Chapitre 8

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AARON

— Allez, on se bouge le cul les gars ! hurle Cameron depuis le rez-de-chaussée.

Aujourd'hui, nous allons enfin skier. Ce qui explique pourquoi un Cameron aussi excité qu'un gosse un matin de Noël nous crie de nous dépêcher dans toute la maison comme si la neige allait fondre avant qu'on puisse fouler les pistes.

— C'est bon, on arrive l'Aryen, souffle Teresa devant moi dans les escaliers.

La tête baissée vers les marches, elle se débat avec ses cheveux pour les attacher, bien qu'ils soient trop courts pour tous tenir dans l'élastique qu'elle a autour du poignet. Mes yeux glissent le long de sa colonne vertébrale, bloquent une seconde sur la peau de son dos que l'on aperçoit entre l'ourlet de son crop-top et de son pantalon de ski.

— Continue et je te fous dans le premier fossé que je vois, la bouffeuse de tapas, renchérit le blond, taquin.

En bas des marches, je me dirige vers Cassie qui m'attend un peu l'écart, ma veste tenue fermement contre sa poitrine. Elle m'adresse un joli sourire qui illumine son visage alors qu'elle ouvre le vêtement pour que je l'enfile. Lorsque c'est fait, je me tourne vers la brunette pour la remercier et elle se hisse sur la pointe des pieds pour m'embrasser. Ses lèvres douces se scellent aux miennes et ce baiser ne provoque aucune accélération à mon rythme cardiaque, aucune envie folle et irréfléchie. Mais il a quelque chose de familier et rassurant que j'apprécie tout autant.

— Y'a des chambres pour faire vos cochonneries, badine Esther qui tire ma petite amie vers l'arrière.

La rouquine me tire la langue quand je coule un regard ennuyé en sa direction. Si elle savait à quel point j'aimerais faire des cochonneries avec Cassie dans une chambre... Ou n'importe où, d'ailleurs. Mais elle refuse que je la touche, sous prétexte que les autres pourraient nous entendre. Je lui ai proposé de le faire en pleine nuit, quand tout le monde est profondément endormi, d'étouffer ses cris contre l'oreiller mais sa réponse est catégorique : on attend d'être de retour à Paris. Je m'approche doucement des deux mois d'abstinence et ça commence à me rendre dingue.

— Tout le monde est là, on peut y aller, vérifie Maxime avant de lancer le cortège jusqu'aux voitures.

Sur le perron, Teresa s'arrête brusquement pour refaire ses lacets et je manque de la percuter, s'accrochant à ses hanches  par réflexe. Penchée vers l'avant, son pantalon noir moule ses fesses rebondies et je me perds à la mater. Une envie subite de lui mettre une fessée me traverse l'esprit, juste pour rire, mais je retiens le mouvement de ma main au dernier moment. Si elle se met dans de telles positions devant moi, elle ne va pas m'aider à enfouir bien profond mes pensées impures.

Il n'y a pas que ton envie que t'as envie d'enfouir bien profond, raille ma conscience.

Cette simple pensée me ferait presque bander. Putain, faut vraiment que je baise ou je vais finir par faire une connerie.

En ramenant mon bras vers ma hanche, je me concentre pour détourner mon attention et mon regard rencontre celui de Naïm en train d'attendre près de ma voiture, en contre-bas. Merde. Les prunelles translucides de mon meilleur ami me brûlent, me transpercent. Les sourcils froncés et la mâchoire contractée, il me fixe en secouant doucement la tête. Quand je passe près de lui pour rejoindre le siège conducteur, il grommelle.

— Fais belek, tu louches un peu, kho.

*

            — Je n'ai jamais skié de ma vie, avoue honteusement Alexia à voix basse.

            Debout juste à sa gauche, je crois bien être le seul à l'avoir entendu. Réunis sur le manteau de neige qui recouvre les terres de la station, chacun est occupé à enfiler les skis gracieusement prêtés par la famille de Cameron. Excepté la benjamine du groupe qui garde la tête baissée, ses cheveux bruns cachant son visage et les yeux sûrement rivés sur les morceaux de bois.

