Chapitre 23

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Je me réveillai dans les bras d’Océane. Elle me regardait dormir en souriant. Je lui souris à mon tour et me mis à rigoler. Un rire qui se transforma rapidement en pleurs.


— Qu’est-ce qu’il se passe, chérie ?

— Je ne sais pas.

— Pourquoi tu pleures ?

— Je ne sais pas.

— Alors pleure autant que tu veux.


Dans les bras de ma femme, mes larmes ne coulèrent sur sa poitrine pour aucune raison. Quand je me calmais enfin, je relevais la tête et l’embrassais.


— Trop d’émotion d’un coup ? me questionna-t-elle.

— On dirait, rigolais-je.

— Et si on parlait de ce bébé ?

— Maintenant ?

— Pourquoi pas ?

— Je peux aller prendre une douche avant.

— Oui, bien sûr.


Je l’embrassais et repoussais la couverture. Prendre une douche me permit de me rafraîchir, mais surtout de me remettre de mes émotions. Une fois apprêté, dans une belle robe courte, je retrouvais ma femme.


— Comment tu veux que je reste concentré avec cette tenue, Elena ? soupira-t-elle.

— Qui a dit que je voulais que tu restes concentrée ?

— Je t’aime, mon idiote préférée.

Océane sortie du lit, se plaça dans mon dos, entoura ma poitrine et m’embrassa dans le cou.

— J’aimerais vraiment être enceinte, chérie, m’avoua-t-elle. Mais si toi aussi…

— Ça me va.

— Oula, pourquoi tu acceptes aussi vite ?

— C’est d’un enfant dont j’ai envie, mon amour. Pas d’être enceinte. Alors si toi, c’est ce que tu veux, ça me va.

— Merci. J’aimerais commencer la procédure rapidement, mais je ne sais pas si tu es prête. Tu n’es toujours pas capable de retourner au château, tu as toujours ton bras coincé dans cette écharpe. C’est peut-être trop tôt.

— Allons voir le psy ensemble. Il te dira si je suis prête ou non.

— Tu veux déjà faire une thérapie de couple ? rigola-t-elle.

— T’es bête, enchaînais-je. On fait ça ?

— C’est une bonne idée, oui. De toute façon, j’ai eu mes règles il n’y a pas longtemps alors faudra attendre un peu.

— Je t’aime.


Elle m’embrassa à nouveau et partit s’habiller. On descendit ensemble dans le salon, où Emma cuisinait.


— Ce n’est pas trop tôt, rigola-t-elle. J’ai cru que vous alliez recommencer.

— Mais… tu… oh c’est pas vrai, rougissais-je.

— Dix ans, Elena. Dix ans que je connais tes cris par cœur, pour condamné le couloir de votre chambre pendant vos parties de jambes en l’air.


Je plaquais mon visage de plus en plus rouge sur la poitrine de ma femme. Celle-ci rigola tout en me frottant le dos.


— Quand est-ce que tu te maries pour arrêter de nous espionner ? joua Océane.

— Je ne vous espionne pas. Ta femme est juste beaucoup trop bruyante.


N’en pouvais plus, je donnais un léger coup de poing sur l’épaule d’Emma qui rigola à nouveau.


— Assis-toi et mange, Elena. Tu dois avoir faim après toutes ses émotions.

— Mais tu as fini, oui ?

— N’empêche que si je n’avais pas été là, ma mère et mes sœurs seraient entrées dans la maison. Je les ai envoyés retrouver les enfants au parc.

— Merci Emma.

— Je sais que ça te gêne que j’en parle, Elena. Mais je suis contente. Si tu as retrouvé ta libido, c’est que tu vas mieux.

— Emma ! Ma vie sexuelle ne te regarde pas !


Océane rigola. Elle était du côté d’Emma et je ne pouvais rien dire, car elle avait raison. Je savais que si les enfants ne nous avaient jamais surpris en flagrant délit d’amour, c’était grâce à elle. J’étais gênée, mais j’appréciais. J’appréciais l’avoir à mes côtés pour éloigner toutes les personnes qui pourraient nous déranger pendant nos moments rien qu’à nous.


— Tu as rendez-vous avec le psy quand ? me questionna ma femme.

— Il arrive… oula, dans une heure.

— Comme le reste de la famille d’ailleurs, compléta Emma.


La journée était bien entamée. Les enfants allaient rentrer de leur après-midi au parc. On mangea un bout ensemble. Quand le psy arriva, on s’isola dans la chambre et on discuta, à trois, pendant une bonne heure.


— C’est un très beau projet que vous avez, Mesdames. Et depuis un mois que je vous suis, vous avez fait d’énormes progrès, Elena. Je n’y vois pas d’inconvénient à commencer dès maintenant. La perspective d’un avenir à cinq vous fera, je pense, le plus grand bien.

— Tu as entendu ça, chérie ? Tu es prête, ajouta Océane heureuse.

— Merci.

