Chapitre 14

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De retour au château, le lendemain en fin d’après-midi, je déposais le cadeau de ma fille dans sa chambre avant de retrouver ma femme dans la chambre. Les enfants étaient à l’école, mais allaient bientôt finir les cours.

— Tes vacances se sont bien passées, chérie ?

– À merveille. D’ailleurs, Maria a eu une idée pour qu’on ait plus de temps pour nous.

— Oh et qu’elle est-elle ?

— On devrait engager un assistant. Il y a plein d’administratifs qui nous prennent beaucoup de temps et qu’il pourrait faire.

— Tu as enfin compris qu’il fallait déléguer ? C’est un grand pas en avant.

— J’ai beaucoup réfléchi, oui.

— Je vais en parler à Emma dans ce cas. Qu’elle commence l’étude des candidatures.

— Merci. Je vais aller récupérer les enfants à l’école.

— Élise passe la soirée chez une amie et Ben à entraînement après l’école.

— Très bien.

J’embrassais ma femme, changeait de robe et fit appelais le chauffeur. Étant, en avance, j’attendis une vingtaine de minutes dans la voiture, tout en rédigeant les qualités et expérience de l’assistant que je voulais avoir.

— Maman ! m’interpella ma fille en apercevant.

— Bonjour ma grande. L’école s’est bien passée ?

— Oui. Bientôt les vacances.

— C’est vrai. Va rejoindre ton ami. Ne la fais pas attendre.

Elle m’embrassa avant de partir, laissant la place à mon fils.

— Bonjour maman.

— Bonjour mon grand. Ça te va si je t’emmène à l’entraînement ?

— Bien sûr.

— Montons dans la voiture dans ce cas.

Une fois installer, j’offris le livre à mon fils qui le reçut en souriant. Il était vraiment heureux de le recevoir. Son cadeau semblait lui plaire. Cette fois, son remerciement était sincère. L’un comme l’autre, nous avions fait un grand pas en avant. À la fin de son entraînement, il demanda même à son entraîneur s’il pouvait rester quelques minutes de plus pour me montrer ce qu’il savait faire. Il était vraiment doué.

— Pourquoi ne ferais-tu pas de la compétition ? proposais-je sur le chemin du retour.

— Je ne sais pas.

— Je pense que ça pourrait te plaire et tu pourrais gagner. Discutes-en avec ta mère, elle en a beaucoup fait avec le karaté.

— J’y réfléchirais alors.

Sur le chemin, on discutait tranquillement, tous les deux. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas autant parlé avec mon fils. Ce que j’avais toujours voulu commençait enfin à arriver. Nous étions en bonne voix. De retour à la maison, il me sourit avant d’aller dans sa chambre, découvrir son nouveau livre. Cherchant alors Emma, on m’indiqua qu’elle était dans son bureau, avec Bianca. Je m’y rendis tranquillement et frappais à la porte.

— Je vous dérange ?

— Pas du tout, entre, me répondit-elle.

— Tes vacances se sont bien passées ?

— Oui. Juliette et Matéo vont avoir un bébé.

— Génial ! Et dire qu’elle ne m’en a pas parlé.

— Elle l’a appris hier. Elle t’en tiendra sûrement informer, comme elle forme une apprentie.

— Très bien. Est-ce qu’Océane t’a parlé du nouveau poste ?

— Oui. J’ai commencé à écrire l’annonce.

— Super. Je t’ai fait une liste des compétences dont j’aurais besoin.

Elle observa attentivement mon bout de papier avant de rire.

— Pas du tout exigeante la dame.

— Je ne peux pas me permettre de laisser une partie de la gestion de l’Empire à n’importe qui.

— Je sais bien.

— Comme nous somme toute les trois-là, pourquoi ne pas faire un point sur la semaine passée ?

Du point de vue de Bianca, la semaine s’était bien passée. Elle avait appris beaucoup de choses et avait pris confiance en elle. Quant à Emma, ayant eu le rapport de Bianca, elle savait désormais mieux adapter son enseignement à la jeune fille.

