Chapitre 5

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AARON

— On a attendu vingt minutes que tu finisses de te préparer pour que tu sois à moitié à poil ? s'agace Naïm quand les talons de Teresa claquent enfin dans les escaliers.

Nous sommes tous sur les canapés, prêts à partir pour le restaurant où nous devons dîner ce soir. Lorsque la voix de mon meilleur ami résonne, coupant court à toutes discussions, je me retourne vers Teresa qui s'est arrêtée en bas des marches et rapidement, tout le monde la regarde.

Elle porte un top court en dentelle noire avec un t-shirt à manches longues transparentes par-dessus. Un mini-short de la même couleur moule parfaitement son derrière rebondi et des bas-résilles laissent apparaître ses longues jambes encore bronzées.

Mes yeux parcourent les courbes de son corps et si, la tenue laisse peu de place à l'imagination, elle a le mérite d'être captivante. Elle joue avec les pensées et ne laisse personne indifférent. Je me surprends à pourlécher ma lèvre inférieure et je finis mon observation par son visage, encadré par ses cheveux blancs et lisses.

Ses traits fins sont outrageusement maquillés. Ses yeux verts sont charbonneux, surlignés d'un fin trait noir et la paire de faux-cils qu'elle porte agrandissent son regard. Ses lèvres pulpeuses sont recouvertes d'un rouge-à-lèvre trop foncé à mon goût et ses joues sont légèrement rouges. Mais ce qui attire le plus l'attention, c'est la lueur de désinvolture qui luit dans ses prunelles.

— Il y a un problème, Naïm ? soupire-t-elle en souriant.

Son regard impertinent croise le mien un quart de seconde avant qu'elle ne regarde de nouveau l'algérien. Juste une demie seconde. A peine quelques heures sont passées depuis l'épisode du balcon et elle m'esquive consciencieusement depuis. Comme s'il s'agissait d'un jeu.

Nous n'avons jamais été de ceux qui sont collés vingt-quatre heures sur vingt-quatre l'un à l'autre —même si elle passe la plupart de son temps libre à la coloc'— ou qui se racontent l'intégralité de leur vie mais sa compagnie ne m'a jamais dérangé et son silence radio ne me plait pas du tout. Alors je me suis nourri des regards taquins qu'elle m'a lancé à l'occasion, malgré elle.

— Ouais, j'ai un problème avec tes tenues de tchoin, lui reproche Naïm en se levant du canapé pour la rejoindre. J'comprends même pas comment tu peux t'habiller comme un mec de cité le jour et comme une 'tass la nuit. Tu ne peux pas faire un effort et la jouer simple, mettre un jean et un pull comme ta reuss', pour une fois ?

Si je devais donner mon avis sur le style vestimentaire de la peroxydée, il pencherait sans hésitation pour son goût immodéré des vêtements trop courts et trop moulants qu'elle porte beaucoup trop bien pour que ce soit légal.

Les traits de Teresa se tendent à l'instant même où elle est comparée à Alexia et cette dernière enfonce sa tête dans les épaules alors qu'elle commence à rougir. La tension dans la pièce est montée d'un cran

— C'est bon, on s'en tape de ses fringues. Elle est très bien. On va au restaurant, pas à l'église. Allez, on y va ! temporise Cameron en tapant dans ses mains pour nous encourager à nous lever.

Je ne sais pas comment se passe le trajet de Max, Cam et Esther mais le nôtre me semble durer une éternité. Naïm et Teresa sont silencieux mais l'énergie négative qu'ils dégagent alourdit l'ambiance générale. Je ne peux même pas compter sur Alexia pour tenir une conversation, elle ose à peine m'adresser la parole. Seule la voix d'OBOY sur Rien à fêter résonne dans l'habitacle mais personne n'y prête attention, à part moi qui tapote le rythme du bout des doigts sur le volant.

Dans le petit restaurant chic et montagnard où nous avons réservé, la serveuse de l'accueil nous regarde de travers lorsque nous entrons. Parce qu'on est nombreux, parce qu'on est bruyants, parce qu'on est jeunes, parce qu'on attire toujours l'attention sur notre passage. Cependant l'employée de restauration finit par afficher un sourire professionnel et nous accompagne vers une table ronde, dans un coin calme.

La pièce est spacieuse et de grandes baies vitrées nous montrent les paysages engloutis par la noirceur de la nuit. Le mobilier est entièrement boisé et de grandes poutres brutes sont apparentes. Un brouhaha ambiant règne et l'on devine des musiques de Noël émaner des haut-parleurs dissimulés un peu partout.

