Chapitre 10 : C'est un Bouffon
Sonnerie, hurlements, sonnerie, hurlements.
Dehors, Salvador Dali avait pris le contrôle du ciel et du soleil couchant.
Un moment, elle le laissa lui brûler les rétines.
Ça y est, c’en était fini de cette journée sensationnelle. Il n’y avait plus à y penser. Plus avant la semaine prochaine au moins. Mais se connaissant, Mand savait très bien que ces choses-là n’étaient pas prêtes de quitter son esprit.
Taches noires, bleues, vertes.
Jaune, rouge, violet, indigo.
Le monde est flou.
Pas seulement parce que Mand s’amusait à regarder le soleil en face plus qu’elle ne le devrait, — elle le dévorerait si c’était possible, laissant la Terre dans une nuit sans fin — mais parce que c’était comme ça. On pouvait bien se demander qui l’avait décidé, ça ne changerait pas, et puis aucun opticien ne fournissait le genre de lunettes qui permettait de mieux voir le monde.
Ben. Pour voir un peu plus loin que le bout de son nez, il n’y en avait pas besoin.
Du portail de l’école déferlait un flot incessant d’élèves pressés, pressés les uns contre les autres. Il n’y avait pas moyen qu’on leur fasse perdre une minute de plus de leur précieux weekend. Comme à son habitude, Mand s’était mise sur le côté, bouquinant en attendant que la marée passe.
Elle dût laisser filer au moins cinq minutes.
Quand il n’y eut plus personne — ni à l’extérieur, ni à l’intérieur — elle s’avança.
C’était tout de suite moins bruyant un lycée abandonné. Et moins ennuyeux. Donnez-lui encore cinquante bonnes années sans personne dans les parages et ça deviendrait un endroit parfait pour prendre un pique-nique le soir, à se raconter des histoires d’horreur. Bien sûr, une lumière au premier étage trahissait la présence du gardien, mais cet élément venait ajouter une touche de mystère qui n’était pas malvenue. En fait, Mand n’était pas contre l’idée d’enfermer le vieux gardien seul dans le lycée pendant ces cinquante années rien que pour voir toutes les histoires que ferait naître l’endroit. Un ancien hôpital transformé en école après la guerre ? Les âmes des mutilés auraient repris leurs droits… Un massacre sanglant lorsqu’un élève décide de rendre leurs bons services à tous ses ”amis” ? Ils auraient crié pitié… Jusqu’à ce qu’is ne le puissent plus. Une maladie inconnue et extrêmement contagieuse décimant la totalité des élèves et du personnel ? Des légendes raconteraient qu’il reste un survivant, errant sans but dans les couloirs à l’odeur de moisi… Ajoutez des hululements sinistres la nuit et ça serait parfait. Et le gardien ? Le gardien serait le vieillard qui vit dans les ruines, l’homme qui a tout vu et raconte à qui veut l’entendre ce qu’il s’est réellement passé. Dans les moindres détails…
Sauf que ce n’était pas la nuit.
En cette saison de l’année, la lune était morte.
Mand aurait bien aimé être morte une saison par an.
Enfin… pas à proprement parler. Seulement, avoir trois mois par an qui s’écoulent sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Elle n’aurait de comptes à rendre à personne. Elle se poserait quelque part, assise sur un rocher, et ne ferait rien jusqu’à ce que le temps passe.
Si on lui permettait, elle prendrait quelques livres, du papier, et de quoi écrire.
Mais Mand devait travailler chaque saison, chaque mois, chaque jour de l’année.
Les vacances n’y changeaient rien, sa tête ne connaissait pas le repos.
Voilà.
Elle était de l’autre côté du portail. Maintenant trois semaines de moins à l’horloge de sa scolarité. Ce qui ne lui donnait pas plus hâte de rentrer dans le monde du travail.