— C’est parfait. Je savais que tout allait bien se passer.

— Mais bien sûr, soupira Emma. Et toi, tes vacances ?

— Reposant. Maria m’a fait voir un psychiatre.

— Oh et alors ?

— Rien. Pour le moment du moins.

— Mais ça peut arriver ?

— Oui. Mais il n’y a pas à s’inquiéter pour le moment.

— Bon, tant mieux. Mais continue de faire attention d’accord ? Je n’ai pas envie que Bianca prenne ma place si tu n’es plus toi-même.

— Je ne deviendrais pas comme ma mère, Emma. Elle n’a pas su se mettre en retrait à temps, ce que je saurais faire.

— Nous n’en sommes pas encore là, de toute façon.

Pendant la demi-heure suivante, on évoquait ensemble les perceptives d’avenir de Bianca. Emma voulut aussi parler de Ben. J’avais vraiment de la chance de l’avoir avec moi. Le jour où elle devrait partir, ce que je lui souhaitais, la transition allait être compliquée. D’où le fait qu’il était important, pour moi, que je connaisse celui ou celle qui la remplacerait. D’où l’importance de Bianca. Si c’était elle qui la remplaçait, mes repères seraient peu chamboulés et je savais que j’aurais besoin de repère, si ma maladie devait s’intensifier et être officiellement diagnostiquée. Ce que je craignais le plus, c’était de dérailler complètement. Et pour lutter contre ça, les personnes au plus proches de moi allaient avoir un rôle indispensable. Que ce soit ma femme, mon garde attitré ou la gouvernante du château.

Ayant tout remis en ordre avec Emma et Bianca, je retournais dans la chambre. Océane n’était pas là, je supposais qu’elle était partie au bureau. J’entrais discrètement et entourais son cou de mes bras.

— Ça s’est bien passé avec Ben ?

— À merveille. On a bien discuté.

— Tes vacances ont été bénéfiques à ce que je vois.

— Tu n’imagines même pas. Il y a autre chose, mais je t’en parlerais plus tard.

— Parfait

— Qu’est-ce que j’ai à rattraper ? Il y a beaucoup d’affaires urgentes dans cette pile ? questionnais-je en récupérant celle qui était sur son bureau.

— Seulement le premier dossier. Le Conseil t’en parlera demain.

— La revalorisation des bourses d’études ? Je vais étudier ça, mais ça attendra.

— Elena ! C’est urgent.

— Fais-moi confiance, mon amour.

Je l’embrassais et sortis du bureau avant qu’elle ne m’en empêche. Je retrouvais ensuite le Dr Langstone à l’infirmerie, où il discutait avec Élise. Quand elle me vit entrer, elle baissa les yeux et joua avec ses doigts. Je m’assis à côté d’elle, la pris dans mes bras et questionna le Dr Langstone du regard.

— Pourquoi vous n’en discuteriez pas avec votre mère, mademoiselle ? Elle sera plus apte à vous répondre.

— Je ne sais pas, répondit ma fille.

— Je vais vous trouver un livre qui répondra à beaucoup de vos questions.

— Merci.

— Votre Majesté, vous aviez quelque chose à me dire ?

— Ça peut attendre.

— Comme vous voulez.

Il quitta l’infirmerie, nous laissant entre filles. J’allongeais ma fille sur mes genoux et jouait avec ses cheveux, attendant qu’elle me parle.

— Non, mais regarde cet énorme bouton sur mon front ! On ne voit que ça ! dit-elle enfin.

— Mais c’est normal chérie, rigolais-je. C’est le début de l’adolescence.

— C’est tellement moche.

— C’est ça qui t’inquiète ? Il n’y a aucune raison. Tu verras, chérie, l’apparition des boutons, c’est pire chez les garçons. Enfin, c’est ce que ta mère dit.

— Tu en avais toi aussi ?

