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Ces années de collège et de lycée furent, finalement, assez agréables. Nous avions toujours des activités de loisirs. J’en ai profité, même si j’étais souvent vissé au clavier. Les animateurs, éducateurs et encadrants, étaient bienveillants, très soucieux de nous, parfois paternels.

Notre petit noyau nous protégeait des bâtards et des pervers qui formaient le gros des autres. Ceux qui ne sombraient pas dans leurs conneries crasses viraient dans la religion la plus radicale et obscure. Nombreux étaient ceux d’origine musulmane, ou qui croyaient l'être. Ils s’obligeaient à faire ramadan tous les jours, ou des trucs équivalents, avec comme avantage pour nous que ça les calmait !

Les dernières années furent les plus belles, car nous devenions de jeunes adultes. Elles furent aussi les plus angoissantes. Ce système, qui prenait soin des orphelins avec tant de bienveillance, de gentillesse, vous mettait à la porte à dix-huit ans, à votre majorité légale. À cet âge, nous restions des mineurs, des assistés pour tout, des minables perdus. Malgré l’aide des éducateurs, vous vous retrouviez éjecté dans un monde que vous ne connaissiez pas, qui ne voulait pas de vous. On vous délivrait des conseils pour réaliser les démarches et obtenir des allocations, mais vous étiez parachuté en terrain inconnu, hostile, isolé, sans les codes, sans l’autonomie. C’était fini ! Quel massacre après ces années protégées ! Ainsi apparaissait une armée de paumés, sans domicile, sans travail, qui dérivaient invariablement. Ceux avec une tête fragile dévissaient immédiatement en glissant dans la délinquance ou la mendicité. Des « bons à rien », de la graine de taulards, puisque seule la prison leur permettait de rejoindre une structure rassurante.

Jo, le plus âgé, nous quitta le premier. Notre famille éclatait. Nous allions disparaitre les uns après les autres, chassés de ce paradis aux recoins d’enfer. Nous le redoutions, mais quel choc !

Il avait un bac pro en mécanique et trouva du boulot dans un garage, à proximité. Il avait également déniché une chambre, mais la solitude lui était insupportable. Pour la première fois de sa vie, il se sentait vraiment abandonné. Il venait nous voir tous les weekends.

Alex et Tim partirent l’année d’après, eux aussi avec un travail. Ils étaient plus loin, mais ils revenaient régulièrement, nous étions leur vrai foyer. Leurs sourires en arrivant montraient tellement leur détresse.

Leurs réactions m’inquiétaient : allais-je être capable de survivre sans eux, sans Tidiane ? Un an avant, je commençais à serrer les dents.

Malgré cela, la séparation avec Tidiane fut dure, très dure, pour moi, pour lui.

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