Chapitre 22

5 minutes de lecture

Les jours passaient et discuter avec le psychologue du palais me faisait beaucoup de bien. Océane avait eu raison de prendre ma vie en main. Grâce à elle, je ne faisais plus de cauchemars. Grâce à elle, j’appréciais de nouveau le contact d’Emma. Grâce à elle, je pouvais enfin regarder mes enfants dans les yeux, à leur sourire. La seule chose qu’elle ne pouvait contrôler, c’était mon envie de tout abandonner pour une vie meilleure. Ne jamais retourner au château, ne plus jamais reporter ma couronne, ne plus jamais être appelé Majesté. Cette envie autant présente que ce troisième enfant qui, sans être encore conçu, me maintenait en vie. Pourtant, je ne voulais pas l’élever au château. Je voulais qu’il ait une vie des plus ordinaire, loin de tout ce qui approchait de près ou de loin à de la Richesse.


— Elise ! Rends-moi mon livre ! hurla Ben dans la maison.

— Viens le chercher si tu y tiens tant.


Aussi vite que le vent, ma fille passa devant moi en courant. Quelques secondes plus tard, c’est mon fils qui la rejoignit. Pendant plusieurs minutes, ils tournèrent en rond dans la maison mais surtout autour de moi. Je finis par attraper, à la volée, le livre à l’origine de cette dispute et mes deux enfants s’immobilisèrent instantanément.


— Quel est le problème ? les questionnais-je.

— Elise a volé mon livre préféré ! J’étais en train de le lire.

— Menteur ! Tu ne l’avais même pas dans les mains !

— Non c’est…

— Arrêtez ! Vous me fatiguez. Vous n’avez pas des devoirs à faire au lieu de vous disputer pour un livre ?

— Non, on a tout fini.

— C’est loi qui avait le livre en premier ! tenta Elise.

— J’ai terriblement envie de vous donner une tape sur la tête. Ce n’est qu’un livre, bon sang.

— Mais fait-toi plaisir, Elena, intervint Océane en entrant dans la maison.


Écoutant ma femme et son sourire diabolique, je leur donnais une légère tape avant de ranger le livre tout en haut d’un meuble.


— Mais… maman ! Ce n’est pas juste, bouda Ben.

— La vie n’est pas juste, chéri. Aidez plutôt votre mère à ranger les courses.


Elise me tourna le dos et je l’entendis rechigné, telle l’ado qu’elle l’était. C’était ça que je voulais. Voir mes enfants se disputer pour un livre, courir dans la cuisine, bouder au lieu de faire les taches ménagères plutôt que de devoir leur apprendre à gérer un Empire. Océane posa le sac de course sur la table puis vint m’embrasser. Elle m’attira ensuite sur le canapé, le temps que les enfants rangent tout.


— Que se passe-t-il ?

— Hé bien… hésita-t-elle, ça va faire deux mois que tu es ici, le château à repris son activité et… et puis merde, je craque Elena. Tous tes chiffres, ta comptabilité, j’y comprends rien du tout. J’ai besoin de ton aide. Les factures, les documents comptables s’accumulent sur ton bureau et je suis incapable de m’en occuper.

— Mais fallait me demander, rigolais-je. Tu m’as bien obligé à voir un psy, tu aurais pu m’obliger à travailler. Et puis, ça m’aurait vidé la tête.

— Faire des calculs improbables, te vider la tête ? Si j’avais su, je t’aurais mis des chiffres dans les mains dès les débuts, soupira-t-elle.

— Je vais t’aider, ne t’inquiète pas. Et puis, je commence à étouffer ici.

— C’est vrai que la maison de Corine est petite pour neuf personnes.

— Les enfants peuvent retourner au château s’ils veulent.

— Et toi ?

— Il va me falloir encore un peu de temps. Mais bientôt, je te le promets.

— Je t’aime, mon amour. Je suis contente de te voir sourire à nouveau.

— Tu sais ce que me ferais sourire encore plus ? chuchotais-je.

— Je suis tout ouïe.

— Et si on allait faire ce bébé ?


Océane explosa de rire et les enfants tournèrent la tête dans notre direction.


— Mais que t’es bête. Ben, Elise, allez donc jouer au parc.

— Tous seuls ? Vraiment on a le droit ?

— Dehors vilain garnement ! enchainais-je.

— Ouais ! La liberté !


Océane ria en même temps que moi et les enfants mîmes leurs chaussures en quatrième vitesse. Dès qu’ils furent partis, ma femme attrapa ma main valide et on monta dans la chambre. Elle ferma la porte et me plaqua contre celle-ci. J’avais toujours le bras droit bloqué dans l’écharpe mais la douleur avait presque disparu. Je pouvais à nouveau bouger les doigts mais surtout m’habiller, me laver seule.

Océane glissa sa main dans mes cheveux tout en m’embrassant. Deux mois que j’étais chez Corine, deux mois que tous n’avions rien fait. Seules dans la maison, nous étions des adolescentes. En moins de deux, mon écharpe fut enlevée, puis mes vêtements et enfin les siens. Sans attendre plus longtemps, nos deux corps bouillant de désir, on se retrouva dans le lit et je calais mon bras droit contre mon ventre, essayant de le garder le plus immobile possible. Mais avec Océane au-dessus de moi, ses lèvres glissant dans mon cou, ce n’était pas simple.


— Bon, on le fait comment ce bébé ? joua ma femme.

— Je ne sais pas, comme ça peut-être ?


De ma main valide, j’attrapais son visage et l’embrassais plus passionnément que jamais. Mais Océane me repoussa rapidement.


— Bas les pattes. Aurais-tu oublié que c’est moi qui contrôle ta vie, jusqu’à ce que tu ailles mieux ?

— Mais je vais mieux, mon amour.

— Faux, tu n’es toujours pas rentré au château.

— Oh, tu parles de ce contrôle-là ? Hum… je ne sais pas.

— Tais-toi, tais-toi, tais-toi. Tu as compris là ?

— Je croyais que je devais me taire ?

— Idiote va.


Océane bloqua ma main valide au-dessus de ma tête et elle m’embrassa. Sur mes lèvres, dans le cou puis elle descendit au fur et à mesure, lentement, en me faisant languir d’elle. Dans les bras d’Océane, je n’avais plus aucun contrôle de moi-même. Je n’étais plus que la marionnette de ma femme, pour notre plus grand plaisir à toutes les deux. Océane était aux commandes et pour une fois, j’appréciais ça.


— Océ, soufflais-je entre deux râles. Je t’aime.

— Je vais te faire m’aimer encore plus, mon amour.

— Mais je n’attends que ça, ma très chère femme.


Sa main glissa sur mon ventre et je me mordis la lèvre inférieure tout en fermant les yeux. Je savais ce qu’elle comptait faire et je savais que je perdais absolument tout contrôle. Je savais que s’il y avait quelqu’un dans la maison, nous serions prises sur le fait. Je n’avais plus qu’à espérer que nous soyons seuls et profiter de l’amour inconditionnel de ma femme, mon âme sœur, ma vie et mon pilier.

Annotations

Vous aimez lire Le studio d'Anaïs ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0