Manifestement, le concierge n’était pas le seul en plus d’elle à se recueillir sur la beauté des endroits silencieux. Fan était là, le même sourire, le même bras levé vers le ciel pour lui faire signe. S’il se mettait sur la pointe des pieds un jour, Mand ne doutait pas qu’il pourrait s’accrocher à un nuage et s’envoler. Il n’avait pas quitté son manteau à manches longues des trois dernières semaines. Honnêtement, il faisait bien parce que si Mand le voyait l’enlever un jour, elle n’hésiterait pas une seconde avant de le jeter à la poubelle. Elle en avait marre de le voir, ce manteau. Ça lui donnait chaud et ça la grattait de partout, comme si c’était elle qui le portait.
La jeune fille leva la tête du sol pour gratifier son ami d’un de ses fameux regards de travers, puis, lui passa devant, faisant comme s’il n’était pas là. Doucement, elle sifflotait un air débile qui lui était resté coincé dans la tête toute la journée. Fan lui emboîta le pas.
— Tu es en rogne contre moi… marmonna-t-il.
— Je ne sais pas. Qu’est-ce que tu en dis ?
Ils traversèrent un passage piéton. La voiture qui s’était arrêtée pour laisser passer Mand n’attendit même pas que Fan soit de l’autre côté pour redémarrer. Il dût se précipiter pour ne pas se faire rouler dessus. N’importe qui d’autre aurait été en colère ou aurait lâché une insulte, peut-être deux, mais Fan se contenta de hausser les épaules.
— Hummm… tu aurais raison de l’être. Tu aurais raison de m’en vouloir.
— Bah. J’ai toujours raison, ironisa-t-elle.
— Mand, je suis vraiment désolé, je te l’ai déjà dit…
Elle ne prit pas la peine de lui répondre. Elle n’était même pas vraiment contrariée. Elle ne lui en voulait pas le moins du monde, et elle s’en voulait plutôt à elle. Pour dire les choses simplement, Fan était bizarre. C’était tant mieux. S’il ne l’avait pas été, Mand et lui ne seraient sûrement pas amis. Puis il avait quelque chose de particulier qui faisait qu’elle pouvait lui faire confiance. Seulement, elle en avait conscience, c’était : tout le stress qu’elle accumulait, elle le relâchait quand elle était avec lui. Lui qui n’avait rien demandé, qui ne se plaignait jamais de rien, qui… existait juste. Honnêtement, elle était surprise qu’il ne l’ait pas déjà abandonnée. Une fille comme elle qui ne faisait que passer son temps à lui faire la gueule et lui reprocher des choses insensées… Elle se demandait souvent ce qu’il pouvait bien lui trouver.
Ils continuèrent à marcher en silence. Quelques pas devant Fan, Mand repensait aux évènements de la journée. Ce silence lui faisait du bien dans un certain sens. Parce qu’il lui permettait de réorganiser ses idées de manière moins chaotique. Après cette journée, elle en avait rudement besoin. Ce qu’elle redoutait le plus, c’était que son ami décide de parler à nouveau.
Là, tout de suite, pensait-elle, il pourrait lui dire quelque chose du genre ”C’était il y a trois semaines quand même.” Ou ”Tu ne vas pas m’en vouloir jusqu’à la fin des temps, si ?”
Mais il ne le faisait pas. Il ne le faisait jamais. Elle ne réussissait pas à l’imaginer en train de faire ne serait-ce qu’une petite remarque désagréable. À dire vrai, elle avait remarqué cette tendance qu’il avait à laisser parler le silence quand il pensait que c’était le mieux à faire. Et il avait souvent raison. Non, toujours raison…
— Tu iras à la fête de Diggory ? demanda-t-elle juste pour lancer un sujet de conversation.
— Quelle fête ?
— Il y aura une fête ce samedi. Avec quueeeeeee des gens ”cool”
Elle ouvrit des guillemets sarcastiques avec ses doigts.
— Personne ne m’a prévenu.
J’imagine que je ne dois pas avoir l’air assez cool.
C’était difficile de savoir s’il était sérieux ou non.
— Bah. Tu ne rateras rien.
La gare n’était plus très loin. Encore une heure de trajet et le week-end serait enfin à eux.