            — Il n'envoie plus les gamins skier à Camille Sée ? m'interrogé-je à haute voix.

            Le lycée Camille Sée, connu comme étant le berceau de notre petit groupe. Celui où tout a commencé.

            Plusieurs mètres devant nous, Teresa se retourne, la main gauche comme visière juste au-dessus de ses lunettes de Soleil. Elle désigne sa sœur du menton d'un air dédaigneux et prend la parole, l'air arrogant.

            — Si, ils le font toujours mais Madame s'est fracturé le poignet quatre jours avant le départ en tombant dans les escaliers. Le voyage n'était même pas remboursable.

            Alexia soupire en regardant sa sœur puis je devine qu'elle se mord l'intérieur de la joue comme pour s'empêcher de parler. Captant la tension qui pointe le bout de son nez, Naïm s'interpose et envoie un petit coup de coude dans les côtes de la lycéenne.

            — Tu sais, tu peux l'envoyer chier si elle te zehef. Puis t'inquiète, je ne suis pas doué non plus en ski.

            Un petit sourire ourle ses lèvres et Maxime enchaîne avant que Teresa n'ait le temps de répliquer.

            — On n'est pas obligés de tout faire ensemble. On n'a qu'à faire plusieurs groupes : un pour ceux qui veulent dévaler des pistes simples et un autre pour les plus difficiles.

            Mes orbes captent celles de Cameron, puis celles de Maxime, de Teresa et finalement, celles de Naïm. Pas besoin de regarder les autres, ils suivront ce qu'on décidera de faire. Ce ne sont que des pièces rapportées après tout. Nos grimaces et mouvements d'épaules nous servent de langage le temps de quelques instants et Naïm clôture la discussion lorsqu'il affaisse les commissures de ses lèvres en signe d'acquiescement.

            — Je ferais les pistes bleues et vertes avec Alexia. Je ne vais pas faire de dingueries ou je vais me blesser bêtement, se justifie-t-il.

            Un nouveau regard échangé avec les deux autres garçons, plus téméraires, et on se met d'accord pour dévaler les pistes plus difficiles. Du coin de l'œil, j'aperçois le visage souriant de Cassandra perdre en intensité lorsqu'elle comprend qu'on ne fera pas partie du même groupe.

            — Tu ne restes pas avec moi ? me demande-t-elle en s'approchant de moi.

            A ma hauteur, la guadeloupéenne enroule ses bras autour de ma taille et m'observe par-dessous ses cils fournis.

            — Je vais me faire chier si je vais avec vous, Bébé...

            — Mais ça fait longtemps qu'on n'a pas passé de temps ensemble, minaude-t-elle en baissant la tête puis marque une pause. Je n'ai pas envie de rester loin de toi. Tu m'as manqué, Aaron...

            Ses bras graciles me serrent un peu plus fort et elle cale sa tête juste sous mon menton. Je ne vois pas son visage mais je la visualise parfaitement faire ressortir sa lèvre inférieure dans une moue enfantine. Mes paupières se ferment et je pousse un long soupir. Elle fait toujours ça quand elle cherche à obtenir ce qu'elle veut. Et la plupart du temps, je finis par céder pour lui faire plaisir.

            — Cassandra, j'ai envie de passer du temps avec toi mais j'ai aussi envie de rester avec mes potes, tempéré-je en passant ma main dans ses cheveux.

            — Mais tu passes déjà tout ton temps avec eux, se plaint-elle contre ma poitrine.

            Ce que je peux détester quand elle me reproche ça, comme si c'était ma faute si on ne se voyait pas plus souvent.

            Je me mords la langue pour m'empêcher de parler. Être honnête mènerait à une prise de tête inutile au milieu de tous mes amis et je déteste l'idée. A la place, je tente un moyen de désamorcer la situation.

            — Tu sais quoi, j'ai quelque chose à te proposer. (Elle relève la tête vers moi et je marque une pause.) Ce matin, je reste avec les gars et je passe tout mon après-midi avec toi. Ça te va ?

            — Dis-le si tu ne veux pas passer de temps avec moi en fait, se renfrogne-t-elle en me repoussant.