Je vais pour m'asseoir à côté de Teresa pour forcer un échange mais Naïm qui doit commencer à culpabiliser de leur petite prise de tête court presque pour avoir la chaise voisine. Finalement, je me retrouve assis entre Maxime et Cameron, et Teresa se trouve pile en face de moi. C'est mieux que rien, je suppose.

— Du coup, tout le monde est chaud pour une raclette ? demande Cameron en lisant la carte des boissons.

Tout le monde acquiesce, même moi qui ne suis pas un grand fan de raclette, et les discussions basculent désormais sur les boissons.

Quand le serveur revient vers nous, nous passons commandes après nous être assurés que le restaurant proposait de la charcuterie halal pour Naïm.

— Sinon, ça se passe comment pour vos examens ? lance l'algérien lorsque nous sommes de nouveau seuls.

Si Naïm et moi avons quitté les bancs de l'école depuis un moment déjà, le reste de l'équipe est encore en études supérieures. Cameron est dans une grosse école de commerce privée dans la capitale. Maxime, lui, est en école d'ingénieur. Teresa suit une Licence d'espagnol. Pour ce qui est d'Esther, j'avoue avoir oublié.

— Ah gars, on est là hein ! s'exclame le blond en riant.

Ce qui signifie dans sa langue que c'est la merde mais on ne s'inquiète pas pour lui, on sait qu'il a une place toute trouvée dans les affaires de son père. Les cinq ans d'études ne sont qu'une formalité pour occuper son temps, faire quelques fêtes et baiser le maximum de filles.

— Moi, j'en ai passé quelques-uns avant les vacances alors j'ai moins de travail. J'ai quand même ramené mes cours pour réviser, ça devrait aller, enchaîne Esther en buvant une gorgée de son cocktail sans alcool.

— C'est la merde mais vas-y, j'ai parlé avec des gars de ma promo et ils sont au même stade que moi ! s'amuse son copain. Et toi, Teresa ? Ça se passe comment à la fac ?

Notre attention est tournée vers elle mais elle ne répond pas. Elle se contente de faire tourner le fond de son verre, d'un air absent. Naïm lui file un petit coup de coude dans les côtes pour la ramener parmi nous.

Je ne les ai même pas vu se réconcilier. C'est toujours comme ça avec eux. Ils se prennent la tête pour des trucs idiots, l'un boude pendant un petit moment puis l'autre fait le premier pas et ils recommencent à se chamailler et à rire. En fait, c'est comme ça avec à peu près n'importe qui et Teresa.

— Uhm, elle grogne en revenant parmi nous. Euh, ouais, ouais, c'est cool, elle s'empresse ensuite de répondre.

Le sujet des études dure un moment où chacun donne sa petite anecdote amusante mais je n'en ai aucune. Ma présence sur un campus de fac a été aussi rapide qu'un snap. Je n'y suis resté que quelques semaines — un mois au maximum — avant d'abandonner ma licence de mathématiques car je ne tenais pas le coup. Aussi parce que ça ne me plaisait pas des masses. J'ai alors laissé tomber les études supérieures après l'obtention d'un baccalauréat Economique et Social et je suis parti travailler dans un pub branché de la capitale. Presque deux ans que j'y travaille à temps plein et je ne suis pas près de partir, ayant pris goût au salaire qui tombe chaque mois sur mon compte en banque.

— Et le lycée, ça se passe bien avec les nouvelles réformes et tout ? interroge ensuite Maxime à Alexia. Ma sœur est en première aussi et elle coule complètement sous les dst et les devoirs.

— Uhm, ça va. C'est vrai que c'est difficile, qu'il y a du travail mais sûrement pas autant que vous tous, affirme la lycéenne en haussant les épaules.

— Bah oui, tu comprends, c'est la meilleure de sa classe et elle a des trop bonnes notes. Vraiment trop intelligente ma petite sœur !

La voix faussement enjouée et trop aigüe pour refléter ce que Teresa pense vraiment nous déstabilise tous. On s'interroge du regard alors que la peroxydée perd son sourire et l'étincelle dans son regard.

— Teresa, grogne Naïm à côté d'elle pour la mettre en garde.

— Quoi ? Je n'ai pas le droit de montrer à quel point je suis fière d'elle ? proteste-t-elle, pleine de sarcasme.

— C'est bon, arrête Teresa. Je n'ai rien fait. Grandis un peu, tu n'es plus au collège, se fâche Alexia.

La surprise se lit sur tous nos visages, autant à cause du ton que des mots utilisés. Définitivement pas l'image douce que nous avons de la petite Alexia Garnier. Personne n'a le temps de s'interposer, Terrie s'exclame :

— Vas-y, fais la maline à mal parler devant tout le monde mais je vais te renvoyer à Paris, un coup pied au cul. Tu v-

— Stop ! On se calme.

