Duel

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La tension des bracelets métalliques cisaillait ses poignets, tout son corps tentait de se soustraire aux cruautés raffinées que le Boss avait certainement prévues pour elle.

Celui-ci devait percevoir quelque de chose de cette appréhension, bien que la jeune fille se livrât à un âpre combat contre elle-même pour la faire taire.

Sa poitrine se soulevait difficilement, plaquée par le large torse de son tortionnaire qui la dévisageait toujours avec l'avidité féroce du prédateur. L'éclat perçant de ses pupilles l'écrasait aussi bien que le poids de l'imposant mafieux. Elle le distinguait entre ses paupières étrécies, subissant malgré elle l'ascendant de cet impitoyable amant. Elle le soutenait néanmoins, comme elle le pouvait, dans le silence perturbé par leurs haleines entremêlées.

Mais elle regretterait bientôt ce duel immobile, quand il se saisirait des instruments de son tourment pour en accabler sa chair.

Il la libéra enfin de la pression de son corps, pour entamer, à sa grande surprise, une étrange caresse, de sa main calleuse. Leur rugosité parcourut lentement sa joue d'abord, puis son cou, s'attardant sur les seins, en flattant les rondeurs pommelées, vers le nombril, contournant le pubis pour suivre la ligne de la cuisse et enfin le galbe du mollet.

Flavia retenait sa respiration. Si ces cajoleries lui faisaient l'impression d'un verre d'eau en plein désert, son sixième sens toujours en éveil lui maintenait les pieds sur terre.

Et en effet, d'un geste brusque et précis, il emprisonna l'une de ses chevilles dans une entrave, puis la seconde dans la foulée. Elle était maintenant écartelée, mais il restait un peu de jeu pour qu'elle puisse légèrement se tortiller. Probablement à dessein, le sadique devait trouver amusant que de laisser à sa victime la liberté de se débattre un peu.

— Tu es plutôt résistante à la douleur, on dirait, mais c'est mieux de tout ressentir pleinement, tu vas encore plus apprécier, tu verras, lui susurra-t-il à l'oreille avant de l'embrasser dans le cou.

Un baiser désagréable, prodigué par une peau lisse et froide comme celle d'un serpent.

Jusqu'à présent, elle avait relativement réussi à prendre son parti des relations qu'on lui avait imposées, à défaut d'y prendre du plaisir, songea-t-elle, il fallait faire confiance à sa détermination.

Mais, elle dut se mordre les lèvres pour ne pas gémir quand un violent coup s'abattit sur son clitoris.

Un coup cinglant, précis, infligeant une douleur aigüe et cuisante.

Surprise, elle se redressa autant qu'elle le put pour en découvrir l'origine. Le Boss se tenait devant elle, une férule à la main.

— Tu as mal ? Attends, je n'ai pas fini. Je parie que ce n'est pas si facile de t'attendrir ? persifla-t-il avant d'asséner un nouveau coup au même endroit.

Cette fois, la douleur lui déchira l'aine et irradia jusqu'au nombril.

Flavia se mordit violemment les lèvres pour ne rien laisser transparaitre de son appréhension, devinant la gradation de la souffrance. Elle ne concèderait pas cette victoire à cette ordure.

Le Boss s'attarda un moment à la contempler, perplexe... ou alors avait-il décelé quelque chose du combat intérieur auquel se livrait la jeune fille...

Mais les coups reprirent bientôt, fouettant les tétons, puis encore le clitoris. Le corps de la jeune fille se consumait dans un brasier dévorant, cependant, elle s'entêtait à retenir les gémissements qui cherchaient à s'épancher.

La baguette de bois ne lui laissait pourtant aucun répit, répandant sur les parties les plus sensibles de son corps son empreinte enflammée.

À chaque fois qu'elle revenait, la douleur semblait décuplée et il devenait de plus en plus en difficile de contenir les cris, non, les hurlements qui congestionnaient sa gorge... les ongles s'étaient incrustés dans la pulpe des paumes, c'était une de ses dernières ressources, d'allumer ce contre-feu. Peut-être que bientôt les pointes violacées s'insensibiliseraient, cet espoir insensé occupait maintenant le cerveau étourdi et confus de la jeune martyre.

— Ouf, c'était bon hein ? ricana le mafieux de sa voix métallique, on en a assez des préliminaires, hein ? Allez, je suis sûre que tu es lucide sur toi-même. Tu sais que tu es mièvre au possible, toute pâlotte que tu es. Je t'ai ajouté quelques jolies couleurs, mais maintenant, on va te parer comme la reine des chiennes que tu es.

Éperdue de douleur, la jeune fille perçut à peine quelques bribes de ce discours sardonique. Elle ne comprit donc pas ce qui suivit immédiatement.

Un pincement violent pressa un de ses tétons, insistant. Quelque chose cherchait à se frayer un chemin à travers celui-ci, lui sembla-t-il. La chair céda dans un éclair de souffrance.

