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Le train roulait vite. J’avais ma petite valise, mon magnifique portable et mon inquiétude. Je voulais arriver deux jours avant la rentrée, pour prendre mes repères.

Tout était organisé. J'avais trouvé une chambre dans la cité. Une chambre individuelle : je ne connaissais pas ! Un lit, un bureau, une armoire. Il n'y avait rien de trop, mais je n’avais jamais eu le trop. Le restaurant universitaire était dégueulasse. Je découvrais qu’on pouvait servir de la merde avec mépris. J’étais habitué à une cuisine de qualité à la Maison et aux cantines acceptables du collège et du lycée. Les premiers repas, comme j’étais seul, je descendais avec un livre. Cela m'extrayait de cette salle immense aux odeurs de soupes rances collées aux murs et d'une télé mal réglée qui clignotait des images d’actualités.

Ce fut ce livre qui me valut ma première rencontre. Je ne sais pas si c’est parce qu’il fut le premier à m’aborder, mais Thomas devint mon grand ami, avec sa haute taille, sa mise douteuse, son sourire à vous éblouir sous une tignasse en harmonie avec sa tenue. J’apprendrais très vite qu’il ne vivait que pour la grimpe, la Montagne, avec un grand M. Plus tard, je le verrai à l’œuvre, ses muscles le faisant voler sur la paroi de la résidence. Pour l’instant, après m’avoir demandé, il se posait à côté de moi et commençait par un interrogatoire poussé. Je n’avais parlé à personne depuis deux jours. Il était si avenant que je m'ouvrais librement de ma situation, confessant mon ignorance de cette nouvelle vie. Lui-même était en fac d’économie, depuis un an. Ses potes n’étaient pas encore arrivés et il se proposait de jouer le guide. D’emblée, je me remis entre ses mains.

La rentrée et la vie de cet IUT ne m’apportèrent que de bonnes choses. La cité U offrait toutes sortes de possibilités. Mes camarades étaient forcément des geeks, à des degrés divers. Les premiers jours, ce furent de petites joutes pour se jauger, chacun étalant ses exploits, réels ou rêvés. Je restais discret, plus à l’écoute de ces jeunes coqs ébouriffant leurs plumes en exhibant leurs ergots. Je constatais que nous étions trois dans la même retenue. Nous fîmes connaissance, loin des fanfaronneurs, nous découvrant des préoccupations et des activités assez analogues. Pour la première fois, je voyais mes semblables et non un pseudo. Robin et David. Nous étions différents et similaires.

Robin était également un enfant délaissé. Ses parents avaient chacun un poste de dirigeant, ne pensaient qu'à leur travail, se désintéressant parfaitement de leur progéniture.

Il agissait par anarchisme, rêvant de déstabiliser ce système dont il souffrait et profitait. J’ai appris ainsi la politique, car il m’expliquait la motivation de ses engagements, cherchant à justifier sa hargne. Moi, je n’étais en guerre contre rien de spécial, j'en voulais uniquement au monde entier. Nous nous entendions bien. Avant, j’accompagnais des actions pour m’amuser, tester notre puissance. Maintenant, je réfléchissais aux cibles, en accord total avec ses analyses.

Robin et Anna, sa sœur, disposaient de tout dans un gâchis de luxe, sauf de la présence, ou de l’intérêt, de leurs géniteurs. Il ne vivait que par son écran. Anna ne vivait que par ses aventures sexuelles. Je ferai tout de suite sa connaissance. Elle me fera tourner la tête, me prendra mon pucelage. Cette première fois fut délicieuse, car elle me laissa croire que je dirigeais les choses et que c’était aussi sa première fois. Son frère m’étala avec dédain et mots crus les frasques de sa sœur, se moquant gentiment de ma naïveté. Anna était une fille facile, mais son offrande était totale, comme son abandon, l'ouverture reflétant sans doute la souffrance. La simplicité m’incitait à la voir souvent, avec toujours cette touchante comédie de la première fois, apportant une fraîcheur et une sincérité étonnante. Je la remerciais quand nous nous relâchions. Je la comprenais, câlinant autant son âme que son sexe. Elle me qualifiait d'amant exceptionnel, alors que je ne faisais que prendre un peu soin d’elle.

Petit à petit, elle me livra des bribes de sa vie, de ce besoin jamais assouvi. Au lycée, méprisant sa réputation, elle avait conquis tous les garçons de sa classe, y compris les hésitants sur leur sexualité . Elle avait essayé avec des filles, c’était bien, mais il manquait ce pieu sur lequel elle s’empalait.

Sa fringale la faisait monter vite, alors elle réclamait de longs préalables qui s’avéraient délicieux. Chaque partie du corps pouvait servir son érotisme. Cette phase était fabuleuse, la retenue se transformait en tour de force. Une fois pénétrée, elle était la maitresse absolue, dans des positions d’une variété infinie. J'acceptais avec un immense plaisir de devenir son objet, dont elle prenait grand soin, le travaillant et le menant pour que nos jouissances éclatent en même temps. Elle rejetait la moindre protection : elle recherchait l’entièreté des sensations. Enivré par ces folies, je n'ai jamais pensé aux conséquences possibles...

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