            — Raconte pas de conneries ! J'ai juste envie de passer du temps avec mes potes, c'est pas un crime, si ? Je t'ai dit que je resterais avec toi plus tard alors arrête de me prendre la tête.

            Un voile de tristesse recouvre le regard de la petite métisse alors qu'elle fait un pas en arrière comme si je venais de la gifler au visage et mon cœur se sert devant cette vision.

            — C'est pas ce que j'ai voulu dire Cass'..., m'excusé-je, la main tendue vers elle. C'est pas grave si on passe pas la matinée ensemble. En plus, tu seras avec Teresa. Elle aussi, ça fait longtemps que tu ne l'as pas vu.

            — Pourquoi j'entends mon prénom ? intervient la peroxydée, la voix éraillée.

            Je me tourne vers elle et, derrière le verre teinté de ses lunettes de soleil, je devine ses sourcils froncés.

— Je disais juste que toi et Cass' allez skier ensemble.

            — Qui t'as dit que je ne viendrais pas avec vous ? s'offusque-t-elle.

            Un rire moqueur s'échappe de ma poitrine.

            — Tu comptes te taper des pistes hard ?

            — Peut-être bien. Tu crois que je n'en suis pas capable ?

            Je n'aperçois pas son regard mais j'imagine aisément la lueur provocatrice brûler dans ses prunelles noisette lorsqu'elle croise les bras contre sa poitrine, la tête inclinée sur le côté.

            — T'es sérieuse Teresa, tu vas avec eux ? ronchonne la brune, derrière moi.

            — Je te prends même à la course Garcin, renchérit Teresa sans faire attention à sa meilleure amie.

            — Pari tenu.

            L'excitation s'immisce en moi avec une rapidité surprenante et je n'ai plus qu'une envie, me retrouver en haut des pistes avec Teresa. Un rictus complice relève la commissure de nos lèvres alors que le groupe se sépare en deux.

            Loin d'être les seuls à avoir quitter le quotidien de notre ville pour nous évader à la montagne, nous sommes entourés de familles, de colonies de vacances et de jeunes venus entre potes. Il nous faudra presque dix minutes d'attente avant de pouvoir grimper sur le télésiège. Moment interminable pour moi qui n'attend que de dévaler les flancs de montagne, de faire cette course avec Teresa.

            Un épais manteau de neige s'étend à perte de vue et le Soleil qui s'y reflète aveugle quiconque ne porte pas de masque ou lunettes adaptées, réchauffant l'atmosphère. A tel point que j'ouvre mon épaisse veste.

            — Putain, j'ai la dalle ! grogne Teresa assise juste à ma droite, à l'extrémité de l'assise.

            — T'abuse, on a mangé juste avant de partir, s'amuse Cameron.

    Les mains contre son estomac comme pour appuyer ses propos, elle balance sa tête vers l'arrière avec un nouveau geignement et secoue ses jambes dans le vide ce qui fait trembler l'installation.

— Oh doucement ! 

Maxime verrouille ses deux mains sur la rambarde à l'autre extrémité.

— Arrête Terrie ou il va nous crever entre les mains, j'interviens en posant ma main sur sa cuisse.

Elle grogne mais se stoppe puis change de sujet.

— Alors Cam, avec la fille de ton école, ça se passe comment ?

Le blond passe la minute suivante à nous replacer Clarisse —c'est son nom— parmi son long tableau de chasse et celle d'après à nous parler de tous les messages qu'elle lui envoie pour qu'ils se revoient à son retour à Paris. D'après lui, elle n'est pas très intéressante mais « sacrément bonne au pieu », raison pour laquelle il ne la dégage pas.

Arrivés à la gare, nous descendons puis glissons jusqu'à un croisement servant de point de départ pour différentes pistes. Sans hésitation, Cameron et Maxime s'élancent sur une piste rouge en riant. Je m'avance pour les suivre mais Terrie me barre la route avec un de ses bâtons.