Un étrange sentiment de soulagement arracha enfin un soupir à la suppliciée.

Celle-ci, étonnée de la nouveauté de la sensation, rechercha du regard en quoi consistait ce nouveau tourment. Une longue aiguille avait transpercé le mamelon, une goutte de sang écarlate y perlait, tranchant sur sa carnation opaline.

— C'est bien que tu observes un peu, tu vas voir, c'est très esthétique. Comme tu le vois, j'ai de quoi faire, railla-t-il en agitant une autre aiguille sous les yeux effarés de sa victime.

À partir de ce moment, elle n'eut de cesse de retrouver un peu d'air tant la souffrance la suffoquait, le Boss prenait son temps pour apposer un nouveau aiguille, savourant la lente progression de l'épine de métal dans le téton, puis enchainait sans attendre, hérissant les douces pointes couleur de pêche de pointes d'acier rougeoyant.

Mais si elle haletait, aucun son ne sortait de sa bouche close, pincée pour ne pas crier sa détresse.

— Voilà, c'est plus joli comme ça, ironisa-t-il de sa voix sifflante. Je pourrais m'arrêter là... mais... la beauté est dans la symétrie, vois-tu ? Il faut que ta poitrine soit toute parée de bijoux.

À ces mots, il s'empara de l'autre sein, le tira et le pinça, le faisant rouler entre ses doigts pour recommencer son terrible office, toujours avec autant de lenteur. Une, deux, ... dix... le sang ne s'écoulait plus que des seins martyrisés, il s'égouttait aussi des lèvres de la jeune fille, tant elle les mordait pour résister à l'envie de sangloter. Pourtant, ça aurait été une délivrance, d'une certaine manière, mais elle ne pouvait se l'autoriser.

— Quel dommage que tu ne puisses voir comme je t'ai embellie, ma petite chienne... Mais ce n'est pas fini. Voilà le clou du spectacle, si je puis m'exprimer ainsi, ricana-t-il. Tu t'es bien tenue, je te félicite, mais c'est maintenant qu'on va voir maintenant ce que tu as dans le ventre.

D'un coup sec, il tira sur la pince qui enserrait le clitoris de la malheureuse. L'afflux du sang qui revenait irriguer cette partie délicate faillit lui arracher un cri mais au prix d'un énième effort, elle parvint à rester silencieuse, bien que sa poitrine révulsée se soulevât sous le choc.

Il allait la torturer en son point le plus sensible, pressentit-elle, horrifiée. Cette fois, ce serait au-dessus de ses forces, il abattrait le dernier rempart de sa résistance. Elle déposerait les armes...

Avec un ricanement, l'homme passa le pouce sur le mont de Vénus en cercles concentriques, une douce sensation envahit la jeune fille qui se détendit un peu.

C'était un répit que lui accordait le monstre, pour mieux revenir à la charge, pensa-t-elle. Une vague de chaleur se fit jour dans son bas-ventre, gagnant en puissance quand il vint lutiner le petit bouton de chair.

De son index et du majeur, il en prit possession. Flavia se crispa à nouveau mais les doigts entamèrent un suave massage autour, dessus, interrompant parfois leur danse pour le taquiner avec légèreté. Étourdie par cette sarabande diabolique entre ses nymphes, elle retenait sa respiration, redoutant que l'exquise caresse ne s'interrompe, mais elle reprenait bientôt.

L'irritation décuplait l'excitation de ses sens, et elle savait qu'elle exploserait sous peu.

Toute tentative de dissimulation était vaine désormais : elle haletait maintenant, elle ruisselait, elle se contractait, tendue devant la déferlante de plaisir qui l'emporterait. Les aiguilles n'existaient plus, l'euphorie la submergeait.

Mais la voix du maître s'éleva, la rappelant brutalement à la cruelle réalité.

— C'est bien, ma belle. Maintenant, supplie-moi de t'autoriser à jouir. Dis-moi à quel point tu es heureuse d'être ma chienne, et que me satisfaire est ton seul bonheur.

Flavia demeura saisie un instant d'une telle demande, elle redescendait brusquement sous le regard de feu qui la couvait.

Cela lui répugnait, mais se refuser à obéir maintenant annihilerait tous les efforts qu'elle avait faits jusqu'à présent.

Malgré son engourdissement général, elle se fit cette réflexion en une seconde.

Elle ne pouvait se permettre de reculer, d'autant qu'elle s'était résolue à jouer la plus parfaite servilité. Il fallait y aller carrément.

— Oui, mon maître, opina-t-elle, d'un ton qu'elle voulut sensuel. Je vous en prie, laissez-moi jouir. Vous satisfaire est le seul désir de votre chienne.

Pour appuyer son propos, elle écarta davantage les cuisses, exposant ses lèvres luisantes, avec obscénité, pour embraser l'œil enflammé qui la dévorait.