Là, c'est ma voix qui vient de tonner.

— Si on voulait voir deux personnes se disputer, la plupart d'entre nous seraient restés chez nos parents pour les fêtes, moi le premier alors canalisez-vous deux minutes.

Penché vers l'avant, les mains à plat sur la table et la mâchoire serrée, je jette un regard sombre sur les deux. S'il y a bien une chose que je déteste, ce sont les disputes inutiles. De celles qui ont bercé mon enfance et mon adolescence. Alors ce n'est certainement pas pour les revivre lorsque je suis avec mes amis.

Alexia baisse les yeux immédiatement, replace une mèche de cheveux derrière son oreille puis gigote sa chaise, mal-à-l'aise, comme une enfant qu'on viendrait de gronder. Teresa, elle, soutient mon regard quelques secondes mais finit par détourner les prunelles, vaincue.

Mon attention est détournée par mon téléphone qui vibre dans la poche de mon cargo noir et j'observe le destinataire sous la table. C'est mon père. Je rejette l'appel en me disant de le rappeler plus tard, si l'envie me vient. Mais il est obstiné et n'abandonne jamais une idée alors il me rappelle. Je capitule et avertis Max que j'en ai pour une minute, en attrapant ma veste au passage.

— Papa, je décroche d'un ton froid.

— Ta mère vient de m'apprendre que tu ne serais pas présent pour les fêtes de fin d'année.

Il ne perd pas son temps à me demander comment je vais, il s'en tape. Et je ne lui demande pas non plus comment il va parce que, moi aussi, je m'en tape.

— Tu as un bon mois de retard, j'ai prévenu Maman le mois dernier, je souligne en roulant des yeux.

Difficilement, j'enfile ma veste d'une main, tenant mon téléphone contre l'oreille de l'autre puis je pousse la porte du restaurant pour rejoindre le froid glacial des nuits montagnardes.

— C'est inacceptable. Il est hors de question que tu sois absent, toute la famille fait le déplacement depuis le Sud pour venir nous voir alors tu te dois d'être là, jeudi soir.

Le ton autoritaire qu'il utilise lorsqu'il s'adresse à moi, comme si j'avais encore dix ans et que je devais lui obéir au doigt et à l'œil me fait serrer la mâchoire.

— Je ne suis pas-

— Arrête un peu d'être égoïste, Aaron ! Je ne te demande rien d'extravagant, juste le minimum : être avec ta famille le soir de Noël. C'est important pour ta mère et moi.

Evidemment, il ne faut surtout pas que les autres voient à quel point notre famille est dysfonctionnelle.

Mon cœur cogne un peu plus fort contre dans ma cage thoracique à chaque mot que mon père prononce mais je tente de garder mon calme. M'énerver contre lui ne me fera rien gagner. Cette fois, avant de lui répondre, je souffle un grand coup et je commence à faire les cent pas sur le parvis.

— J'ai déjà des plans de prévus, je ne peux pas et ne vais pas les annuler.

— Et qu'as-tu de mieux à faire que d'être auprès de ta famille ?

— Être avec mes amis.

Un rire gras et moqueur résonne contre mon oreille et ce sont mes doigts qui se serrent désormais.

— Oh je t'en prie, tu ne parles quand même pas de cette bande d'incapables qui s'accroche à toi depuis des années ? Même toi, tu vaux mieux que ces gens-là.

— Tu ne les connais même pas, les défends-je malgré moi.

— Je les connais suffisamment pour savoir qu'il ne s'intéresse qu'à ton argent, et donc par extension, le mien.

Mon père a tellement peu de considérations pour mes meilleurs amis qu'il ne sait même pas que leurs familles sont aussi riches que la nôtre, voire deux fois plus pour celle de Cameron. Mais je ne perds pas mon temps à le lui dire, c'est un combat perdu. Sans parler du fait que je ne m'intéresse même pas, moi, à son argent alors encore moins à mes potes. Mais ça aussi, je m'abstiens de le préciser.

— Bon, tu as des choses vraiment utiles à me dire ou je peux raccrocher ? On m'attend, je le préviens, excédé.

— Uhm, non. J'ai dit ce que j'avais à te dire. On se voit jeudi. Et par pitié, habille-toi correctement. Je ne veux pas te voir porter un de tes sweats, comme si tu avais été élevé dans un vulgaire ghetto.

— Je ne serais p-

Mais je n'ai pas le temps de terminer ma phrase, mon père me raccroche au nez.

Frustré, j'enfouis mon téléphone dans la poche de mon pantalon et sors une cigarette pour détendre mes nerfs.

