Il marchait sans réel but.

La nuit, cette rue prenait vie. Des foules de personnes s'amassaient pour former le corps d'une immonde créature. Ils représentaient le pire de l'humanité.

Des groupes d'amis entraient et sortaient des différents bar et night club ; certains plus ivres que d'autres. Dans les recoins les plus sombres, de jeunes femmes exercaient leur métier. Etaient-elles majeur au moins ? Ca n'avait pas d'importance.

Rien n'avait d'importance dans ce boulevard du vice.

Nul ne possédait d'identité ici. On pouvait être qui on voulait. Peu importe l'ethnie, l'orientation sexuelle, le milieu social ou l'âge. Aucune question n'était posée. Aucun jugement n'était fait. Et si les gens venaient se perdre dans cette allée à la nuit tombée, c'était pour oublier.

Oublier les tracas du quotiden. Laisser son passé au soleil, pour profiter d'une nuit hors de la réalité. S'oublier soi-même et se perdre dans ce dédale de sexe, de jeux et d'alcool.

Or, cet homme était différent. Il ne savait plus pourquoi ni comment il s'était retrouvé à errer dans cette rue de perdition. Il avait oublié sa propre existence.

Le vice était partout autour de lui, mais il n'y prêtait pas attention. Une prostituée le héla depuis une ruelle. Il l'ignorait. Le monde lui glissait sur la peau. Rien n'était assez pour mériter son attention. Alors, il continuait de marcher sans vraiment regarder où il allait. Les néons des devantures de casinos et de bars se succédaient, mais il ne retenait aucun des noms.

Il s'était arrêté brusquement. Les passants le contournait, comme un vulgaire lampadaire qui aurait été là depuis toujours.

Et c'est là qu'il la vit.