— Et toi alors, tu y vas ?
— Trois fois non.
Trop de bruit.
Trop de gens.
Trop d’alcool.
En fait, l’un des trois tout court c’est déjà trop.
Sans mentionner le fait que Diggory est un bouffon.
Elle haussa les épaules.
— Je rajouterai : un bouffon qui pue la clope.
Mais cela va sans dire.
— Dans ce cas, je n’y vais pas si tu n’y vas pas.
— T’étais pas invité de toutes façons.
— Eh bien, au cas où ils changent d’avis entre temps je dirais que je ne suis pas disponible.
Feu vert.
Les voitures embraient, roulent sans s’arrêter, boules de billard qui veulent rentrer se cacher au fin fond de leur trou. Il n’y a pas de repos dans ce monde. Si elles cessaient un instant, le goudron ferait fondre les pneus sur place. Je crois bien qu’on a peur de ce que le temps est capable de faire.
Feu rouge.
Les moteurs grommellent, grondent, sourdent. Quelle colère quand on leur impose d’être immobiles…
— De toutes manières, je garde la maison quand mes parents ne sont pas là. C’est-à-dire : chaque week-end sans exception. Et après ils osent me demander pourquoi je n’essaye pas plus de me faire des amis ! râla Mand. Non pas que ça change grand chose, pour être honnête…
Ils étaient arrivés à la gare.
Elle se tourna vers Fan qui regardait les oiseaux sautiller d’une ligne téléphonique à une autre.
Ils s’engagèrent à l’intérieur.
— Dis, je ne t’ai pas vu pendant la pause.
— Non, j’avais un travail à terminer pour demain, répondit-il sans quitter les oiseaux des yeux. Ça faisait… une semaine ? Peut-être ? Que le professeur nous l’avait présenté… Je devais régler certaines choses dans la famille. Donc j’avais un peu la tête ailleurs.
— Des choses dans la famille ? Rien de grave, j’espère…
— Non, rien de bien grave.
Il gonfla les joues et soupira.
Il avait l’air plus fatigué que d’habitude. Les cernes sous ses yeux semblaient s’allonger à chacune de ses respirations, comme des lignes de maquillage fines qui faisaient sourire ses paupières.
— Tu as quand même dû entendre le bruit, j’imagine.
— Disons que j’ai fait comme les murs des couloirs. J’ai écouté ce qu’il y avait à écouter.
Mand se gratta la nuque nerveusement.
— Je m’en veux de n’avoir rien fait.
— Est-ce que tu aurais pu y faire quelque chose ?
— Non. C’est clair que non.
Ça n’excuse rien. Ce qui excuse, ce sont des excuses en bonne et due forme.
Mand tapait du pied nerveusement. Il ne faisait ni froid, ni chaud. Aujourd’hui, le temps était aussi indécis qu’une collectionneuse de chaussures invitée à un gala, se demandant quelle paire elle allait bien pouvoir porter. Dans la matinée, on aurait même pu croire qu’il allait pleuvoir. Mand aurait aimé qu’il pleuve. Elle aurait regardé par la fenêtre rien que pour voir s’il n’y avait pas quelque fantôme qui se promenait dehors, profitant des gouttes d’eau et du vent pour se camoufler en tourbillon de feuilles d’arbre. Ça aurait eu le mérite de la distraire de la routine qui s’installait peu à peu dans sa vie.
Alors comme tous les autres jours de la semaine, ils faisaient ensemble le trajet de retour jusqu’à leur trou paumé qui avait obtenu l’appellation de ville juste parce que quelques touristes allemands trouvant l’endroit ”agréable” s’y étaient installés, faisant passer le nombre d’habitants légèrement au-dessus de la barre des 2000. À l’époque, ça avait fait pas mal de bruit. Le maire avait même tenu à inviter la famille de touristes pour officialiser leur naturalisation française lors d’un évènement d’inauguration de la nouvellement ”ville” de trou paumé land.