Si Guillaume Garcin n'est pas le pire père sur Terre, il ne fait pas non plus partie des meilleurs. Et toutes conversations que vous pouvez avoir avec lui est à sens-unique. Vingt ans que c'est comme ça, et je sais que ça ne changera jamais. Pour ma santé mentale, j'évite au maximum le contact avec lui, même s'il s'accroche comme le maniaque du contrôle qu'il est.

Ma cigarette finie et mon humeur un peu meilleure, je rejoins mes amis.

Tout ce dont on a besoin pour faire une bonne raclette se trouve sur la table à mon retour. Une demi-meule de fromage, de la charcuterie, des pommes de terre et de la viande rouge. C'est con que je déteste le fromage.

— Enfin on peut manger ! s'exclame Naïm lorsque je m'assois.

Pour appuyer ses dires, il plante violemment sa fourchette dans le saladier de pomme de terre et la balance dans son assiette, invitant tacitement les autres à faire de même. Ce que nous faisons. Chacun se sert en fonction de ses goûts et les discussions continuent. La mise au point sur nos vies étant faite, nous parlons du reste du voyage, des activités prévues, des soirées de Noël et du Nouvel An qui approchent, de l'arrivée de Cassandra demain matin.

— Attendez. La dernière fois que tu l'as vu, c'était à Halloween ? Mais tu dois avoir les couilles pleines ! s'exclame soudainement Maxime.

Je soupire, un air grave sur le visage pour attester de ma frustration sexuelle.

La main d'Esther claque contre le crâne de son mec.

— Mais tais-toi, ça ne te regarde pas ! C'est leur vie privée, s'écrie alors Esther.

Il se frotte l'arrière de la tête.

— Oh c'est rien, c'est la famille, réplique-t-il en roulant des yeux.

Esther fronce les sourcils puis ses prunelles nous dévisagent un à un, avec dégoût.

— Mais oui, on se raconte tout entre nous, appuie Cameron en souriant de toutes ses dents. Par exemple, on sait que Naïm s'est fait dépuceler dans le lit de la petite sœur de la fille en question.

— Ou que Cameron s'est déjà fait sucé par une pote de sa mère, renchérit le concerné pour se venger, avant de boire une gorgée de son soda.

— Quoi ? s'exclame Esther et Alexia à l'unisson.

— Ce n'était pas la pote de ma mère mais une femme de son cours de yoga, corrige le blond, son attention focalisée sur les deux filles.

J'ai du mal à retenir mon rire alors que chacun des gars balancent des dossiers sur les uns et les autres, au point que j'en ai mal au ventre. Au moins, je ne pense plus à l'appel de mon père.

— On sait aussi que Teresa s'est tapé le cousin de l'un d'entre nous, et tout le monde s'en tape.

— Max, grogne Terrie, les yeux écarquillés, en lui faisant discrètement signe de se taire.

— Attends, c'est quoi cette histoire ? je m'empresse de demander.

Je ne suis pas le seul à être surpris et Naïm et Cam attendent autant que moi des réponses.

— Hum, j'ai dit « cousin » ? Je voulais dire « copain », s'empresse-t-il de corriger, d'un mouvement de main, mais j'ai du mal à y croire. Tout ça pour dire, Esther, que la vie intime, nous, on ne connaît pas.

La rouquine secoue doucement la tête mais on voit bien qu'elle nous juge. Puis une idée lui traverse l'esprit et elle se dépêche de demander :

— Tu leur a parlé de nous ?

— Bien sûr que non !

— Rien du tout !

— Jamais !

Nous échangeons tous les cinq un regard complice peu discret qu'Esther a capté à coup sûr mais elle n'ajoute rien. Le repas reprend calmement son cours.

— Faut quand même reconnaître que ce que fait Aaron pour Cass' est fou, marmonne Cameron en jouant avec une pomme de terre dans son assiette. Moi, je ne tiendrais pas des semaines sans aller voir ailleurs.

Je m'étouffe avec ma gorgée de bière et Terrie avale difficilement ce qu'elle était en train de mâcher.

Moi non plus, je n'ai pas tenu.

— Venez, on parle d'autre chose que de ma vie sexuelle et du fait que je n'ai pas baisé depuis trop longtemps, demandé-je en frottant l'arrière de mon crâne. C'est déjà frustrant en soit, pas la peine d'en rajouter.

Puis le regard que me lance la blonde, assise en face de moi, me fait craindre qu'elle n'avoue tout si l'on continue sur ce terrain. Et il en est hors de question.

On parle d'autre chose mais je suis ailleurs. Parler de mon couple m'a fait prendre conscience que dans moins de vingt-quatre heures, Cassandra allait avoir ses petits bras frêles autour de mon torse. Et je ne suis plus vraiment certain d'avoir envie qu'elle soit là.

Je suis sacrément dans la merde.

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