Le temps s'écoule, constamment. Il continue sa course, qu'importe la personne ou la chose qui y est soumise. Cependant, il arrive parfois qu'il arrête son inexorable cours. Comme quand David se confronte à Goliath.

 Ici, ce dernier est une grande sphère de toile blanche, gonflée à l'hélium. Elle soulève une structure titanesque en acier avec une plateforme vitrée, juste assez grande pour trois passagers. Pour qu'elle puisse se mouvoir, quatre hélices alimentées à la vapeur tournent perpendiculairement au ballon. Ce monstre de métal et de tissu, se déplaçant à plus de 40 km/h, ne s'attend pas à commettre un meurtre involontaire.

 Dans la trainée des ampoules rouges situées près des pales, la technologie interrompt encore une fois le temps. Les voyageurs n'entendent rien, l'appareil ne tressaille pas. Et pourtant, l'horloge s'arrête de tourner pour la victime. A plus de 500 mètres d'altitude, un corps commence à chuter après avoir été attiré par la lumière rougeâtre de la structure. La nature perd un élément de plus au profit du déplacement de l'espèce la plus inventive au monde : l'Homme.

 Le voyage continue pour les trois humains. Et tandis que le corps de l'oiseau se fracasse sur le sol, le ciel est d'un bleu magnifique pendant le vol de l'Aeolus 43. Ironique ; quand on pense qu'un moyen de transport aussi magnifique et performant nécessite en réalité des sacrifices considérés comme banals.

 Le temps est cruel et imprévisible, tout comme l'humanité peut l'être.