Fan et Mand habitaient à l’un et l’autre bout de la ville, ce qui en soit ne représentait pas tant de distance, mais c’était quand même assez drôle à relever.
Un portique, sortir son titre de transport, un deuxième portique, nager à travers la foule…
Il n’y a pas tant de monde que ça mais c’est toujours fatiguant. Faire attention à ne piétiner personne, ne pas bousculer, bien comprendre les mouvements souvent aléatoires de ces hommes, de ces femmes, qui ne prêtent pas forcément autant attention à l’endroit où leurs pieds se posent, à comment leur épaule heurte leur voisin éphémère, arrache un regard de travers peut-être une insulte mordillé au bout des lèvres…
— Ça n’empêche pas que cette fille ne méritait rien de tout ça. Je ne la connaissais pas personnellement mais elle n’avait pas l’air mauvaise. Seulement… superficielle. Comme la plupart des personnes ici.
— Oui, j’imagine… pensa Fan à voix haute alors qu’il évitait un homme en costume complet qui se précipitait sur le quai, le téléphone à la joue.
Mais ce n’est pas que ça le problème, non ?
— Je sais pas.
Est-ce qu’il y a vraiment un problème selon toi ? Est-ce que ce n’est pas juste comme ça que les choses sont censées se passer ? Je crois que ce lycée va me rendre folle. Lentement. Scrupuleusement…
— Moui… je comprends.
Ils étaient sur le quai maintenant, lorgnant l’affichage numérique par-dessus les masses aseptisées qui s’y agglutinaient en troupeaux. Mand grimpa sur un strapontin à côté des distributeurs automatiques d’un bond élégant, prenant de la hauteur. Une fois satisfaite de sa prise de vue, ell s’accroupit puis se laissa glisser contre le dossier en plastique jaune.
— C’est comme une dérive lente, développa Fan.
Pour l’instant tu peux toujours voir la berge. C’est sûrement ça le plus terrifiant. Parce que c’est comme si cette vision empêchait ton cerveau de se dire qu’il est temps de s’inquiéter et de commencer à réagir. Parce qu’après tout… Après tout, le rivage n’est pas loin. On peut même le rejoindre à la nage.
— Mais le courant est bien plus puissant que ça, pas vrai ?
Plus puissant qu’on ne pourrait jamais l’imaginer. C’est un traître de courant qui prend une apparence anodine pour mieux te tenter, t’emporter, t’arracher de ce que tu as.
— Il faut toujours se méfier de l’eau qui dort, je présume, affirma Fan.
Mand fit la moue. Trop fatiguée pour ce genre de conversations, elle avait seulement envie de bouder. Trouver un coin tranquille, se poser et se transformer en rocher. C’était son plan pour ce soir. Elle ne sous-estimait pas la capacité de son ami à le comprendre, seulement, elle savait à quel point il aimait justement ce genre de conversations. Il fallait qu’elle trouve un moyen de l’écourter.
Elle réfléchit.
D’un autre côté, c’était ça ou laisser le bruit autour la rendre folle pendant les six prochaines minutes à attendre le train. Et elle ne nierait pas qu’elle appréciait aussi parler de toutes ces choses qui ont tendance à effrayer les autres. Les choses qu’on n’ose pas dire parce qu’on les pense tabou.
— C’est bien beau tout ça, mais ça ne m’aide pas vraiment.
Fan regarda vers le haut comme s’il pouvait voir le ciel à travers le plafond de métal. En fait, peut-être qu’il pouvait effectivement le voir. Il prenait toujours cet air de réfléchir avant de dire quelque chose d’important mais Mand suspectait que ce n’était que pour se donner un effet. Il savait très bien quoi dire. Il avait toujours les bons mots. Toujours.
Et au bon moment en plus.