Cela suffirait-il à prendre l'ascendant sur le Boss ?

Une longue minute s'écoula alors qu'elle s'offrait toujours, soumise, suppliante.

La main restait en suspens, le masque lui faisait toujours face, inexpressif, mais un lent sourire se dessina sur la partie qu'il découvrait.

— C'est bien, ma chienne. Je vais te donner ce que tu veux et tu vas me donner ce que je veux. C'est équitable.

Sur ces paroles, les doigts s'activèrent à nouveau, sans retenue cette fois-ci, furieusement, ils s'acharnèrent sur le clitoris. C'était différent mais c'était bon, Flavia avait de toute manière toujours aimé être prise sans ménagement et elle s'abandonna totalement à son orgasme .

Le salaud savait y faire, il savait exploiter son goût étrange pour la bestialité, voilà les pensées qui lui seraient venues si elle avait été en état de réfléchir.

Mais les palpitations de son sexe l'avaient plongée dans un état second où elle se complaisait. Elle ondulait sur les draps de satin, son bassin se mouvait de lui-même, et son esprit flottait quelque part, à quelques milles de là.

Le claquement précéda la douleur. Le Boss avait asséné une grande gifle là où il avait cajolé la jeune fille.

Il la déchira comme la morsure d'un fouet mais elle n'eut pas le temps de se reprendre qu'un second coup lui était porté au même endroit.

— Bien, bien, tu es sensible à souhait maintenant. Nous allons pouvoir parachever notre œuvre.

Les doigts bienfaiteurs tirèrent sur la pointe du clitoris, déclenchant un frisson désagréable jusqu'aux entrailles de la prisonnière.</><>

— Tu vas compter jusqu'à cinq. Cinq, c'est le nombre d'aiguilles dont je vais orner ton adorable petit bouton de rose. Tu seras sublime. Tu me supplieras à chaque fois de t'apposer l'aiguille suivante et tu me remercieras quand je l'aurai fait.

Le Boss marqua une pause à ce moment de son discours, probablement pour en savourer l'effet.

Et une lueur de terreur s'était en effet allumée dans les yeux de la suppliciée, figée par l'annonce qui lui était faite. Elle réprima un hoquet, difficilement, car il lui semblait que son coeur avait cessé de battre l'espace d'une seconde.

Non, elle n'avait pas su subjuguer son maître, il avait certainement percé à jour son petit jeu, et il allait le lui faire payer ? Ou au contraire était-il simplement ravi de trouver la victime parfaite pour ses pulsions sadiques ?

— Commence ! Ordonna la voix, plus acérée que le métal de la pointe qui allait la transpercer.

Elle inspira fortement, se préparant à bloquer sa respiration pour encaisser la douleur.

— Un ! cria-t-elle faiblement.

Et un éclair la foudroya, comme elle s'y attendait. Mais le savoir était quelque chose, le vivre en était une autre. A la brûlure intense succéda un souffle glacial qui gagna bientôt tout son corps.

Une nausée remonta de son oesophage et elle serra les dents pour retenir le flot qu'elle imaginait jaillir de ses entrailles.

Mais l'éclat d'une nouvelle pointe se présenta sous ses yeux. La terreur ressurgit, balayant l'envie de vomir.

— De...deux ! scanda-t-elle, tiraillée entre la peur et la nécessité.

Ses membres inférieurs furent aussitôt pris d'un tressaillement anarchique, incontrôlable, tout comme besoin de se libérer du contenu de son estomac.

— Trois ! ravala-t-elle péniblement.

Les tremblements devinrent continus, ils agitaient les poignets et les chevilles dans un clinquement sinistre. La mâchoire de la jeune fille était si crispée qu'elle eut du mal à prononcer sa prochaine sentence.

— Quatre...

Un soubresaut la projeta quelques centimètres au-dessus du matelas, son ventre se tordait dans une contracture intolérable. Il lui semblait que toutes les veines de son sexe pulsaient des fleuves de feu qui la consumeraient entièrement.

Il lui fallait maintenant desserrer les dents une dernière fois. Elle convoqua ce qui lui restait de forces pour appeler le dernier châtiment.

Ses lèvres s'entrouvrirent mais aucun son n'en sortit... Une nouvelle tentative se solda par un échec, puis deux. Le silence l'écrasait telle une chape de plomb. Il aurait raison d'elle, elle en était sûre. Il fallait vaincre ou mourir, même si vaincre revenait peut-être à mourir. Elle leva les yeux au ciel, pour lui adresser une prière. C'était insensé, même blasphématoire de demander de l'aide à Dieu pour commettre un péché mortel.

A ce moment, son regard croisa les pupilles incandescentes qui lui parurent triompher. Il était certain de l'avoir terrassée.

— Cinq ! hurla-t-elle, lui décochant un ultime défi.

"Bien" fut le dernier mot qu'elle perçut, et l'amère déception d'être quand même terrassée fut sa dernière impression.

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