgon s’est arrêté et trois types ont forcé Irina à monter dans le véhicule, puis sont repartis.

— Anton n’était pas sur place ?

— Tatiana l’a appelé tout de suite, mais le temps qu’il arrive, il a juste pu voir le camion disparaitre.

— Tatiana a vu ces hommes ?

— Pas bien, tu sais il fait sombre sur ce coin de trottoir. Elle m’a dit que deux des types, ceux qui ont poussé Irina avaient l’air d’arabes. Le troisième, devait faire le guet, elle a parlé d’un grand black très costaud qui est arrivé en courant et a sauté à l'arrière.

— Qu’est-ce que c’était comme véhicule ?

— Tatiana m’a juste décrit un vieux fourgon à la carrosserie tagguée. Anton n’a pas eu le temps de le voir avec précision.

— De toute façon, ils ont déjà dû l’abandonner quelque part et y mettre le feu.

— Qu’est-ce qu’on fait ?

— Si c’est bien Belkacem et les Algériens qui ont fait le coup, on ne reverra sans doute pas Irina. Emmène les autres à l’abri dans une planque. On va attendre un peu pour voir comment les choses évoluent avant de les renvoyer au tapin.

— J’ai parlé à Alexander cet après-midi. Je lui ai proposer d’installer les filles dans un camping-car. Il m’a dit de voir ça avec toi.

— Bon, peut-être, ça peut attendre. De toute façon, on ne va rien faire cette nuit. J’irai parler à Alexander demain et on avisera. Je n’aime pas trop la tournure que prennent les événements, mais s’ils veulent la guerre, ils l’auront. »