En ce dixième jour de confinement je ne peux qu'observer un repli plus intense sur moi-même.

Ce n'est pas vraiment nouveau pour moi. C'est même un fonctionnement normal.

Cette situation est le reflet de ce que je vis intérieurement depuis l'enfance. Moi qui cherche toujours à fuir l'autre de peur d'être touché, blessé, agressé, séduit ou trahit, j'ai enfin une excuse valable de rester à bonne distance.

Je souffre moins qu'une personne qui a besoin de contacts réguliers.

Je ne peux la comprendre, je ressens tout de même sa souffrance.

Ma femme est l'une d'entre-elles.

Bouleversée, chamboulée, meurtrie.

Cette situation, pour elle plus que pour moi, est un véritable défi.

Je travaille depuis plusieurs années de chez moi, les yeux rivés à mon ordinateur, loin de l'agitation et des interactions risquées.

Elle, offrait de son temps pour le bien-être des autres.

Elle, ouverte.

Moi, renfermé.

Et pourtant...

Pourtant je porte en moi un amour profond pour l'humain.

Je crois en l'Homme autant qu'il me terrifie.

Je le sais capable du meilleur mais je vois surtout sa part d'ombre et d'inconscience.