Chapitre 16

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Ce matin avait lieu l’exécution de Mr Vincent. Seules quelques personnes pouvaient y assister, mais j’avais refusé. Il m’avait certes fait souffrir, mais je ne pouvais me réjouir de la mort d’un homme, quels que soient ses crimes. J’avais décidé de continuer de vivre et ça commençait par le rendez-vous matinal avec le Dr Langstone. Océane était venue avec moi.


— Je vous ai mis dans ce dossier toutes les explications de la procédure de fécondation in vitro ou FIV, comme vous me l’aviez demandé.

— Merci Docteur, lui répondis-je.

— Je vois que vous en avez parler votre femme.

— Nous allons réfléchir ensemble et en discuter plus sérieusement, ajouta Océane.

— Bien. Comme vous me l’avez dit, l’une de vos préoccupations principales était votre âge. Je vous présente le docteur Blake, gynécologue. J’ai confiance en elle et elle saura vous rassurer durant les examens, malgré votre passé. Je vais vous laisser être femme.


Le sourire de la femme était chaleureux et réconfortant. Elle se présenta pendant cinq minutes avant d’expliquer quels examens elle voudrait faire.


— Je suis là aujourd’hui, mais si vous n’y êtes pas prête, je pourrais revenir. Le Dr Langstone m’a expliqué comment vous avez eu vos enfants et je comprendrais totalement.

— Est-ce qu’Océane peut rester ?

— Bien sûr. Et je fermerais la porte clé pour que nous ne soyons pas dérangés.

— Chérie, tu es partie du principe que ce serait toi qui serais enceinte, mais as-tu envisagé que je puisse le vouloir aussi ?

— Vraiment ? SI c’est ce que tu veux, oui, bien sûr. Au contraire même.

— Je peux vous faire les examens à toutes les deux. Comme ça, vous aurez toutes les cartes en main pour vous décider.

— Faisons comme ça alors, merci.


Une heure plus tard, elle nous déclara toutes les deux aptes à enfanter sans problème. Elle nous donna son numéro de téléphone pour qu’on puisse la joindre quand nous aurions pris notre décision.


— Est-ce qu’il y a un sujet particulier dont tu voudrais me parler ? commença Océane après son départ, ses bras autour de mes épaules.

— Tu pensais vraiment ce que tu disais ?

— Bien sûr, chérie. J’ai aussi envie d’une descendance, d’avoir un enfant qui me ressemble.

— Donc tu es d’accord pour qu’on en ait un troisième ?

— Oui, mon amour. Mais pas avant qu’on ait tout organisé. Comme tu le sais, élever un enfant, avec tout le travail qu’on a à faire, ce ne sera pas simple.

— On là déjà fait. Et avec des jumeaux je te rappelle.

— Certes, mais nous étions organisées. Pour l’instant, nous ne sommes pas prêtes. Ce sont tes émotions, ton envie, ton cœur qui parle. Je me dois d’être la raison. Mais si on y travaille ensemble, si on en discute, nous pourrions être prêtres plus vite que prévu.


Heureuse et rassurée par sa décision positive, je l’embrassais. On continua d’en discuter toutes les deux jusqu’à aller choisir la future chambre de cet enfant, proche de la nôtre. On informa alors Emma, en sa qualité de gouvernante pour qu’elle fasse faire des travaux dans la pièce et la rendre le plus agréable, sans lui expliquer pourquoi. On se rendit ensuite dans la réserve où j’ouvris un carton de pyjama.


— Tu aurais envie de quoi, Océ ? D’une fille ou d’un garçon ?

— Si je devais être tout à fait honnête, une fille. Un garçon ne me dérangerait pas non plus, mais au vu de ta relation avec Ben, j’ai peur qu’avoir un garçon ne fasse que te mettre des bateaux dans les roues.

— De toute façon, on peut choisir le sexe du bébé avec la procédure. Sauf si j’ai mal compris.

— Bien sûr.

— Et les enfants, ils vont en pensez quoi, d’après toi ? la questionnais-je.

— Je ne sais pas. Il faudrait les tester. On va les chercher à l’école et on les emmène à l’orphelinat ?

— C’est une bonne idée.

— Et si on commencer par faire le tri dans toutes ces affaires ?


Dans les cartons, certains vêtements étaient abîmés avec le temps. Certains n’étaient plus au goût du jour, vieux, mais en bon état. On fit aussi le tri des jouets et des peluches. On y resta plusieurs heures et on se fit repérer par Emma.


