Mascarade

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Toulouse, Hôtel de Police

Kamel Soukhane habitait un appartement dans un immeuble situé dans le quartier des Trois Cocus. Il avait ses habitudes dans un petit café proche du métro où il prenait ses petits-déjeuners. C’est là que Juliette Delhuine et Olivier Lacaze l’avaient trouvé avant de le ramener sans résistance dans les locaux de la PJ. Juliette avait préféré interroger l’homme dans son bureau plutôt que dans une salle d’interrogatoire, ne voulant pas lui donner un aspect trop formel, vu le manque d’éléments factuels pour l’incriminer.

« Tu sais pourquoi tu es là ? demanda-t-elle en guise d’introduction.

— C’est pour un excès de vitesse sur la rocade ?

— Je propose qu’on ne joue pas ce jeu là. Pour le moment, tu es libre et nous souhaitons juste quelques précisions de ta part, mais les règles pourraient changer si tu ne coopères pas. Commençons par un peu de chronologie, mercredi dernier, dans l’après-midi, tu étais où ?

— Mercredi ? je ne sais plus avec précision, je devais être au bureau avec Aboubaker. Le matin, c’est plutôt le marché, mais l’après-midi on discute des affaires.

— Tu vends beaucoup de légumes du côté de Rangueil ? demanda Lacaze.

— À Rangueil ? non, pourquoi voulez-vous que j’aille là-bas.

— Il y a eu une altercation sur un parking, avec un de tes protégés.

— Vous devez confondre, je ne fréquente pas les étudiants, j’ai passé l’âge.

— Tu as prêté ta voiture à quelqu’un ?

— Je ne sais pas, peut-être, ça arrive de temps en temps. La voiture appartient à l’entreprise.

— On parle bien d’une Dacia Duster noire ?

— Oui, c’est ça.

— On a une très bonne vidéo qui la montre à proximité du Tripode, avec deux personnes qui poussent une troisième dans le coffre. Ce n’est pas très confortable.

— Ce n’est pas moi qui conduisais.

— Je l’espère pour toi, car il y avait aussi une femme sur ce parking, et elle n’a pas eu de place dans le véhicule, sans doute pour ne pas tacher les sièges avec son sang ! Les médecins nous disent qu’elle va s’en tirer. Elle pourra bientôt nous raconter ce qui s’est passé.

— Je vous dis que je n’y étais pas, qu’est-ce que je peux vous dire de plus ?

— Elle est revenue à quelle heure ta voiture ?

— Je n’en sais rien, j’ai récupéré les clés le soir avant de rentrer chez moi.

— Elle n’aurait pas fait un détour du côté de la rue Bourbaki par hasard ?

— Rue Bourbaki, pourquoi vous me demandez ça ?

— Il y a une ancienne épicerie, actuellement inoccupée. Je crois qu’elle appartient à ton patron.

— Je ne suis pas au courant de tous ses investissements.

— Ce qui est gênant, c’est qu’on y a retrouvé des traces de sang, et il s’agirait du sang du type que vous avez embarqué à Rangueil.

— Mais puisque je vous dis que je ne suis pas allé à Rangueil mercredi !

— Ah oui, c’est vrai, commenta Lacaze. Alors il y a quelqu’un qui emprunte ta voiture pour faire des choses pas très propres, tu devrais faire un peu attention à tes affaires.

— Il y a autre chose, ajouta Juliette. Dans l’arrière-boutique, on a aussi trouvé un autre sang, celui d’une femme. Et celle-là, on l’a retrouvée dans le canal du Midi. Ça fait beaucoup non ?

— Si je vous dis que je n’ai rien à voir là-dedans, vous allez me croire ?

— En fait, ce n’est pas vraiment toi qui nous intéresse, puisque tu n’étais pas présent. On va plutôt parler directement à Belkacem. Après tout, c’est chez lui que ça s’est passé, il a bien le droit d’être au courant non ?

— Vous croyez qu’il s’occupe de tous les locaux vides dont il est propriétaire ?

— Les clés sont aussi sur le comptoir de l’entreprise ? demanda Lacaze avec ironie.

— Qu’est-ce que vous croyez ? On fait comme tout le monde, on passe par des intermédiaires pour gérer les locaux commerciaux.

— Oui, bien sûr, alors vous nous direz qui s’occupe de celui-ci en particulier, et on ira leur poser la question. »

Soukhane ne répondit rien. Il comprenait que les flics avaient déjà bien travaillé et que le filet commençait à se resserrer. Il décida de ne rien dire de plus.

« Bon, on ne va pas te retenir plus longtemps, je vais juste prévenir la capitaine Saada, elle voulait te saluer. Olivier, tu restes avec lui ? »

Juliette sortit du bureau, jouant le scénario convenu avec Samira. Quelques instants plus tard, Ibrahim Diallo entra dans la pièce.

« Salut Olivier, Juliette n’est pas là ? Tu lui transmettras qu’on a traqué la voiture du Russe à Alicante, en Espagne. Il a rôdé du côté des zones d’entrepôts.

— OK, merci. Je lui ferai la commission. »

Quelques instants plus tard, les deux capitaines étaient dans le bureau.

« Salut Kamel, dit Sam. Tu as l’air en forme. Tu fais toujours autant de sport ?

— Il faut bien s’entretenir !

— Tu as raison, moi je n’ai pas le temps. Vous nous donnez trop de travail. Tu diras à Abou qu’on passera le voir un de ces jours, à propos de cette boutique. Deux cadavres, ça nécessite quand même quelques éclaircissements. Surtout quand ce sont deux Russes, curieuse coïncidence, non ? »

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