Je me tourne vers elle. Mon souffle se coupe une seconde lorsque je remarque qu'elle a noué sa veste autour de sa taille, son crop top laissant de nouveau apparaître la peau tentatrice de son ventre et du haut de sa poitrine. Mes pupilles sombres dévalent les courbes de son corps. L'envie d'y trainer la pulpe de mes doigts grandit en moi sans que je n'anticipe l'apparition.

— Tu te défiles déjà ?

— Tu veux vraiment la faire tout de suite ? Sans entrainement ?

— Pourquoi ? Tu as peur de perdre face à une fille, si on fait notre course maintenant ?

— N'importe quoi, dis-je en claquant ma langue contre mon palais. Je te prends où tu veux, quand tu veux.

            Trop tard, je réalise le double-sens de ma phrase mais Terrie ne le relève pas. Une image vive et fugace d'elle et moi allongés l'un contre l'autre dans un manteau blanc et cotonneux se dessine dans mon esprit et j'ai envie de me gifler.

            J'étais sincère quand je lui ai dit regretter notre baiser l'autre soir, bien que j'en ai eu envie sur le moment. J'étais sincère quand je lui ai dit aimer Cassie. Et j'étais sincère quand je lui ai dit m'inquiéter que cela ait changer quelque chose entre nous.

             — OK, qu'est-ce que gagne le premier ? demande-t-elle, confiante.

            Avec une lenteur qui fait accélérer les battements de mon cœur, je m'approche de Teresa jusqu'à la surplomber. Je lutte contre un instinct animal qui me souffle de balancer mes gants pour poser mes mains sur sa taille que j'imagine brûlante, juste pour voir si elle l'ait tout autant que l'autre fois.

— Qu'est-ce que tu me proposes ? encouragé-je, une esquisse de sourire sur les lippes.

Mes yeux glissent sur les traits de son visage, à la recherche de la moindre expression malgré la monture colorée qui cache ses yeux.

— Le perdant doit faire ce que le gagnant veut.

— Tout ce qu'il veut ? m'assuré-je, un sourcil haussé alors qu'un tas d'idées me traversent l'esprit.

— Tout ce qu'il veut.

Elle réprime un sourire. Je m'écarte pour lui tendre ma main comme validation de notre pari puis pars m'installer au départ de la course lorsqu'elle a tapé dedans.

— A vos marques, prêts ... débute Teresa une fois en place.

— Partez !

Je m'élance, le buste penché vers l'avant pour gagner en vitesse. Le vent froid me gifle le visage et s'infiltre dans mes cheveux pourtant je ne peux pas m'empêcher d'avoir un sourire béat sur le visage. Les skis fendent la couche de poudreuse, créant derrière notre passage un nuage blanc. Je devance Teresa de peu mais je sais qu'elle donnera tout jusqu'au bout, juste pour me prouver que je n'aurais pas dû la sous-estimer. Nous slalomons entre les autres vacanciers et j'en entends plus d'un râler sur notre conduite. Au premier virage, j'évalue mal la distance, manque de perdre l'équilibre et la blonde en profite pour me dépasser et prendre de l'avance. Sale garce.

L'adrénaline mêlée à une compétitivité inhabituelle chez moi fait encore accélérer les battements de mon cœur. Il résonne dans mes tempes, me donne presque le tournis. Ou est-ce ce moment partagé avec Teresa qui me déstabilise ? Je me concentre sur la course pour ne pas me ramasser dans la neige et perdre à coût sûr. Mon adversaire prend de plus en plus d'avance mais je refuse de l'admettre. Je donne de violents coups de bâtons dans le sol pour m'aider, resserre mes jambes. Dans le troisième virage, Terrie perd l'équilibre à quelques mètres de moi, se déchausse et roule quelques secondes sur le sol.

— Putain, Teresa ! Ça va ? m'exclamé-je en freinant brusquement pour la rejoindre.

Allongée sur le dos, elle reste quelques secondes sans bouger avant de geindre en se tenant le poignet. J'enlève mes skis à la va-vite et trottine jusqu'à elle pour m'assurer qu'elle n'est pas blessée.

— C'est bon, je n'ai rien. Arrête de paniquer ... grommelle-t-elle.

