Une balance

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Toulouse, Hôtel de Police

Medhi Salah était assis, menotté, dans une petite salle d’interrogatoire. Une caméra filmait la pièce en grand angle. Un micro était posé sur la table. Samira entra dans la pièce, suivie de Diallo.

« Qu’est-ce que vous me voulez ? demanda le prévenu. Vous n’êtes pas des Mœurs.

— Non, en effet. On voudrait te parler d’une soirée en particulier, au début de cette semaine.

— Laquelle ? il ne s’est rien passé cette semaine.

— Celle où un grand black, un peu dans le genre du lieutenant à côté de moi, est venu frapper à ta porte, après la fermeture.

— Je ne vois pas.

— Pourtant, il y a une personne du quartier qui a vu le volet s’ouvrir pour le laisser rentrer.

— Ça devait être quelqu’un d’autre qui a ouvert.

— Bon, alors je vais être un peu plus claire. Lundi soir, une fille a été enlevée sur le quai, juste à côté. On a retrouvé son cadavre dans le canal le lendemain matin.

— Je n’ai rien à voir là-dedans moi ! Je ne suis pas un assassin.

— C’est sûr, nous on le sait et nos collègues d’à côté aussi. Ils te connaissent bien Medhi. Le problème, c’est que sur les vidéos on reconnait l’un des gars, un grand black, comme celui qui a frappé chez toi juste avant le rapt. Alors ça pourrait faire de toi un complice.

— J’y peux rien moi, si ces gars là sont venus boire un verre chez moi. Ce qu’ils ont fait après, c’est pas mon affaire.

— Bon, voilà déjà un premier point, releva Sam. Ils ont bu un verre chez toi, on progresse. Ils étaient combien ?

— Je ne sais plus, deux, trois…

— Deux ou trois ? En comptant le black ?

— Trois, le black est arrivé après. Je vous jure, je ne l’avais jamais vu. Les autres non plus d’ailleurs.

— Mais les autres, tu les connaissais !

— Non, non…

— Tu ouvres ton bar la nuit pour des inconnus ? Ne me prend pas pour une conne, Medhi !

— On sait que tu travailles pour Belkacem, ajouta Diallo. C’étaient des hommes à lui ?

— Je ne dirai rien, bredouilla le barman.

— OK, on va te laisser réfléchir un moment. Nous, on va aller dormir un peu. On se reparlera demain. Je t'expliqe le deal. Un, tu nous dit qui étaient ces hommes, et on te laisse avec Pagès et deux semaines de fermeture. Deux, c'est la garde à vue pour complicité d'assassinat, tu risques de prendre plus cher. À toi de voir !

— Non, attendez, pas la peine d’attendre demain. Je vais vous donner les noms, mais il faudra me protéger, j’ai une femme et des gosses ici. Si Belkacem apprend que je vous ai parlé, je suis mort !

— Tu as choisi un métier dangereux, Medhi. Tu pourrais tenir un petit bistrot bien peinard dans un autre quartier. Ceci dit, j’ai du respect pour la famille. On pourra sans doute t’aider à repartir de zéro ailleurs, pourquoi pas en Algérie ?

— Je suis né ici !

— Bon, comme tu voudras. Alors, ces trois types ?

— C’est Rachid, le chef.

— Tu veux dire Rachid Zekkal ?

— Oui, c’est lui qui gère les filles dans le quartier.

— Merci, ça on le sait déjà. Et les deux autres ?

— Je les avait déjà vus, mais je ne connais que les prénoms. C’est Mouloud et Slimane.

— Et le black ?

— Je vous l’ai dit, je ne l’avais jamais vu avant, et Rachid non plus ne le connaissait pas. Il a dit qu’il s’appelait Charles quelque chose, un nom anglais. Ça m’a surpris. Il a dit qu’il venait de la part d’un autre type, mais j’ai pas retenu son nom, un nom africain. Il a dit qu’il était pas musulman.

— Un Nigérian ? suggéra Diallo.

— Je ne sais pas, je ne travaille pas avec ces gens là. Ils sont pas dans le même quartier.

— De quoi ont-ils parlé ?

— Je n’étais pas dans la conversation moi, je suis juste le patron du bar. J’ai entendu parler de ramasser une fille de l’Est et de l’emmener dans une planque. Rien d’autre. Si, ils ont parlé d’une Audi noire, s’en méfier.

— Autre chose qui te reviendrait en mémoire ?

— Le black a montré un flingue, un Beretta je crois.

— Tu t’y connais en armes ? Ne nous dit pas que tu en fourgues !

— Non, non, mais il arrive d’en voir, et puis un Beretta, ça se reconnait.

— Un 9mm ?

— Je sais pas, possible.

— Bon, il est tard. Il est une heure vingt cinq. Fin de l’interrogatoire de Medhi Salah, déclara Samira. Diallo, tu le fais conduire en cellule, on verra avec Pagès demain ce qu’on fait de lui.

— Et notre marché ?

— Je ne vais pas réveiller le procureur en pleine nuit, au milieu du week-end en plus. On en reparlera demain. »

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