— Bah, qu’est-ce que vous faites là ?

— Heu… du tri. Pour voir ce qu’on pourrait donner. Pour en faire profiter à d’autres, tenta Océane.

— Comme si j’allais vous croire. Je vous connais toute les deux, vous me cachez quelque chose. La rénovation de la pièce qui juxtapose votre chambre et maintenant ça.

— Emma, s’il te plaît, ajoutais-je.

— Vous ne voulez vraiment rien me dire ?

— Pas tous de suite, non. Rien n’est officiel et on en est encore qu’à l’étape de réflexion. T’en parler ce serait… pas cool.

— Pas cool ? Vous ne me cachez rien d’habitude. Pourquoi maintenant ?

— Continue de trier, chérie, enchaîna Océane. Je m’occupe d’Emma.


Océane sortit en sa compagnie et je repris le tri. Quand j’eus fini, peu de temps après, je retournais dans la chambre où je retrouvais Océane.


— J’ai tout expliqué à Emma. Elle ne nous posera pas de questions tant qu’on ne lui en parlera pas.

D’accord, merci.


Durant toute l’après-midi, on travailla chacune de notre côté, dans le bureau jusqu’à ce qu’il soit l’heure d’aller récupérer les jumeaux à l’école. On se rendit directement à l’orphelinat, qui avait été prévenu de notre arrivée.


— Maman, qu’est-ce qu’on fait ici ? nous interrogea Élise.

— Votre mère et moi avons des vêtements d’enfants à leur donner, lui répondit Océane.

— Est-ce qu’on peut aller jouer avec les enfants ?

— Bien sûr.


Après avoir donner les cartons de vêtements et de jouer à la directrice de l’orphelinat, on observa Ben et Élise avec les enfants. Ben, aidé par une nourrice, donnait le biberon à un bébé, le sourire aux lèvres. Élise, quant à elle, jouait avec deux petites filles et s’assurait qu’elles avaient assez chaud.


— Je crois que tu as té réponses mon amour, chuchota Océane.

— Ils seront de bon grand frère et grande sœur.

— Il suffit de leur faire confiance.


On les laissa s’amuser encore quelques instants avant de rentrer au château. Sur la demande de Ben, je l’aidais à faire ses exercices de maths. Quand on eu terminé, j’en profitais pour discuter avec lui.


— Tu sais que tu as un beau sourire ? Quand tu veux bien me le montrer.

— Oui, je sais. On me le dit souvent, joua-t-il.

— Hé oh ! Ça va les chevilles ?

— Très bien merci. Regarde.


Devant mon air dépité, il rigola à cœur joie. Le voir ainsi avec moi me réchauffa le cœur. Ma relation avec mon fils avait toujours était compliqué, mais il semblait qu’elle s’améliorait enfin.


— Et si on allait acheter des livres demain, tous les deux ? proposa-t-il.

— Je ne sais pas, chéri. Ta mère n’est pas là de toute la journée. Je ne veux pas laisser ta sœur seule au château.

— Oh. Je veux bien qu’Élise vienne alors.

— Tu es sur ? Je croyais que tu voulais qu’on sorte que tous les deux.

— C’est vrai. Mais je dois aller à la librairie de toute façon et Élise aussi. On doit lire des livres pendant l’été.

— Pour votre rentrée en sixième ? Je viendrais vous récupérer tous les deux à la sortie de l’école dans ce cas.

— Merci maman. Je t’aime.


Sans me laisser le temps de lui répondre, il m’embrassa et quitta la bibliothèque. Je restais quelques secondes perplexe avant de reprendre mes esprits et de retourner dans la chambre. Océane remarqua immédiatement mon sourire et me questionna après m’avoir embrassé.


— Ben m’a dit qu’il m’aimait. Même s’il a fui juste après.

— Vraiment ? C’est super ça.

— Si tu savais comme je suis contente.

— Je le vois sur ton visage, chérie. C’est la première fois qu’il te le dit, je crois.

— Exact.

— Vous êtes sur la bonne voie. Tout finira par entrer dans l’ordre.


Entendre mon fils évoquer ses sentiments et surtout me les dire, ajoutait une carte à mon mur qui se solidifiait un peu plus. Mon cœur s’était réchauffé. Je voyais enfin la lumière au bout du tunnel. J’entrevoyais enfin la possibilité d’établir une relation normale et saine avec mon fils, tel que je l’avais toujours rêvé.

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