Ses lunettes tombées dans la chute révèlent pour la première fois de la journée la couleur jade de ses iris. Carrément hypnotisant. Elle soutient le regard quelques secondes avant rouler des yeux.

— Arrête de me regarder comme ça, m'ordonne-t-elle.

Soucieux, je me laisser tomber à ses côtés pour l'aider à s'asseoir. Mes doigts s'enroulent délicatement autour de son poignet pour le mouvoir et vérifier qu'elle n'est pas blessée.

— Ce n'est pas parce que, un jour, t'as eu une entorse au poignet en jouant au basket que tu peux m'examiner après une chute, grogne Teresa en me laissant faire malgré tout.

Du coin de l'œil, je l'aperçois en train de fixer le vide et je décide de ne pas lui répondre. Je continue mon examen amateur pendant une petite minute avant de lâcher son bras, me relever et épousseter mon pantalon plein de poudreuse.

— Rien de grave. Tu vas t'en remettre rapidement, conclus-je en lui tendant la main.

            — Oh merci beaucoup Docteur, combien je vous dois ?

Teresa, toujours égale à elle-même. Une lueur amusée traverse néanmoins sa moue boudeuse alors qu'elle se relève à son tour et part récupérer ses biens éparpillés.

            — Il me semble que vous connaissez déjà mes tarifs, Mademoiselle Garnier, la taquiné-je malgré moi.

            Quand elle se retourne, je m'attends à devoir affronter un regard impassible ou froid —comme sur le balcon—  mais à la place, elle me sert un sourire empli d'une indécence familière qui ne m'attirera, sans hésitation, que des problèmes.

            — Je vais finir par te prendre au mot, si tu continues, affirme-t-elle avant de se pencher de manière lascive pour récupérer un de ses skis.

            J'opine doucement du chef, me pince les lèvres pour réprimer le sourire qui menace d'apparaître sur ma face. Je lorgne une nouvelle fois sur son cul bombé qu'elle mouve juste sous mon nez. Elle le fait exprès, j'en suis presque certain. Elle sait que je la regarde et elle en profite pour jouer avec moi. A ses côtés, je me sens guidé par un instinct primaire qui me pousse toujours à aller plus loin, à savoir ce qu'il peut arriver. A la recherche perpétuelle de cette lubricité qui illumine les pupilles de Teresa lorsqu'on se retrouve en tête à tête, je me laisse aller à des pulsions aussi irréfléchies que regrettables.

            — Tu feras tout ce que je désire alors, proclamé-je, une fois qu'elle a récupéré tout son attirail et que la moitié de son visage est de nouveau dissimulé derrière le verre de ses lunettes.

            Ses sourcils épilés se froncent.

            — C'était le deal. Le perdant fait tout ce que veut le gagnant, lui rappelé-je sans dissimuler mon sourire satisfait.

            — Quoi ? Mais je n'ai pas perdu ! s'offusque-t-elle.

            — T'es tombée, fin de la course. J'ai gagné, c'est tout, argumenté-je d'un air désintéressé juste pour la piquer un peu.

            — Je veux une revanche !

            Mon cerveau considère l'idée quelques secondes. Techniquement, je l'ai déjà battue une première fois et si je prends note de mes erreurs lors de ma première course, je suis certain de pouvoir le refaire. Alors j'accepte, joueur.

*

            Le Soleil commence à disparaitre dans le ciel et le colore de teintes chaudes. Signe qu'il est temps pour nous de rentrer au chalet. Les douleurs dont tout le groupe se plaint aussi. Après avec skié pendant plusieurs heures, nos muscles commencent à tirailler et la fatigue se fait ressentir.

            J'ai gagné ma course haut la main contre Teresa, chose que son égo a du mal à accepter. Elle a répété toute la journée que j'avais triché, que j'étais parti avant qu'elle soit prête.

            Le retour en voiture a été un des plus calmes que j'ai connu. Personne n'a parlé, trop fatigué pour faire l'effort de se socialiser. Par galanterie, nous avons ordonné aux filles de rentrer et de nous laisser ranger tout le matériel dans la ski-room du rez-de-chaussé quand nous sommes rentrés. J'ai observé du coin de l'œil, Cassandra et Teresa partir bras dessus, bras dessous à l'étage principal et une pointe d'insécurité m'a transpercé l'abdomen. Et si Teresa craquait et lui racontait tout ? Je perdrais ma petite-amie, mon amie et ça prouverait à tout le monde que je suis qu'un putain d'incapable.

