Chapitre 4 - 26 Février 2009

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Ces souvenirs qui refont surface petit à petit me bousillent le moral... ce soir-là, où j'allais rencontrer Théo, me reviens tout à coup...

- Allez c'est bon Lennie ! Ta mère est au boulot et pense que tu es chez moi, et la mienne croit que je suis chez toi ! On va juste boire un coup chez Nico !

- Nina je le connais pas ce mec ! En plus il habite au Panier, ça craint là-bas !

- Pas plus que la Belle de Mai, je te ferai remarquer !

- Oui mais à la BDM on est chez nous ! On craint dégun ! Et je te rappelle qu'on a que 16 ans !

- Allez s'il te plaît ! Juste une heure ! Après on rentre, promis !

Qu'est ce qu'elle m'énerve ! Ah non ! Pas ses yeux de chien battu, par pitié! Elle le sait que je ne peux pas lui résister !

- Bon, une heure maximum hein ! Après, avec ou sans toi je me casse !

- Oh merci ! Tu ne le regretteras pas, promis ! En plus Nico a invité son cousin et il paraît qu'il est beau gosse !

Nina court à la salle de bain se maquiller. Elle est mon opposé ! Quand moi je suis brune, elle est blonde. Je suis petite et j'ai quelques kilos en trop, mais Nina est grande et super mince... J'ai les yeux bleus très clairs, à l'inverse, Nina les a marrons à la limite du noir. Comme on dit, les opposés s'attirent ! Noius sommes coquettes toutes les deux, mais ce soir je n'ai pas envie de faire d'effort, alors un petit peu de mascara et ça suffira !

Un quart d'heure après, nous partons. Nous devons traverser une bonne partie de Marseille à pied mais nous avons l'habitude. Remonter vers la gare, puis descendre la Canebière, passer le Vieux Port et prendre sur la droite le Panier. C'est vrai que ce quartier me fait peur, mais il est tellement beau ! Il paraît que c'est le plus vieux de Marseille ! Pourquoi j'ai peur ? Car tout simplement nous sommes tous des bandes rivales entre quartiers ! Nina et moi sommes des natives de la Belle de Mai, tout le monde nous connaît, nous sommes les filles, petites sœurs, nièces et cousines de tout le monde. Mais ici, nous ne sommes personne, et je parie qu'il y a au moins un mec qui s'est fait piquer sa nana par un autre de chez moi… Il ne faut donc pas traîner dans les rues, surtout à 22h un samedi soir…

Au bout d'une demi-heure de marche, nous arrivons enfin chez ce fameux Nico. Nina a des vues sur lui depuis qu'elle l'a rencontré dans le métro. Il a trois ans de plus que nous et a son appartement.

Quand nous arrivons, l'appart est enfumé, des bouteilles d'alcool sont éparpillées partout et ça ne sent pas que le tabac. Bien que Nina et moi ne buvons pas, il nous arrive de fumer autre chose que des cigarettes, mais pour être honnêtes, c'est surtout pour faire comme les autres, pour faire les " grandes ". Nico nous accueille chaleureusement et nous invite à nous mêler aux autres. Dans le salon, deux filles et trois garçons sont déjà là, et tous, je dirai, ont entre 16 et 20 ans. Une des filles nous interpelle :

- Alors les meufs, vous venez d'où ?

- De pas loin, je lui réponds.

- Et vous êtes où au lycée ?

- De pas loin !

Tout le monde se met à rire. Nous savons tous les enjeux de parler de nos vies à des inconnus. L'un des garçons me regarde droit dans les yeux et me demande :

- Et vous avez des petits copains ?

Quand je croise ses yeux, prête à lui balancer une bonne répartie, je reste sans voix. Il est juste magnifique ! Pas très grand et mince, brun et métisse, les yeux d'un marron doré et un piercing au nez. Ce qui me coupe le souffle, c'est ce regard, hypnotisant, mais flippant à la fois, j'ai l'impression qu'il lit en moi, et ça me subjugue totalement ! Nina répond à ma place :

- Pas encore ! en regardant Nico et en sortant un gloussement très bizarre !

La soirée continue, tout le monde discute, rigole, chante, fume et boit. Nina discute avec Nico dans un coin du canapé et moi j'essaie de suivre une conversation sur le Bac Blanc qui sera dans à peine quelques mois. Sans que je m'en aperçoive, Regard de Braise vient s'assoir à côté de moi.

- Tu passes une bonne soirée ?

- Pas trop mal, mais je ne vais pas tarder à rentrer.

- Je sais que ton amie s'appelle Nina, mon cousin n'arrête pas de m'en parler depuis une semaine ! Et toi, tu t'appelles comment ?

C'est donc lui le fameux cousin ! Nico n'avait pas menti ! Je lui réponds :

- Lennie, et toi ?

- Théo. Tu as quel âge ?

- 16 et toi ?

- 17. Pourquoi tu dois déjà rentrer ?

- C'est un interrogatoire en bonne et due forme dis moi ! je lui réponds en rigolant. Parce que j'ai pas mal de devoirs à faire pour la semaine prochaine et que… non je vais être sincère avec toi, je n'avais pas envie de venir, Nina m'a forcée.

Il explose de rire, et je crois que c'est la plus belle chose que je n'ai jamais entendu. Si des années plus tard on me demande qu'est ce qui a fait que je suis tombée amoureuse de lui, je répondrai " son rire ". Il me propose un "dernier" verre, je lui demande un coca. Deux heures après, nous sommes toujours en train de discuter. Nina a disparu avec Nico dans une chambre, et tous les autres sont partis.

De ce qu'il me raconte, Théo est natif du Panier mais a déménagé avec ses parents dans le quartier des Chartreux quand il avait six ans. Il a deux sœurs et un chien. Il a redoublé sa 3ème et est donc comme moi en première. Je suis plongée dans son regard, je n'arrive pas à enlever ce sourire niais de mon visage et je pense qu'il s'en rend compte car il regarde trop souvent ma bouche ! Il me pose quelques questions auxquelles je réponds sans non plus rentrer dans les détails. Quand je regarde ma montre, il est déjà 3 heures du matin ! Je commence à me lever et je suis sur le point de hurler à Nina qu'on doit y aller, mais elle entre dans le salon avec Nico.

- Allez Nina, il faut y aller, ma mère va rentrer dans 3 heures et demi ! Théo j'ai été très contente de te rencontrer, Nico merci pour la soirée !

Pendant que Nina dit au revoir à, apparemment, son nouveau mec, Théo s'approche de moi, me tend la main, et tout en m'attirant vers lui pour m'embrasser la joue, il me glisse un petit bout de papier dans la main :

- Appelle moi ! J'aimerai beaucoup qu'on se revoit !

- D'accord, je verrai ! Bonne nuit !

Sur le chemin du retour, Nina et moi rions et débriefons cette soirée, qui, je ne le sais pas encore, sera le début d'une plongée en enfer …

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