Milia et Furet (1)

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Assise contre le tronc d'un chêne bicentenaire, je profite de l'après-midi printanière au calme. Un rayon de soleil éclaire le recueil de poèmes sur mes genoux. Les jambes repliées contre moi, je m'imprègne de la muscicalité du texte, bercée par le murmure de la brise dans le feuillage.

Je lève les yeux de mon livre, intriguée par un léger froissement. Un cygne blanc s'ébroue sur le lac qui me fait face. Sa grâce me remplit d'amiration. Pourtant mon regard ne reste pas longtemps fixé sur l'oiseau majestueux.

Je tourne la tête le plus doucement possible pour ne pas l'éveiller. Il m'a rejointe pour parler, mais il doit être fatigué, il s'est endormi sur mon épaule. D'un doigt léger, je suis la ligne de son profil. Ses longs cils me fascinent.

Il fait vraiment chaud. La chaleur m'engourdit. Sa présence seule suffit à me détendre. La pression tombe, je suis entièrement apaisée. Une tranquilité sereine m'envahit. Mes paupières deviennent de plus en plus lourdes. Je lâche mon ouvrage et glisse dans un sommeil paisible.

Je rêve de couleurs et de formes lumineuses. Cette forme de mirage est celle que je préfère : elle ne me laisse pas le sentiment doux-amer de manquer quelque chose d'important. Je sens quelque chose de léger me caresser la joue et je m'éveille.

Son visage est à quelques centimètres du mien et il me regarde attentivement ouvrir les yeux. Je sais qu'il aime plonger son regard jusqu'au plus profond de mon âme. Je lui souris sincérement. Ma joie est toujours vraie avec lui.

Je baîlle et m'étire pour m'éveiller entièrement. Son attention est toujours concentrée sur moi. Il ne sourit même pas. Taquine, je lui donne une pichenette sur le nez. Il attrape ma main.

  • Qu'est-ce qu'il y a ?

Pas de réponse. Je rapproche mon visage.

  • Qu'est-ce-qu'il t'arrive ?

Il a un petit rire et passe la main derrière mon coup pour me rapprocher de lui jusqu'à ce que je sente son souffle. Je me mords les lèvres en fixant les siennes. Il rit.

  • Je peux t'embrasser ?

Je hoche la tête sans mot dire. Il pose délicatement ses lèvres sur les miennes, aussi légère que la caresse d'un papillon. D'ailleurs, un nuage s'agite dans mon ventre. Il a le goût de caramel, un peu salé. Son odeur me rassure, je suis en sécurité dans ses bras. J'enfouie ma tête dans le creux de son épaule.

  • Ca va ?
  • Oui. C'est parfait.

Je me recule un peu pour observer ses traits purs, cette petite cicatrice sur sa joue que j'aime tant, ces petites rides au coin des yeux quand il sourit, et cette fossette dans sa joue.

  • Regarde !

Un papillon bleu, enivré de chaleur et de vent, volette à droite, à gauche. Il s'approche de nous et se pose sur mon nez. Je ris, il n'a peur de rien vraiment. Il tend un doigt et l'insecte s'y pose avec gracieuseté.

Je m'efforce de graver cet instant dans ma mémoire : lui, émerveillé comme un enfant, un papillon bleu sur la main. Ce dernier s'envole vers le ciel, libre et léger. Je suis son vol jusqu'à ce qu'il disparaisse.

Pour une fois, je ne l'envie pas. Je suis heureuse. Je n'ai pas envie de partir.

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