Chapitre 2 : Dans la gueule du loup

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En s’avançant pour rejoindre la salle de Jérôme, James aperçut Lena. Elle était tirée à quatre épingles comme elle en avait l’habitude. Ça semblait être l’une de ses priorités. Énergiquement elle tentait de frictionner ses cheveux ramollis lorsqu’elle détecta sa présence.

-Tu vas arrêter de me suivre oui ? s’écria la jeune fille

-On est juste dans la même classe tu sais? tenta James.

-C’est ça oui, dit la jeune fille, elle ne paraissait pas le croire. A vrai dire, savoir qu’elle plaisait à quelqu’un ne lui était pas déplaisant. Léna aimait plaire. Et croyez bien qu’elle plaisait. Ah ça oui, c’était une belle plante à vrai dire. Un bon bout de femme comme on les aime. Son décolleté en faisait baver plus d’un.

Jérôme apparut au fond du couloir avant de saluer ses élèves en les croisant. Toutes les étudiantes étaient sous son charme, Jérôme avait des abdos bien dessinés et des fesses rebondies.

-Monsieur ! Je dois absolument vous parler d’un devoir, se précipita Léna sûrement plus pour échapper à James que pour retrouver son bien-aimé.

-Viens Léna, je t’en prie.

Pendant 10 minutes, Jérôme expliqua ce qui n’allait pas à Léna et remarqua que la drôle de demoiselle n’écoutait pas vraiment. Il décida de mettre un terme à l’échange pour démarrer le cours.

Tout à coup, l’intégralité de la salle se retourna, comme captivée par un son sourd et puissant. Mais qu’était-ce ? Quelle était la source de ce brouhaha insupportable. Alors que l’ensemble des élèves se ruèrent pour comprendre, Léna empêcha Jérôme de sortir en lui barrant la route de sa longue jambe.

-Que...que j’ai tu donc Léna?

-Vous ne m’échapperez plus... C’est fini tout ça.

-Que voulez vous dire mademoiselle ? Qu’est ce que cela signifie ? dit Jérome Paluchon interloqué.

-Vous allez être à moi monsieur. Vous n’avez donc pas remarqué comme je vous désire ?

Le pauvre homme en sueur tenta de la raisonner mais elle l’attira précipitamment à elle sans ne pouvoir plus attendre.

Nélia déboula à cet instant dans la salle telle une palourde coupant court à la discussion entre les deux. De la manière la moins discrète possible, elle fit un entrée monumentale dans l’amphi en faisant un roulé-boulé dans les escaliers.

Cette fois c’en était trop pour Léna. Quel boulet cette cousine ! Elle était décidément toujours là quand elle parlait avec un garçon mignon, et faisait tout capoter. Rouge de honte, elle dut se résoudre à s’éloigner de son tendre amour.

Jérôme marchait dans la rue, que cela signifiait-il ? Sa jeune étudiante l’aimait. Il ne comprenait pas. Il n’avait jamais cherché à plaire aux filles. Ce n’était pas sa tasse de thé. Cela le gênait que des créatures si impures l’attirent contre son gré. Il allait prendre une bonne douche. Ceci dit, cela l’avait décidé. Cela faisait plusieurs semaine que James lui demandait de lui signer une autorisation d’ouverture de club universitaire dont le but caché était l'espionnage des jeunes étudiantes. Après la tentative de Léna il n’avait aucun remords à laisser son meilleur ami pratiquer une telle activité.

De son côté, Nélia pensait à ce qui venait de se produire. Elle s’était encore ridiculisée devant Léna, sa tendre cousine, et aussi celle qu’elle désirait depuis tant d’années, car oui elle en était tombée amoureuse. Son doux secret ne devait pas être révélé, car cela causerait tant de malheurs dans la famille, ce serait un terrible remue-ménage. Mais après tout, le mariage entre cousines était tout à fait légal. Quel mal à croire en l’amour ?

Léna qui n’avait pas le moins du monde l’intention d’abandonner sa chasse au Jérôme hurla qu’elle porterait encore plus court les jours suivants ce qui ne fut pas pour déplaire à Nélia.

James quant-à-lui commençait à avoir des difficultés en faisant ses devoirs, il n’avait jamais rédigé de dissertation de sa vie. Il enchaîna très vite des 0. En plus, les sciences il n’y comprenait rien. Et il y avait trop d’étudiantes à ses côtés pour qu’il puisse raisonnablement se concentrer.

