Notre amie Roberta

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Il y a quelques années, une affaire survint dans un pensionnat de Rome, ville éternelle et à l'héritage culturel très riche. Des jumelles, âgées de quinze ans devaient y effectuer trois années suite à un échec scolaire conséquent. Elles étaient originaires des Abruzzes et se nommaient Paola et Giulia. C'étaient deux belles jeunes filles, espiègles et plus attirées par la gent masculine que par les livres et les manuels scolaires. Elles avaient donc commencé leur année et étant des jumelles, elles demeuraient inséparables, bien qu'étant rapidement devenues amies avec d'autres filles. Malheureusement, nos jumelles des Abruzzes ne connurent qu'une courte phase de quiétude au cours de laquelle chacune des deux était parvenue à se rattraper sur ses notes et ses acquis scolaires. A partir du mois de Janvier, une nouvelle élève arriva dans le pensionnat. Elle s'appelait Roberta et était âgée de dix-sept ans. Elle n'était pas très grande et avait les cheveux noirs ébène et les yeux sombres couverts de lunettes carrées lui donnant un air de supériorité. Au premier abord, cette fille ne présenta aucun problème particulier et elle s'était même liée d'amitié avec les jumelles. Jusque là, les choses se déroulèrent à peu près bien. C'est après que la folie apparut. Tout d'abord, Roberta commença par se montrer autoritaire avec ses camarades, allant jusqu'à manifester un comportement désagréable, presque agressif. Ses paroles n'étaient plus celles qu'elle avait dévoilées le jour de son arrivée. Aucune des filles de sa chambrée ne comprit ce changement de comportement, à commencer par Giulia et Paola. Ces variations prirent une certaine ampleur le jour où Roberta commença par accuser une des filles, Elisa, de mal nettoyer la chambre. La jeune fille tenta de se défendre tant bien que mal, mais en vain. L'étrange et furibonde Roberta réussit à la faire renvoyer du pensionnat ; personne ne comprit pourquoi. Les jumelles, elles, essayèrent de faire comme si de rien n'était, mais la situation leur paraissait vraiment exagérée et étrange, pour ne pas dire démesurée. Un soir, après s'être assurées que personne ne les entendrait, les deux sœurs se retrouvèrent entre elles pour discuter au fond de la chambre. Elles finirent par réaliser qu'elles ne connaissaient pas vraiment Roberta, du moins très peu. Cette dernière leur avait dit qu'elle résidait dans la province de Varèse en Lombardie mais rien de plus concernant sa famille et son enfance. Bien entendu, l'histoire et les phénomènes ne s'arrêtèrent pas là.

Une nuit, Paola souffrait de maux de ventre et elle voulut aller en direction de la salle de bain commune et des toilettes. Lorsqu'elle entra, elle s'arrêta net car au fond de la salle se trouvait Roberta et celle-ci se cognait nerveusement la tête contre le mur à côté d'un des lavabos. Paola n'en crut pas ses yeux. Sur le moment, elle ne savait pas ce qu'elle devait faire et c'est alors que ses maux de ventre devinrent plus forts. Elle entra discrètement dans l'une des cabines. La tête de Roberta se cognait toujours contre le mur et Paola ne cachait pas son angoisse. Elle se dépêcha de sortir des toilettes et se mit à courir précipitamment en direction de la chambre. Dès le lendemain, elle s'empressa de tout raconter à sa sœur qui avait ressenti aussitôt l'anxiété de Paola. Lorsque sa jumelle eut fini, Giulia ne savait plus quoi penser ni quoi dire. Elle finit par en conclure que Roberta souffrait d'un trouble mental car au fur et à mesure des jours, elle voulait tout gérer, tout contrôler, jusqu'à dire un autre soir à Giulia qu'elle lui était supérieure et que si Giulia la contredisait, un malheur lui arriverait. Giulia n'avait pas insisté mais ces paroles vides de sens l'avaient achevée. Les larmes lui étaient alors montées aux yeux et la jeune fille, pour ne pas être vue de l'autre folle, les avaient laissé couler en silence. Elle sortit de la chambre et alla dans la salle de bain. A ce moment là, sa sœur se lavait les mains et lorsqu'elle vit ses larmes, elle lui demanda ce qu'il n'allait pas. Giulia lui expliqua tout et les jumelles vinrent à être d'accord sur le fait que Roberta avait un sérieux problème et qu'elles devaient en parler de toute urgence à la directrice du pensionnat. A la fin du mois de février, les frangines réussirent à voir la directrice en lui expliquant tous les faits et gestes de Roberta. La directrice décréta alors que la folle serait renvoyée dans la semaine. Ceci arriva bel et bien et Roberta dût partir. Le jour de son départ, alors qu'elle allait quitter définitivement la chambre, Roberta leur dit une dernière phrase qui leur glaça le sang et ce fut celle-ci: «on se reverra les filles». Mais trop contentes de ne plus la voir dans leur chambrée, Paola et Giulia oublièrent rapidement ces dernières paroles. Les filles continuèrent leurs deux dernières années dans ce pensionnat et ne connurent plus jamais ce genre de situations.

Onze ans plus tard, les jumelles âgées de vingt-six ans, faisaient leurs vies chacune de leur côté. Paola vivait à Florence et Giulia à Padoue. Un soir, Giulia, inquiète, était revenue du commissariat car sa sœur était injoignable depuis trois bonnes semaines. Une fois rentrée dans son appartement, elle fit les cent pas. Elle ne souhaitait qu'une seule chose: avoir des nouvelles de sa sœur, sa moitié, son alter-ego. Elle tenta de se calmer et s'assit un moment sur le canapé. Soudain, on toqua à la porte. Giulia s'y dirigea avec frénésie et l'ouvrit. Une jeune fille brune avec des lunettes carrées se trouvait devant elle. Roberta. La folle. La fille que les jumelles n'avaient jamais pu oublier. Celle-ci lui dit: «Bonsoir Giulia. A présent, c'est ton tour.» Puis elle brandit un poignard et frappa.

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