— Bien sûr. Même si j’étais plus complexée à cause de ma mère.

— Comment ça ?

— Comme tu le sais, ma mère était très exigeante. Que ce soit sur mon apparence, mon éducation ou même ma façon de parler. Même à ton âge, je devais supporter le maquillage pour que ça lui convienne. Mais c’est normal d’avoir des boutons, ma chérie.

— Mes amis n’en ont pas encore, bouda-t-elle.

— Ça va venir, tu verras. Tu as d’autres questions ?

— Oui, mais…

— Tu m’en parleras quand tu voudras. Ou même à ta mère, c’est toi qui vois.

— Merci maman. Et merci aussi pour la robe, elle est magnifique.

Elle m’embrassa sur la joue et sortit de la pièce. Quand le Dr Langstone revint une dizaine de minutes plus tard, il posa un livre sur son bureau et revint vers moi.

— Les débuts de l’adolescence sont souvent compliqués, commença-t-il.

— Je ne vous le fais pas dire.

— Quel était l’objet de votre venue, Votre Majesté.

— Ça peut paraître idiot, mais depuis quelque temps, j’ai une envie qui reste, mais je me dis que c’est peut-être trop tard ou pas le moment.

— Je ne vous jugerai pas, vous le savez.

— J’ai envie d’un troisième enfant, avouais-je. Mais ma relation avec Ben se reconstruit à peine et je sais que ma maladie se développe petit à petit. Et les enfants ont déjà dix ans.

— Médicalement parlant, je pense que vous êtes tout à fait capable d’élever un troisième enfant. Un écart de dix ans, entre deux enfants, ce n’est pas si important que ça et ils seront, je pense, ravi de devenir grand frère et grande sœur. Et je pense sincèrement que ça ferait du bien à votre fils. Il pourrait prendre le rôle d’homme de la famille, il aurait plus de responsabilités et je pense qu’il en a envie.

— Vous croyez ?

— C’est ce que je pense oui. Mais c’est avec votre femme que vous devriez en parler.

— Vous pourriez vous renseigner pour moi sur les procédures ? C’est à dire que pour Ben et Élise…

— Bien sûr. Il existe plusieurs méthodes, dont celle que vous connaissez. Je vais faire ça pour vous.

— Merci Docteur.

Avant d’aller dans la chambre, où Océane devait être retournée, je fis un détour par la pièce qui nous servait de stockage pour les affaires de bébé. Après avoir récupéré le tout premier pyjama d’Élise. Une fois dans la chambre, je m’assis sur le lit et attendis qu’Océane le remarque.

— Pourquoi tu l’as ressortie ?

— J’aimerais te parler de ça justement. Je me suis dit que le prendre était un bon moyen pour engager la conversation.

— Ça doit être sérieux pour que tu trouves se stratagème, ajouta ma femme en s’asseyant à côté de moi.

— En effet.

— Je pense avoir compris, chérie. Mais je te laisse t’expliquer.

Je commençais par lui raconter le début de l’histoire. Ce qu’il s’était passé le jour de la sortie à l’orphelinat, le manque et l’absence qui s’était installé dans mon cœur. La joie et la paix que j’avais retrouvées en m’occupant de Mathilde chez Maria.

— J’espère qu’en t’expliquant ça, je ne t’influence pas, ajoutais-je.

— Pas du tout chérie. Mais je comprends mieux ta réaction.

— J’aurais dû t’en parler avant, mais je n’avais pas encore compris.

— Ça ne fait rien.

— Et toi, tu en penses quoi ? Tu n’as rien dit.

— Je ne te dis pas non, mais laisse-moi le temps d’y réfléchir. Laissons-nous le temps de nous organiser.

— D’accord. Merci mon amour.

Les yeux humides par des larmes naissantes, Océane me prit dans ses bras. Lui avouais ce que j’avais au fond du cœur m’avait libéré du poids de ce secret. Elle ne m’avait ni dit oui, ni dit non, mais elle m’avait écouté, sans me juger.

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