            — Je te garde à l'œil, me menace Naïm en passant derrière moi alors que j'accroche une paire de ski, l'esprit préoccupé.

            — De quoi tu me parles, mec ?

            Je me tourne vers mon meilleur ami dont les pupilles polaires s'assurent que les deux autres ne font pas attention à nous.

            — Crois pas que t'es discret, j'vois comment t'es avec elle depuis un moment. Comment tu la mates aussi. Alors arrête tes conneries et reprends-toi. T'as une meuf, laisse Terrie tranquille, exige-t-il dans un chuchotement froid et sévère.

            N'importe qui ne connaissant pas Naïm serait impressionné par la froideur de son regard, de son ton mais pas moi. Pas après des années de colocation, pas après dix piges d'amitié. Au contraire, il m'amuserait presque avec son comportement protecteur de pseudo grand frère, comme s'il sortait ce discours à tous les mecs qui mataient Teresa. Si vous voulez mon avis, il y serait encore ; j'ai rarement vu un type passer à côté d'elle sans la regarder.

            — Comment je la mate ? Mec, elle passe la moitié de son temps à moitié à poil dans la maison. Tu veux que je fasse quoi ? Que je marche les yeux bandés ou que je quitte la pièce quand elle entre ? riposté-je, sarcastique pour donner le change.

            Je pourrais tout lui avouer, maintenant. Raconter que j'ai couché avec celle qu'on considère comme notre meilleure amie, un membre de notre famille. Raconter qu'on s'est embrassé complétement défoncés et que sans l'appel de Cassie, on l'aurait sûrement refait. Mais cela voudrait dire que je suis prêt à prendre le risque que ça finisse dans les oreilles de Cassandra et ça, je le refuse.

            Naïm grogne en balançant sa tête vers l'arrière. Il sait que j'ai raison.

            — Eh ! Vous foutez quoi ? nous interpelle Maxime qui s'approche.

            — Rien, je réponds du tac-au-tac sans quitter des yeux le kabyle.

            Mais ma réponse ne plait pas à Naïm et il le fait comprendre.

            — On parle d'Aaron et du fait qu'il matte un peu trop le cul de Terrie.

            Les deux autres se rapprochent de nous et, si Maxime arbore une mine interrogatrice, Maxime affiche un grand sourire.

            — On est d'accord qu'elle a pris du cul récemment ? Ça la rend encore plus bonne !

            La mâchoire de Naïm se sert tellement fort que, pendant une seconde, je crains que ses dents pètent. Maxime assène le blond d'un violent coup de poing dans l'épaule avant même que je ne puisse répondre.

            — T'es sérieux là ? proteste le blondinet. C'est quoi ton problème ?

            Les sourcils froncés, il se frotte à l'endroit du choc.

            — Parle pas d'elle comme ça, c'est notre pote, s'agace Max, les yeux écarquillés.

            — Et alors ? Elle est bonne, elle est bonne ! Ça veut pas dire que je veux la baiser, se défend Cam, l'incompréhension résonnant dans sa voix.

            Du même avis que lui, avec une ou deux nuances que personne d'autre que moi ne connait, je le désigne de la main en lançant une œillade appuyée vers Naïm.

            — C'est bon, tu vas arrêter de te faire des films et de me péter les couilles ?

            Il roule des yeux, se pince les lèvres, ouvre la bouche sans rien dire puis la referme et part en grommelant quelque chose en arabe. Surement une insulte ou deux. Maxime et Cameron ne comprennent pas tout mais ne posent pas de questions, continuant leur petite chamaillerie sans que je ne fasse davantage attention à eux.

              Si j'ai réussi à désamorcer la situation cette fois-ci, je dois vraiment faire attention à mon comportement lorsque je me retrouve à proximité de Teresa, au moins en public. Ou je risque de tout foutre en l'air.

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