Il était peut-être temps d’organiser ce sur quoi il travaillait depuis peu. Il avait récemment rencontré Pierre-Yves et Patrick qui se montraient intéressés pour rejoindre le projet. Ils dégotèrent une petite salle obscure au sous-sol de la faculté et commencèrent à organiser leur Q.G. Il leur fallait tout d’abord rendre cette petite pièce insalubre plus “cosy” pour mettre tout le monde à l’aise. Ils installèrent dans un premier temps un immense cadre où ils pourraient mettre des photos dénudées des étudiantes ciblées.

Patrick était un ado attardé, qui portait des chemises bien trop serrées mettant en avant sa transpiration abondante. Il avait aussi un monosourcil, sa plus grande fierté. Pierre-Yves était chauve et avait à peine 28 ans. Avec James, ils étaient les fiers membres du groupe OLF (Observe les filles) et avaient pour but de passer sous le crible toutes les paires de seins de cette fac. Ils étaient copains comme cochons. Ou peut-être juste cochons.

Voilà ce qu’ils feraient. Chaque fille qui les aurait un jour soit moqué soit insulté se verrait capturée puis enfermée dans une petite cage chez les OLF sans aucun espoir de libération.

Sauf si ...

Le bruit sourd avait attiré foule d’étudiants, un brouhaha se faisait entendre jusqu’au 8ème étage. Qu’était ce donc, se dit elle sentant monter une pointe d’énervement. Ses mains fripées tapèrent son grand bureau d’aubépine. Encore les étudiants mettant sans dessus-dessous sa faculté, son trésor, ce qu’elle avait mis des dizaines d’années à construire. Furibonde, Mme Broyée, la doyenne de l’établissement se mit à dégringoler les escaliers prête à distribuer les heures de colle. Arrivée au pas d’une petite porte recouverte de velours violet méconnue de sa personne, madame Broyée toqua durement mais les bruits des coups portés s’étouffèrent dans les poils drus de la porte. Sur le paillasson, elle discerna trois petites lettres écrites dans un style baroque franchement cougar O L F . Mais qu’est-ce que c’était que ce bazarre à la fin ?! Elle n’avait jamais autorisé ça ! Que faire ? En toucher un mot au concierge ou défoncer la porte ?

Jérôme, qui passait par là, vit la doyenne en face de la porte censée être dissimulée et qui accueillait le club. La vieille chauve souris était en train de défoncer la porte. Il devait agir, et vite, pour sauver son ami James et plus encore… Il risquait gros dans cette affaire, après tout il avait constitué les fonds principaux pour monter ce petit bijou d’invention.

  • Mais … Que faites-vous chère Madame ?! s’écria Jérôme
  • Eh bien, vous ne voyez pas ? Un club tout à fait illégal semble s’être formé. Je dois démanteler ce réseau de brigands le plus vite possible. J’adore mon travail.
  • Mais, ne souvenez vous pas ? Il s’agit du club d’art contemporain dont je vous ai parlé l’autre jour. OLF comme Oeuvrons les formes.
  • Hum, dit la vieillarde d’une voix chevrotante, d’accord mon Jérome... tu sais ce que c’est l'Alzheimer. Mais ça reste une drôle de porte ma foi.

Mme Broyée était une femme et les femmes aiment les beaux hommes. Le charme de Jérôme s’exerçait jusqu’au bureau de l’éminente doyenne !

Léna qui passait par là innocemment. (Non en réalité elle suivait Jérôme.) Se sentit elle aussi concernée par cette porte dont s’élevait une petite mélodie étrange “Charlotte”.

  • Eh bien monsieur… Vous ne trouvez pas que cette couleur est un peu… Comment dire… Osée...Coquine...?
  • Mademoiselle, vous êtes coquine pas l’inverse alors cessez vos sous-entendus grivois répliqua Jérome avant de partir goguenard.

Léna plantée là s’approcha doucement de la porte jusqu’à y coller son oreille. Elle se sentit mal, comme si un froid s’emparait d’elle et il lui sembla entendre “C’est pour mieux te tuer mon salaud” . L’avait elle imaginé ou était ce bien réel. Elle ne le sut jamais car à l’instant précis elle s'évanouit. Mais il lui sembla tout de même que son petit corps se déplaçait lentement, empoigné par de gros bras poilus, puis qu’une porte se verrouilla.

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