— Ce qui aide, c’est avoir des accroches. Des points sur l’horizon que tu es sûre de repérer à chaque fois sans faute. Ces points dans le paysage qui te signaleront le moindre changement, la moindre fluctuation. Si le vent tourne, tu le sauras. Si la marée s’agite, tu le sentiras. Si une tempête approche, tu l’entendras… Ça peut être une habitude, un objet, une récompense que tu te donnes quand tu surmontes quelque chose de difficile, une phrase que tu te répètes lorsque tu en as besoin, un endroit en particulier où tu aimes aller, un son qui te fait sentir bienvenue peu importe où tu vas… Des points d’ancrage qui te permettent de revenir en arrière quand tu le souhaites, reconsidérer les options, voir les choses dans leur ensemble, deviner ce qu’on ne te dit pas, ce qui est caché entre les lignes. Prendre de la hauteur, ou alors se glisser dans les interstices, ramper par en-dessous le cadre des portes entrouvertes, fuir par la fenêtre lorsque ça devient nécessaire. Trouver tous les petits détails puisque c’est ça le plus important au final.
Je suis sûr que tu es capable de trouver ça.
Mand avait écouté tout cela sans sourciller.
À la fin, elle haussa les épaules. C’était une éternelle habitude qui l’énervait elle-même. Une habitude qui donnait l’impression qu’elle n’en avait rien à faire, que rien ne l’intéressait. Mais peut-être que c’est juste qu’Il lui fallait du temps pour répondre. Pour trouver des mots qui faisaient assez sens à ses yeux. Formuler des phrases qu’elle ne regretterait pas d’avoir prononcées, pas assez claires, précises, un rien compréhensibles… Elle haussait les épaules parce qu’elle ne savait pas quoi répondre. Pour elle, tout avait été dit et en rajouter serait comme gaspiller de l’air.
— J’imagine, oui.
Mand avait des points d’accroche. Tout un tas de points d’accroche. Elle ne pouvait pas survivre sans ça. Des endroits qu’elle trouvait particuliers, qui avaient un charme bien à eux, apaisant. Des habitudes, comme gribouiller dans son carnet, marquer des phrases passagères, regarder chaque détail du monde autour comme s’il s’agissait de quelque chose de nouveau.
Et… il y avait un autre point d’accroche aussi, celui-là le plus important. Mais il lui faisait peur autant qu’il la fascinait. Alors elle préférait ne pas en parler.
Crissement infernal.
Tout le monde hurle. Par ici on ne sait pas parler en murmures. Quand c’est trop, Mand se bouche les oreilles. Là, c’est trop. Tous les vendredi soirs c’est trop. On n’aime pas le silence, on lui préfère le bruit, un bruit incessant et obsessionnel qui est fait pour remplir l’espace, tromper la peur du vide. C’est bien pour ça qu’elle le disait à chaque fois qu’elle en avait l’occasion, quand le seuil de décibels ne dépassait pas les 70 pour une seconde : Mand n’était pas asociale. Elle n’aimait pas les gens. Nuance. Et pourquoi ça ? À cause du bruit tout d’abord, et puis autre chose… Mais ce point là, elle avait décidé de l’aborder ailleurs.
Il suffit que quelque chose se passe, n’importe quoi, pour que les foules s’agitent. On ne change pas des instincts. L’Homme est fait pour la pensée individuelle de groupe. C’est bien particulier, l’individualité de groupe. En fait, c’est surtout pathétique. Parce que dans leur tentative pour se démarquer du reste, chaque individu fait exactement pareil que tous ses semblables. Puisque personne ne veut appartenir au groupe, alors par contradiction tout le monde en fait partie. Le groupe du chaos, le groupe des égoïstes…
On se précipite, pour ceux qui auront les meilleures places. Comme on se précipite quand on va voir un spectacle. Quand on veut voir un coucher de soleil avant que l’heure ne soit passée. Une pluie d’étoiles filantes… Ça, il n’y en a que trente par an. Eh bien, on dirait que ces hommes et ces femmes se précipitent comme s’il n’y avait que trente trains par an.
Mand et Fan restent sur le quai.
Bientôt, ils pourraient rentrer à leur tour.
Elle soupira.
Il se gratta la nuque.
— J’ai hâte d’être chez moi, souffla Mand
— Moi aussi, répondit Fan.
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