— Mais continuons de nous voir tant que vous ne pouvez retourner au château.

— Très bien.


La séance terminée, il sortit de la chambre. Océane me poussa délicatement sur le lit et m’embrassa.


— Tu veux déjà remettre ça ? rigolais-je.

— J’ai terriblement envie de t’entendre à nouveau me supplier d’aller plus vite. Mais je m’abstiendrais, nous ne sommes plus seules.


Depuis que ma femme avait repris ma vie en main, depuis qu’elle contrôlait tout, je revivais. Finalement, Océane avait toujours plus ou moins tout contrôler indirectement sans que ça nous dérange. Après tout, si elle ne contrôlait rien, ce ne serait plus Océane.

Sur le bureau, alors qu’Océane était partie, je remarquais une petite pile de dossiers. Me souvenant qu’elle avait besoin de mon aide, j’ouvris le premier pour découvrir plusieurs candidatures pour le poste d’assistante. Je les récupérais, m’assis et le feuilletais. C’est celui d’une jeune femme de tout juste vingt-cinq ans qui attira mon attention. Elle avait exactement tout ce que je recherchais. Les diplômes, l’expérience avec des stages, des lettres de recommandation incroyable et toutes les qualités requises. Abandonnant les autres candidatures, je descendis retrouver ma femme.


— C’est elle.

— Mélanie Fontaine ? Très bien, je la convoque demain pour un entretien.

— Au palais ? demandais-je nerveuse.

— Oui. Sauf si tu veux assister à l’entretien.

— J’aimerais bien oui.

— On se fait un resto demain midi ?

— Faisons ça.


Le lendemain, une heure avant notre rendez-vous, Océane m’aidait à m’habiller. Une robe facile à enfiler, légère et courte. Elle replaça ensuite mon bras dans l’écharpe et me coiffa. Tout était dans la simplicité aujourd’hui.


— C’est l’heure. Est-ce que tu prends ta couronne ? me questionna ma femme.

— Non. Je ne peux pas.

— C’est comme tu veux. On y va ?


Je glissais ma main dans la sienne, prête. Elle récupéra sa propre couronne et on sortit. Le restaurant n’étant pas loin, on put y aller à pied, sans passer par la place principale. Devant l’entrée, je reconnus Mélanie. La photo de son CV n’avait pas menti et elle avait une pochette sous le bras. Elle jouait avec ses mains et regardait partout autour d’elle, trahissant sa nervosité.


— Madame Fontaine ? commença Océane.

— Vos Majestés, c’est un honneur.

— Je suis enchanté de faire votre connaissance. Je suis Océane Luisard et voici ma femme, Elena De Stinley. Si ça vous convient à toute les deux, nous pourrions aller nous installer.

— Avec plaisir.


Ma main, toujours dans celle de ma femme, on entra dans le restaurant. Le serveur nous conduisit jusqu’à notre table et nous donna les cartes.


— Souhaitez-vous un verre de vin, Madame Fontaine ? la questionna Océane.

— Je n’ai pas pour habitude de boire durant un entretien, répondit-elle nerveuse.

— Je vais prendre un verre alors vous pouvez, si vous le désirez.

— Je vais en prendre un dans ce cas.

— Parfait. Qu’est-ce que tu veux boire, chérie ?

— De l’eau ira très bien, Océ.

— Même pas un jus de fruits ou un soda ?

— Non merci.

— Temps pis.


Avant de commencer à parler boulot, on commanda nos repas. Mélanie nous parla ensuite d’elle, de son parcours et de ses ambitions. Océane lui expliqua ce qu’on attendait d’elle et surtout de la pression qu’elle allait avoir. N’ayant qu’un bras de valide, j’allais être des plus exigeante avec elle.


— Je suis prête à faire un essai.

— Parfait. Je vous laisse regarder votre contrat et signer si ça vous convient.


Pendant que je terminais tranquillement mon dessert, Mélanie le lut avant de signer.


— Très bien. On va s’échanger nos numéros. Vous commencez demain à huit heures. Je vous attendrais au château.

— C’est noté.

— Ouais, donc sans moi, quoi, soupirais-je.

— Elena…

— Non, mais très bien. Explique-lui tout, au château, comme si tout était normal et Mélanie viendra ensuite m’aider à la maison. Faisons comme ça.


Quand l’entretien se termina, je commençais à fatiguer. À l’extérieur du restaurant, on laissa Mélanie rentrer chez elle et on fit de même chez Corine. Une fois à la maison, je mis une tenue plus confortable et m’allongeais dans le lit. Océane s’installa à mes côtés.


— J’irais voir le Docteur Langstone demain.

— Pourquoi ? la questionnais-je en m’endormant.

— Pour le bébé.

— Ah oui c’est vrai.


Océane déposa un baisé sur mon front et je m’endormis dans ses bras. Le cumule des médicaments, de l’entretien et d’être sortie de la maison m’avait épuisé.

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